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Peut-on former les futurs enseignants à la créativité et aux "compétences du 21e siècle" (ESPE de Nice)

Paru dans Scolaire le lundi 04 décembre 2017.

Les "compétences cognitives" (parfois appelées "learning skills") du 21e siècle que l’élève doit acquérir à l'école, font aujourd’hui consensus à l'international. La pensée critique, la coopération, la communication , la créativité sont au cœur “des compétences complexes essentielles au futur citoyen tant sur son lieu de travail que dans la société” afin "de pouvoir s’adapter dans un monde qui évolue sans cesse", note l'OCDE. Mais comment apprendre ces compétences à l’école et le plus tôt possible ? Les enseignants sont-ils formés pour "enseigner la créativité" Comment apprend-on à être créatif ? 

C'est la question qui s'est posée lors de la mise en place des "ateliers Canopé", que Jean Marc Merriaux, inspecteur général, ancien directeur général de Canopé décrit comme des "laboratoires des usages qui s’inventent", "des lieux de recherche, de partage et de créativité pour les enseignants”. C'est cette créativité que l’ESPE (École supérieure du professorat et de l’éducation) de Nice a décidé d’enseigner aux étudiants qui se destinent à l'enseignement, en partenariat avec la direction territoriale de Canopé et avec l’appui du LINE (laboratoire innovation et numérique pour l'éducation, unité de recherche de l'ESPE que dirige Margarida Romero, dont les travaux de recherche sur les compétences du 21e siècle a l’Universite Laval de Québec font référence). 

Le programme s’articule autour de deux axes, l’innovation pédagogique “qui est un axe de travail infini car en éducation on est toujours en train d’améliorer la recette dans un mode beta permanent", affirme Margarida Romero, et les usages créatifs du numérique qui vont permettre à l’élève de créer aussi bien au cours du processus qu’au terme de la formation.

L'équipe regroupe 6 enseignants-chercheurs et 4 enseignants-docteurs qui sont des experts disciplinaires en mathématiques, en sciences et langage, en psychopédagogie, et elle analyse quels sont les usages qui permettent de situer l’apprenant dans un processus de construction de connaissances. Les approches sont multiples : robotique pédagogique, programmation créative, fablabs.

Mais pourquoi associer recherche et praticiens du quotidien ?

"On ne peut pas avancer dans cette révolution du système éducatif sans avoir un regard sur ce qui est fait , confie Sophie Fouace, la directrice territoriale PACA du réseau Canopé. La démarche menée par le laboratoire LINE ( ..) consiste non seulement à enseigner la créativité mais également à observer l’effet sur la façon dont les futurs enseignants vont mettre en oeuvre cette créativité (...) Les nouveaux enseignants ne sont pas familiarisés avec ces nouvelles pratiques car ils ont connu un système où ils étaient dans une forme scolaire classique, verticale, avec un savoir descendan , dans une salle de classe organisée 'en autobus' ... et le fait de leur permettre de pratiquer autrement et de développer leur créativité leur fait toucher du doigt l’importance de cette évolution." Placer les étudiants en situation de créateurs les initie à des pratiques pédagogiques qu’ils peuvent mettre en oeuvre avec leurs élèves. 

Développer des compétences humaines (les soft skills)

Pour Sophie Fouace, "la créativité recouvre de multiples champs ; cela passe par la collaboration, le travail ensemble, le travail de pair à pair, avoir un regard bienveillant sur l'élève, poser des évaluations susceptibles d’encourager l'élève plutôt que de le sanctionner". L’apprentissage coopératif, l’apprentissage contextualisé dans des situations authentiques, l’apprentissage par investigations, l’apprentissage centré sur l’apprenant, l’usage maîtrisé d’outils technologiques adaptés, sont autant de démarches nécessaires à l’acquisition d’une capacité d’adaptation permettant aux élèves de devenir des apprenants autonomes.

La robotisation, l’automatisation, l’intelligence artificielle obligent à investir sur le capital humain et à développer les compétences comportementales et transversales des élèves. Pour développer ces "soft skills", l’élève - comme l’enseignant d’ailleurs - doit "trouver du plaisir à l'école", une école de la confiance où "la motivation et les émotions positives sont recherchées car elles constituent les premiers piliers de l’apprentissage".

Le site de Margarida Romero ici

Claude Tran

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