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Enseignement technologique et professionnel : les transitions numérique et environnementale révolutionnent les métiers du BTP.

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 04 janvier 2018.

Lors d'un colloque sur l’emploi des jeunes dans le BTP organisé l'automne dernier à l’ESITC - l’Ecole supérieure d’ingénieurs des travaux de la construction - de Caen, Denis Rolland, recteur des académies de Caen et de  Rouen, a annoncé la création à la prochaine rentrée scolaire d’une classe préparatoire ATS (adaptation technicien supérieur - en un an, spécialisée génie civil et génie électrique. Cette année supplémentaire doit permettre aux élèves de bacs professionnels entrés en BTS de poursuivre comme leurs camarades issus des bacs technologiques STI2D - Sciences et Technologies de l’Industrie et du Développement Durable -  leurs études en école d’ingénieurs .

"Finalement dans l’entreprise, on a besoin de gens formés différemment , avec des savoir-faire différents si on veut que la France continue à être créatrice", estime Denis Rolland dans cet entretien réalisé à cette occasion.

Patrick Dairain, proviseur du Lycée Laplace de Caen , qui propose la filière technologique STI2D architecture et construction à des élèves qui poursuivent leur cursus dans les six BTS de l’établissement ou en DUT était également présent, accompagné par quelques lycéens de l’établissement .

Les meilleurs d’entre eux postulent pour les classes préparatoires TSI (technologie et sciences industrielles ). A l'issue de ces prépas, les élèves bénéficient d'épreuves qui leur sont propres et se voient attribuer un quota de places dans les écoles d'ingénieurs. Ils ont donc des réelles chances d'en intégrer une.

Forte demande des grandes Entreprises  

Dans un contexte mondial d’amélioration des économies, le secteur du BTP renoue avec une explosion de la demande. Le vieillissement de la population et les défis des transitions numérique, environnementale, et énergétique qui se présentent appellent à un renouvellement progressif des cadres de ce secteur où les entreprises ont des besoins croissants.

Les perspectives de grands travaux comme la ligne Lyon Turin et le tunnel sous les Alpes, le canal Seine Nord, le projet du grand Paris dopent la demande d’ingénieurs et de cadres. En 2018 avec le plan du grand Paris 450 emplois d’ingénieurs seront créés. Les chantiers de construction de 200 km de lignes de métros et 68 nouvelles gares vont créer au total quelque 18 000 emplois dans le BTP. Pour Xavier Mony, directeur général adjoint du pôle Eiffage Génie civil, 450 emplois de cadres sont recrutés par milliard de budget. Mais "on est en retard sur le numérique",  regrette-t-il.

Pour Philippe Gruat président de l’ESITC (école supérieure des ingénieurs des travaux de la construction)-Caen , "les besoins sont importants d’un point de vue quantitatif mais aussi qualitatif du fait de la technicité croissante des chantiers, de l'arrivée du BIM - maquette numérique- et des contraintes environnementales normatives".

"Les écoles d'ingénieurs doivent  plus que jamais anticiper et ajuster leurs contenus académiques à un 'nouveau monde' où le numérique change la donne pour les industriels. Le secteur du bâtiment et des travaux publics n’échappe pas à cette révolution."

Le Building Information Modeling révolutionne le BTP

Trois lettres sont au cœur de cette révolution : le BIM, acronyme de l’anglais  Building Information Modeling, et dont la traduction par "Modélisation des Données du Bâtiment" ne suffit pas à définir la réalité de l’outil et des méthodes qui impactent l’ensemble de tous les métiers du bâtiment et des infrastructures .

Il s’agit en fait de méthodes de travail et d’une maquette numérique paramétrique 3D qui contient toutes les données intelligentes et structurées d’un bâtiment ou d’une infrastructure. Chaque corps d'état intervient sur cette maquette pour mettre en place ses ouvrages. Le partage de toutes ces données et la représentation digitale de toutes les caractéristiques physiques et fonctionnelles de l’édifice permettent une collaboration intelligente de tous les intervenants. Tous les acteurs doivent donc être formés dans un contexte de forte demande

Mais la révolution pour Hervé Halbout, formateur et consultant en SIG (système d’information géographique) et en 3D/BIM/maquette numérique n’est pas uniquement technologique. "Les usages ne sont pas encore au même niveau que les outils : il faut que les usages tirent les outils. Heureusement les jeunes ont déjà un bagage technologique fort parce qu’ils ont fait du jeu vidéo, parce qu’ils manipulent les smartphones..."

Cela nécessite aussi des compétences en termes de partage, d’horizontalité, de collaboration, de réseau, d’innovation ... et ajoute Hervé Halbout, de transversalité. Le processus engagé est inéluctable : avec le numérique les métiers du bâtiment qui travaillaient de manière juxtaposée  vont devoir apprendre à travailler ensemble. L’efficacité suppose l’intelligence collective.

Claude Tran

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