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Les "compétences sociales" sont essentielles pour la réussite scolaire, mais l'école sait-elle, peut-elle les enseigner ? (dossier de l'IFE)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 30 janvier 2018.

"Les compétences engendrent les compétences", et c'est vrai aussi pour "les compétences dites sociales ou transversales" auxquelles est consacré le dernier dossier de veille de l'IFE. L'auteure, Marie Gaussel, interroge d'ailleurs la notion de compétence, "qui reste un objet obscur pour les chercheur.e.s comme pour les praticien.ne.s." et plus encore ces "soft skills", "c’est-à-dire un ensemble de compétences qui se rapporte davantage à un savoir-être et moins à un savoir théorique". Or ces compétences sociales, "souvent valorisées dans le monde du travail, peinent à être reconnues au sein de l’école".

D'ailleurs, le peuvent-elles ? Ce qui est jugé, c'est la performance : "La compétence elle-même, c’est le pouvoir qu’on suppose être à l’origine de cette performance, qu’on situe au sein du sujet qui l’a accomplie, mais dont on ne sait rien dire. La compétence est toujours le résultat d’une inférence à partir de la performance."

Apprendre à être attentif

Et pourtant, ces compétences sont bien présentes dans notre système scolaire. "La connaissance et la maitrise des émotions permettraient aux enseignant.e.s et aux élèves de réguler les relations intrapersonnelles et interpersonnelles", qu'il s'agisse de "comprendre ses émotions" de "gérer les conflits", de "travailler en équipe" ou de "comprendre les émotions d’autrui". De plus, "le sentiment d’efficacité personnelle, parfois confondu avec le sentiment de compétence, fait référence au jugement qu’un individu porte sur sa capacité d’agir efficacement sur son environnement et de réussir les tâches auxquelles il est confronté". C'est pourquoi "les préoccupations des apprenant.e.s à propos de leur réussite scolaire concernent tout autant les aspects sociaux que purement disciplinaires, comme le fait d’être accepté.e et reconnu.e par ses pairs, de savoir coopérer avec les enseignant.e.s et de respecter les règles de vie".

A l'inverse, certains élèves "présentent un niveau de perception de leurs compétences inférieur à celui rapporté par leurs pairs" et cette "illusion d’incompétence" engendre "le découragement, la non-persévérance, la perte de motivation, l’anxiété face à l’évaluation, l’ennui face aux apprentissages des matières scolaires et une moindre envie de participer en classe, une absence de plaisir, de fierté et de satisfaction de soi".

 Les compétences sociales des élèves sont donc bien "essentielles pour les performances scolaires" : "un.e enfant qui a appris à être attentif.ve développera d’autres compétences cognitives, notamment en classe, à partir de sa propension à être attentif.ve.".

 Apprendre à vivre ensemble

Mais il faut aussi voir qu' "apprendre à 'vivre ensemble' est considéré comme l’un des apprentissages prioritaires de l’école élémentaire et reste une préoccupation en toile de fond tout le long de la période de scolarité (...) Apprendre les règles de comportement en société est considéré par l’opinion publique non seulement comme un enjeu fondamental de la scolarité mais aussi comme un moyen de s’enrichir sur le plan intellectuel et social (...) L’école est chargée de former les élèves aux éléments de socialisation de base autrefois confiées à la famille comme le contrôle de soi, l’assimilation des normes et des codes indispensables à la vie en société."

Mais "est-ce vraiment à l’école qu’on apprend à gérer des situations complexes" ? L'auteure cite en conclusion François Dubet pour qui "il n’est pas raisonnable de demander à l’école d’être la seule agence de distribution des individus dans la structure sociale. Réfléchir sur ce qui se passe après l’école est devenu primordial et il serait peut-être utile de développer des processus d’éducation et de formation non scolaires, post ou parascolaires, afin de sortir de cette chape de plomb, qui en donnant à l’école le monopole de la définition du mérite, condamne à vie un enfant de 17 ans parce qu’il n’a pas de bons résultats scolaires."

"À l’école des compétences sociales". Marie Gaussel, dossier de veille de l’IFÉ, n° 121 (ici)

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