Scolaire » Revue de la presse et des sites

Freinet versus Montessori, un dossier de "Questions de classe(s)"

Paru dans Scolaire le jeudi 30 novembre 2017.

Le site "Questions de classe" propose une compilation des textes de Freinet consacrés à Maria Montessori alors que "différents articles 'grand public' se proposant de mettre en parallèle la pédagogie Freinet et la pédagogie Montessori sont, la plupart du temps, d’une indigente nullité". 

En 1923, Célestin Freinet estime "que, sans être exempte de reproches, loin de là, la méthode Montessori constitue un progrès appréciable dans l’éducation" puisque la pédagogue italienne veut "offrir le maximum de bonheur aux enfants en les élevant dans un milieu de beauté, de complète liberté et de spontanéité". Il s’interroge cependant "sur la possibilité d’utiliser la méthode dans le cadre de l’école publique et de son dénuement matériel", vu le coût du matériel Montessori. Deux ans plus tard, il s'inquiète de "la prétention scientifique de la méthode", mais aussi du "caractère figé" d'un système "breveté". 

En 1926, à l'occasion de son voyage en URSS où la méthode Montessori est mal vue, il s'inquiète du caractère gratuit du jeu auquel n'est pas associée la notion de travail. En 1930, la critique est plus sévère. "Quel que soit l’apport pédagogique de sa méthode, l’éducatrice italienne, intégrée au fascisme, asservie à l’Église ne peut pas servir l’éducation du peuple". Le "coup de gueule" de Freinet se fait encore entendre l'année suivante, quand Maria Montessori convie "les congressistes de l’Éducation nouvelle, réunis à Paris pour le 10e anniversaire du mouvement, à un gala organisé par l’ambassadeur d’Italie, représentant officiel du régime fasciste". En 1934, il dénonce "l’intransigeance et l’autoritarisme de la Dottoressa".

EN 1936, Freinet commente le dernier livre de M. Montessori. La critique n'est pas seulement politique, ni uniquement négative : "Quelles que soient les critiques que nous ferons à Mme Montessori, il n’en reste pas moins qu’elle a été une des initiatrices de la véritable révolution qui est en train de s’opérer entre enfants et adultes, entre élèves et maîtres. Mme Montessori a été la première à montrer que l’enfant, riche ou pauvre, est le paria de la société, qu’il est contraint de vivre dans un monde qui n’est ni à sa mesure ni à son rythme, et qu’un changement considérable se produit le jour où on se préoccupe de donner à l’enfant la possibilité de vivre sa vie. (...) Se mettre au service de l’enfant, l’aider à réaliser sa vie, accepter son rythme et ses modes de penser et d’agir, là réside la grande révolution qui en bouleversant les rapports scolaires, rénove radicalement la pédagogie (...) Il y a incontestablement un formidable actif dans l’apport de Mme Montessori à la pédagogie nouvelle. Du passif, certes aussi. Son matériel a été souvent critiqué comme risquant de devenir lui aussi une sorte d’asservissement de l’enfant (...) L’enfant s’absorbe dans les emboîtements Montessori comme il s’absorbe dans le Meccano. Or, sans entrer aujourd’hui dans le détail de la discussion, nous nous demandons si ce n’est pas là une dangereuse exaltation des tendances enfantines à l’automatisme manuel. (...) Dangereux automatismes aussi dans ce que Mme Montessori prend pour des conquêtes mathématiques. Savoir extraire la racine carrée, sans comprendre ! Ne vaut-il pas mieux avoir oublié, ou n’avoir jamais acquis l’automatisme mais être capable d’inventer, ou de retrouver la technique ?"

Le dossier, très riche, permet de plus de saisir la réalité des débats avec d'autres pédagogues, notamment Decroly et Ferrière (ici)

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →