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Portable au collège : interdire ou responsabiliser ? Et quelle politique numérique pour les départements ? (V. Nouvel, ADF)

Paru dans Scolaire le jeudi 28 décembre 2017.

Valérie Nouvel, vice-présidente de la commission "Innovation et numérique" de l'ADF (Assemblée des départements de France) trouve surprenant le projet de Jean-Michel Blanquer d’interdire le portable au collège et elle pense que "le ministre a voulu dire qu’il fallait raisonner cet usage", "qu’il n’allait pas vers une interdiction", que "c’est un raccourci qui a été fait sur sa position". Elle l'a dit le 13 décembre, à l'occasion de la présentation du livre blanc consacré aux politiques départementales sur le numérique éducatif.

 Un certain nombre de départements envisagent ou expérimentent en effet le BYOD (Bring Your Own Device), cette solution qui consiste à utiliser en classe les tablettes ou smartphones des élèves. "Il y a intérêt dans bon nombre de cas à y avoir recours, en fonction des goûts et des enseignements."

Quant au portable, elle pense que si son usage fait l'objet d'une éducation, "on serait sur quelque chose de bénéfique parce qu’on va apprendre à la fois aux collégiens à être citoyens sur l’usage et à bénéficier de tous les atouts de leur portable". Mais comment donner, "en même temps" satisfaction à ceux pour qui "son usage excessif nuit aux apprentissages" et à ces enseignants qui innovent en utilisant la puissance des microprocesseurs des smartphones personnels des élèves à des fins pédagogiques ? Faut-il interdire ou responsabiliser ? 

Pourquoi ce livre blanc ? 

On est en plein développement du collège numérique, rappelle Valérie Nouvel pour qui il y a une démarche "descendante" de l’Etat vers les départements à qui il demande de doter les élèves d’équipement sans qu'il y ait un vrai projet pédagogique en amont. C'est pourquoi l ’assemblée des départements de France a décidé de faire le point sur les politiques de chaque département dans le domaine du numérique.

Plus d’une soixantaine de collectivités ont apporté leur contribution à l’élaboration de ce livre banc qui vise à "accompagner tous les départements, qu’ils aient déjà lancé ou non des actions d’envergure, pour élaborer et comprendre ce qu’est ou sera demain le collège". Cet état des lieux ouvre un "cycle de partage des enjeux, des réflexions, de l’offre éducative numérique de demain et des facteurs clés de succès tels qu’ils émergent de l’observation des réalisations des départements".

L'optimisation des investissements

En mettant en valeur le dynamisme des départements qui "font mieux dans le domaine du numérique éducatif que les régions dans les lycées", ce livre blanc s'inscrit aussi dans une perspective d’optimisation des investissements et des coûts de fonctionnement. En effet, après avoir fait le constat de la mise en œuvre disparate de politiques fondées sur le déploiement des équipements, ils souhaitent "la mise en place d’une instance de pilotage pour conduire la nécessaire collaboration entre le département et les services de l’État". De plus, dans de nombreux endroits, le seuil critique de 50 Mbit/s n’est pas atteint : ces performances ne tiennent pas la comparaison avec celles que l’élève connaît chez lui ou avec son smartphone, et rendent encore plus aiguës les résistances au changement.

La généralisation à l’ensemble des collégiens d’un équipement individuel mobile ne pouvant s’envisager pour des raisons de soutenabilité budgétaire, les collectivités choisissent la classe mobile ou le BYOD, mais doivent garantir l'égalité d’accès au matériel, apporter des réponses aux problèmes posés par la sécurité des usages qui ne sont pas du même type selon que que les équipements sont personnels ou fournis par la collectivité, selon qu’ils sont utilisés uniquement dans l’établissement ou également au domicile des élèves...

Le livre blanc pose aussi la question de la formation, très insuffisante, des enseignants tandis que l'évolution des pédagogies pose celle de l'aménagement de la salle de classe, en "autobus" ou en "îlots". "Nous sommes prêts à cette évolution! Mais ce sont souvent des aménagements légers : c’est de la réorganisation d’espaces. On n’est pas démunis face à ces changements et cela ne remet pas en cause nos politiques d’investissement."

Claude Tran

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