Un appel SNUIPP-chercheurs-mouvements pédagogiques contre un monopole des neurosciences et sciences cognitives
Paru dans Scolaire le mardi 28 novembre 2017.
Le SNUIPP (le syndicat FSU du 1er degré) a lancé un appel qu'ont signé 56 chercheurs et représentants des mouvements pédagogiques pour demander au ministre de l'Education nationale que la recherche "irrigue la formation des enseignants", mais avec une vision pluraliste de la recherche. Ils réagissent à la décision de Jean Michel Blanquer de créer un "Conseil scientifique de l'Éducation nationale" et d'en confier la présidence à Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive, "ce qui marque une nouvelle fois la prédominance des neurosciences dans l'approche gouvernementale de l'école", alors que "la formation des enseignants doit prendre sa source dans tous les travaux si l'on veut déjouer les inégalités".
En effet, estiment les signataires, rendre l'école "plus efficace pour plus de justice et d’égalité impose de renforcer la formation initiale et continue des professeurs des écoles" afin que "la recherche éclaire leurs pratiques". Mais "aucune discipline ne peut légitimement s'imposer aux autres" et "la complexité des processus d'apprentissage suppose une coopération durable entre chercheurs et praticiens" puisque "c’est le pédagogue qui s’empare, traduit, et met en oeuvre la ressource délivrée par la recherche".
Roland Goigoux nous demande de préciser que "l'appel a été signé avant ou pendant l'université d'automne du SNUIPP", donc bien avant la nomination de Stanislas Dehaene à la présidence de ce conseil scientique, désignation "qui ne [lui] pose aucun problème". C'est en effet "la composition du comité qui sera décisive, pas sa présidence. Sera-t-elle vraiment pluraliste ?"
A noter parmi les signataire, Christian Baudelot (sociologue), Elisabeth Bautier (sciences de l'éducation), Jacques Bernardin (GFEN), Serge Boimare (psycho-pédagogue), Stéphane Bonnery (sciences de l'éducation), Rémi Brissiaud (psychologie cognitive), Sylvain Broccolichi (sociologie de l'éducation), Jean-Luc Cazaillon (CEMEA), Sylvie Cèbe (sciences de l'éducation), Roland Charnay (mathématicien), Pascal Clerc (géographe), Sylvain Connac (sciences de l'éducation), Boris Cyrulnik (neuropsychiatre), Laurence De Cock (historienne), Eric Debarbieux (sciences de l'éducation), Marc Douaire (OZP), Marie Duru-Bellat (sociologue), Agnès Florin (psychologue), Edouard Gentaz (psychologue), Roland Goigoux (sciences de l'éducation), Yves Jean (président de l'Université de Poitiers), Bernard Lahire (sociologue), Françoise Lantheaume (sciences de l'éducation), Claude Lelièvre (historien), Françoise Lorcerie (sciences politiques), Michel Lussault (géographe), Philippe Meirieu (sciences de l’éducation), Pierre Merle (sociologue), Eric Plaisance (sciences de l'éducation), Sylvie Plane (sciences du langage), Eirick Prairat (sciences de l'éducation), Patrick Rayou (sciences de l'éducation), Hélène Romano (psychopathologie), Jean-Pierre Terrail (sociologue), Marie Toullec-Théry (sciences de l'éducation), Philippe Watrelot et Jean-Michel Zakhartchouk (CRAP-Cahiers pédagogiques).