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Droit de retrait, grèves et débrayages au lycée Gallieni à Toulouse : l'inspection générale doit livrer un rapport de situation cette semaine

Paru dans Scolaire le mardi 23 janvier 2018.

C'est ce mardi 23 janvier 2018 que le rapport de situation concernant le lycée Gallieni à Toulouse doit être remis au ministre de l'Éducation nationale par les deux inspecteurs généraux missionnés vendredi dernier suite à une mobilisation des personnels entamée dès le mois de décembre pour dénoncer des actes de violence et des situations "ingérables" au sein de l'établissement, indique à ToutEduc un membre de ce collectif. "Notre espoir, c'est la façon dont le ministère va se saisir du dossier", précise encore cet enseignant de mathématiques, également secrétaire départemental du SGEN-CFDT 31, Fabian Berges. Donc les recommandations à venir de cette délégation, missionnée sur place après que la sénatrice de Haute-Garonne Brigitte Micouleau (Les Républicains) a interpellé le sénat sur cette question, représentent "l'espoir" pour 80 des 130 enseignants mobilisés dans des actions de grèves, de débrayage et de retrait, entamées suite "à une semaine très tendue" : des bagarres avaient éclaté, des élèves avaient été mordus, des menaces proférées et même une tentative de kidnapping effectuée sur une jeune fille par des jeunes extérieurs au lycée et avortée grâce à l'intervention de deux assistants d'éducation (AED). Avec une reprise des actions dès le 9 janvier 2018, le collectif totalise quelque 6 jours de grève, auxquels s'ajoutent plusieurs débrayages d'un quart d'heure.

Ces actions ont suscité la tenue de plusieurs réunions avec le DASEN et des représentants du cabinet de la rectrice, dont une, hier soir, lundi 22 janvier, en présence d'une vingtaine de personnes, représentant les élus au conseil d'administration : parents, élèves, enseignants, direction. Cette réunion n'a toujours pas donné satisfaction au collectif qui réclame notamment "une dotation supplémentaire et pérenne de moyens" avec "5 postes d'AED et 10 postes spécifiques pour mieux insérer les élèves en rupture scolaire et sociale". À ce jour, le DASEN leur aurait promis un poste d'AED provisoire jusqu'aux vacances de printemps, 2,5 postes "définitifs" pour la rentrée prochaine, auxquels s'ajouterait un demi-poste de CPE stagiaire. Ce à quoi s'ajoute la mise en place par le rectorat d'une équipe mobile de sécurité alors que l'établissement a dû faire face à 5 départs de feu volontaires depuis le début du mouvement, dont une le jour de la visite des inspecteurs généraux, ainsi que l'achat par la Région de 36 caméras de vidéosurveillance.

Demande d'ouverture de deux classes-relais

"Des mesures non pérennes et qui ne nous permettront pas de stabiliser la situation", résume néanmoins Jérémy Soulier, enseignant d'anglais. Ces postes s'ajouteraient aux 13 AED actuels, déjà insuffisants, selon le collectif, alors qu'un "grand nombre" d'entre eux est affecté à la cafétéria ou encore à la vie scolaire, dans un établissement qui se répartit sur 11 hectares et où la circulation est "compliquée", décrit encore Fabian Berges.

Le collectif réclame aussi "un travail sur le recrutement des élèves" (en étendant notamment le recrutement dérogatoire pour les 5 filières les plus problématiques "afin de s'assurer de la motivation des élèves et d'assurer la mixité dans chacune de ces filières"), constat étant que beaucoup subissent leur orientation et se "retrouvent dans des classes où ils n'ont pas du tout envie d'être".

Il demande également l'ouverture de deux classes-relais. Celles-ci pourraient constituer "un sas pour une quarantaine de jeunes en rupture scolaire et sociale et à qui l'on a besoin de redonner des codes pour réinvestir la société", estime Fabian Berges. Dans cet établissement qui compte 950 élèves, "20 %" des élèves seraient "problématiques", selon les estimations données par Fabian Berges et 10 élèves d'une classe de 30 seraient par ailleurs suivis par la PJJ. L'établissement compte par ailleurs plus de 47 000 euros de dégâts par an (des portes et toilettes cassées, des extincteurs vidés, etc.).

Bénéficier d'un dispositif similaire à celui d'un établissement classé en éducation prioritaire

Enfin, le collectif souhaiterait bénéficier d'un régime similaire à celui d'un établissement classé en éducation prioritaire. "Nous avons demandé à être classé dans la politique de la ville mais il nous a été répondu que cela n'était pas possible et qu'il fallait attendre encore deux ans, le temps que la réflexion soit menée pour l'intégration des lycées en éducation prioritaire", regrette encore Fabian Berges. "Nous avons l'impression que l'académie ne mesure pas l'urgence et que nous menons un dialogue de sourds ! Attendre deux ans, on ne peut pas, c'est tous les jours que nous vivons l'éducation prioritaire. Nous voulons un nouveau lycée au service de la réussite des élèves !" Le rectorat, contacté par ToutEduc, n'a à ce jour, pas donné d'éléments de réponses concernant les décisions prises pour l'établissement.

Aujourd'hui, le collectif attend donc beaucoup des recommandations qui pourraient être faites par la mission de l'inspection générale et qui pourraient peut-être "influer sur la dotation globale horaire de l'établissement ou sur d'autres mesures", imagine Fabian Berges, alors que le collectif dénonce l'aberration d'une dotation basée sur les effectifs. Si les inspecteurs n'ont pas fait part de leurs observations, ces derniers se sont dits "surpris", rapporte l'enseignant, "des visions très convergentes" données par les parties présentes. "Il ne se passe rien", dénoncent encore les membres du collectif qui ont également lancé une pétition en ligne, "Halte à la souffrance !", qui a recueilli à ce jour plus de 8500 signatures (ici).

Dans des communiqués en date du 19 janvier, la présidente de la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée et le SNETAA-FO appelaient l'État à donner les moyens de restaurer "un climat serein" et de bonnes conditions d'études et de travail. La députée de l'Hérault Emmanuelle Ménard avait également interpellé la semaine dernière Jean-Michel Blanquer sur la situation du lycée Gallieni et sur la solution qu'il pourrait trouver "pour redonner envie aux professeurs d'exercer leur métier et, par conséquent, lutter contre la pénurie d'enseignants en France". Le ministre, pour qui "la crise du lycée Gallieni de Toulouse pose une question plus générale sur le climat scolaire", avait affirmé qu'un "soutien se manifestera[it] dans tous les cas concrets où les professeurs se sentir[aie]nt isolés face à des phénomènes de violence et de négation des valeurs de la République, qui sont au centre de l'école". Le ministre a de plus douté que certains élèves soient "fichés S". Le DASEN a de son côté programmé une autre réunion au lycée ce mercredi 24 janvier.

Le blog du collectif Gallieni ici

Camille Pons

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