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Enseignement agricole : une filière plus jeune, plus féminine et moins orientée vers la production agricole (ministère)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 27 décembre 2017.

Des effectifs en augmentation de près de 70 % depuis quarante ans, constitués pour moitié de filles, d'une majorité d'enfants d'ouvriers et d'employés alors que les enfants d'agriculteurs constituaient plus de 40 % des effectifs trente ans plus tôt : en quelques décennies, le profil des lycées techniques agricoles a "beaucoup évolué, d'abord en termes d'origine socioprofessionnelle des élèves". L'enseignement technique agricole a aussi beaucoup évolué en termes d'insertion, puisque celle-ci est "plus facile" que celle "observée en moyenne à l'issue de l'enseignement technique", exception faite des titulaires de CAP, et plus variée puisque ces élèves ne s'engouffrent plus majoritairement dans les métiers de la production agricole. Ces tendances, qui reflètent aussi "les évolutions de la société française", ont été mises en évidence dans une note d'analyse, publiée ce mois de décembre 2017 par le centre d'études et de prospective du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Cet état de lieux s'inscrit dans une réflexion prospective sur l'évolution à venir des métiers, qualifications et emplois liés à l'enseignement technique agricole, réflexion qui a été lancée conjointement par le centre d'études et la direction générale de l'enseignement et de la recherche, afin d'adapter le système de formation à ces changements. Le groupe de travail, constitué d'une trentaine d'experts, proposera, dans une seconde publication à venir, des scénarios pour adapter l'offre de formation à ces tendances.

À l'évolution des profils des élèves, s'ajoute une évolution des filières de formation "tout aussi notable", observe par ailleurs l'auteure de la note : si les élèves sont de moins en moins issus du secteur de la production agricole, ils en prennent aussi moins la direction, puisque de plus en plus choisissent la voie de la filière générale et technologique (1/3 des effectifs en 2015) et la majorité prépare un bac professionnel dans le secteur des services, "loin de l'image encore tenace d'un enseignement dédié aux enfants d’agriculteurs, futurs repreneurs de l'exploitation familiale". Et de fait, dans la filière professionnelle, en 2015, les services constituaient la première filière de formation de l'enseignement technique agricole en concentrant 43 % des effectifs, pour l'essentiel dans la filière SAPAT (services aux personnes et aux territoires), qui inclut aussi la préparation aux métiers de l'animation en milieu rural.

Depuis la rénovation du bac professionnel, davantage de bacheliers et de poursuites d'études

Les élèves vont aussi plus loin dans leurs études. Un impact de la rénovation de la voie professionnelle engagée en 2009, qui a d'abord conduit "à une augmentation de plus de 60 % du flux annuel de bacheliers professionnels" (ils constituent plus d'un tiers des diplômés contre un quart auparavant), puis, par voie de conséquence, à davantage de poursuites d'études. Désormais c'est une majorité des diplômés de l'enseignement technique agricole qui poursuit ses études : près des deux tiers des titulaires d'un CAP, qui poursuivent dans l'enseignement agricole, et la moitié des titulaires d'un bac pro (30 % de ces diplômés poursuivent leurs études en BTSA, soit un taux de 8 points supérieur à 2011), et une même proportion de titulaires d'un BTS, ces deux derniers niveaux préférant les formations hors enseignement agricole (secteurs de la santé ou des services).

Ces tendances se retrouvent assez logiquement dans l'insertion. Si les débouchés se concentrent aujourd'hui dans 4 secteurs, la production agricole et forestière, l'environnement, l'agroalimentaire et les services à la personne, les emplois dans l'agriculture et l'agroalimentaire ont néanmoins sensiblement reculé au cours des deux dernières décennies, alors que dans le même temps ils progressaient dans les services à la personne, dont beaucoup d'emplois sont localisés en zone rurale.

Nouvelles compétences attendues dans des secteurs qui ont perdu des emplois

Des tendances dont il faudra tenir compte dans la formation. Le secteur agricole, qui a vu le nombre de ses chefs d'exploitation divisé par 2 en 25 ans et l'emploi saisonnier se développer jusqu'à représenter aujourd'hui plus de 20 % des ETP (équivalents temps plein), ainsi que les secteurs forestiers et de la pêche, devront à la fois "susciter de nouvelles vocations auprès des jeunes", mais aussi, "faire appel à des connaissances techniques de plus en plus larges", "une compréhension globale des écosystèmes", des compétences plus affirmées en économie... L'industrie agroalimentaire, qui a également perdu des emplois (notamment chez les ouvriers non qualifiés) mais doit faire face à d'autres besoins en main d'œuvre, sera confronté au même défi : renforcer son attractivité et pouvoir accueillir des "compétences de plus en plus variées, depuis la maîtrise des process jusqu'à la compréhension et l'anticipation des attentes du consommateur".

Pas de surprise du côté des services à la personne dont on sait que la dynamique se confirmera mais qui pourraient bien "rencontrer d'importantes difficultés de recrutement au cours de la prochaine décennie", sous l'effet conjugué du vieillissement de la population, de la réduction des possibilités de prise en charge par les familles, du développement de la médecine ambulatoire et du maintien à domicile des personnes dépendantes.

Le ministère de l'Agriculture a délivré en 2015 plus de 80 000 diplômes, du CAP au BTS. À la rentrée 2016, près de 200 000 jeunes étaient inscrits dans 811 établissements (216 lycées publics, 367 maisons familiales rurales, 216 lycées agricoles privés et 12 centres médico-éducatifs). Ces élèves représentaient 2,5 % des jeunes en formation dans le second degré et le supérieur.

La note d'analyse n°109 ici

Camille Pons

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