Un collège de Dordogne divise par 4 les devoirs non faits et obtient le "Prix national de la qualité et de l'excellence opérationnelle"
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 30 janvier 2018.
Le collège Plaisance, situé à Lanouaille en Dordogne , a remporté, ce lundi 29 janvier 2018, l'un des cinq "Prix nationaux de la qualité et de l'excellence opérationnelle" dans la catégorie éducation attribués par l'Association France qualité performance (AFQP, dite France Qualité), la Direction générale des entreprises (DGE), et le MEDEF. Cet établissement, le plus petit des 38 collèges de ce département (147 élèves et 33 salariés dont 17 enseignants), a été récompensé pour avoir développé un "cadre positif de vie et d'étude", en impliquant toutes les parties prenantes dans la réussite des apprentissages, enseignants, direction, vie scolaire, AED (assistants d'éducation), mais aussi élèves et parents. L'établissement indique avoir divisé notamment, par ce biais, le nombre de devoirs non faits par 4, entre septembre et décembre 2017. Parmi les actions mises en œuvre, figurent le développement des liens entre enseignants et vie scolaire via des cahiers de suivi, la réorganisation de l'étude pour fonctionner en îlots, la mise en place de conseils de coopération en 6e, durant lesquels, tous les 15 jours, les élèves s'attribuent des "récompenses" pour le comportement et les compétences sociales qu'ils ont développés.
Le projet a été imaginé sur la base d'un constat partagé par les enseignants, la direction et la vie scolaire, d'une "insuffisance d'échanges et d'absence de vision commune pour l'accompagnement des élèves", indique la principale de l'établissement, Céline Boudy, alors même que cet établissement accueille une forte proportion d'élèves de CSP défavorisées (proportion qui était supérieure de 19 points à la moyenne académique en 2016). Étaient également constatés que "beaucoup d'élèves ne faisaient pas leur travaux", ainsi que l'absence de retours sur le suivi effectué par les parents sur le travail de leurs enfants (mots signés) ou encore leurs notes via l'accès à Pronote. L'établissement a d'abord fait le choix, pour la rentrée 2017, de ne pas renouveler les AED précédemment en poste et d'en recruter 4 autres, "novices" dans cette fonction, et qui ont été choisis parce qu'ils adhéraient aux principes de "respect, bienveillance et coopération" et donc à une "approche positive" des élèves. Ils ont également été formés à développer du lien, que ce soit dans le cadre du fonctionnement de l'établissement (vie scolaire, étude...) ou en vue d'animer des ateliers ou des clubs.
L'étude repensée pour travailler en îlots et choisir son activité
L'établissement a ensuite repensé l'espace de l'étude dans une ancienne salle de réunion, afin que les élèves puissent travailler en îlots, donc en groupe. Un AED, qui ne dispose pas d'un bureau mais circule sur ces îlots, fait recenser, au tableau par deux élèves à chaque début d'étude, l'ensemble des travaux prévus pour la classe. Des groupes se forment ensuite en fonction des devoirs et activités qu'ils souhaitent aborder. Trois autres pôles ont été mis en place dans cette salle : un pôle de recherche documentaire, un pôle atelier-loisirs et un pôle dédié au FSE (ou foyer) donc à la détente. Une diversité de pôles nécessaires car, constate encore la principale, "lorsque l'on imposait l'activité, ceux qui ne voulaient pas travailler perturbaient le travail des autres".
Tous les élèves sont concernés par ces temps d'études, en fonction des plages laissées libres dans leurs emplois du temps. Sur ces temps, des enseignants volontaires travaillent également à former des tuteurs, des élèves de 4e ou 3e, qui peuvent accompagner des élèves plus jeunes. "Être responsabilisés les implique davantage", observe Céline Boudy. "En outre, cela permet de réactiver des notions chez les tuteurs." Des fiches doivent être élaborées pour définir leurs missions et ces tutorats seront valorisés dans les bulletins.
Le collège a également mis en place des cahiers de suivi dans chacune des 7 classes, dans lesquels sont consignés les comportements des élèves lors de l'étude, leurs engagements…, cahiers qui sont ensuite utilisés lors des rendez-vous avec les familles "afin de se baser sur des faits concrets". En parallèle, le collège a aussi mis en place "un fil de discussion en ligne", partagé par les enseignants, qui listent les devoirs donnés, et la vie scolaire, chargée de son côté de relancer les parents chaque fois que n'est pas signé le mot concernant leur enfant.
Auto-régulation des comportements par les élèves qui s'attribuent des "ceintures de compétences"
Enfin, des conseils de coopération ont été mis en place depuis la rentrée dernière dans les deux classes de 6e de l'établissement afin de promouvoir la "communication non violente". Réunis tous les 15 jours sous l'animation de chaque professeur principal, les élèves jugent les compétences sociales et de savoir-être (respect, entraide, etc.) qu'ont acquis leurs pairs et décernent, ou retirent, des "ceintures" de couleur, comme au judo, en fonction des comportements qui ont été observés. "Une instance d'auto-régulation" qui a des effets déjà "bénéfiques", selon la principale, "au niveau du climat scolaire, de l'engagement des élèves" ou encore lorsqu'ils sont amenés à "faire de la médiation entre eux, puisqu'ils sont capables de mieux verbaliser leur situation." Ces conseils, "s'ils sont concluants", ont vocation à s'étendre progressivement à tous les niveaux.
Et en parallèle, le collège propose aussi des ateliers de relaxation et pour travailler sur l'estime de soi, ainsi que des ateliers pour travailler la mémorisation.
Ces nouvelles mesures ont été inscrites dans un projet baptisé "bienveillance et coopération entre élèves", projet qui a été retenu parmi les projets "innovants" par la CARDIE (Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation). Il a bénéficié à ce titre de 0,5 IMP (indemnité pour mission particulière), soit environ 600 euros pour rémunérer les personnels qui s'investissent, et de 180 euros dédiés à l'achat de ressources documentaires en lien avec les projets développés.
Ces mesures doivent faire l'objet d'une évaluation en fin d'année, via des questionnaires, à l'instar de celle que le CVC (Conseil de la vie collégienne) avait organisée pour sonder la qualité de vie des élèves, dans et hors établissements. Cette année, des questionnaires seront également adressés aux parents.
Diminution des heures de retenues et du nombre de travaux non-faits entre septembre et décembre
Le collège signale que, depuis la rentrée 2017, aucune heure de retenue n'a été donnée contre 15 à 20 l'an dernier sur la même période, que le nombre de travaux non faits a été divisé par 4 (28 "observations" en septembre 2017 contre 7 en décembre) et que les mots de décembre "ont tous été vus par les parents".
Dans son contrat d'objectifs signé en juin 2017, l'établissement a inscrit parmi les objectifs à atteindre dans les 5 ans à venir, l'augmentation de la validation des compétences en fin d'année, du taux de réussite au DNB (diplôme national du brevet) et surtout la réduction de l'écart observé entre le taux de réussite des élèves de CSP+ et les plus défavorisés. En 2015, le taux de réussite des élèves issus de CSP défavorisées s'élevait à 73,3 % et présentait un écart de 13,9 % avec les CSP+. L'an passé, il est passé à 77,8 %, réduisant l'écart à 7 points. Cette année, l'établissement vise un taux de réussite pour ces élèves de 85,5 % et souhaite ramener l'écart à 6,9 points. L'an prochain, le taux visé sera de 80 %, un "taux cohérent" avec le profil des élèves qui passeront le brevet, car, explique la principale, il concernera les élèves de 6e entrés dans l'établissement l'an passé, classes qui comptaient 23 % d'élèves comptabilisant déjà une année de retard, un taux "record" dans le département.
Le 18 janvier 2018 à Limoges, le collège avait reçu également le "Prix Bonnes Pratiques Nouvelle Aquitaine" de l'AFQP.
Camille Pons