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Jean-Michel Blanquer annonce la création d'un conseil scientifique de l'Éducation nationale

Paru dans Scolaire le vendredi 24 novembre 2017.

Le ministre de l'Éducation nationale a annoncé, ce vendredi 24 novembre 2017, la création d'un conseil scientifique de l'Éducation nationale. Jean-Michel Blanquer intervenait à l'occasion du festival de l'innovation Futurapolis, organisé à Toulouse les 24 et 25 novembre 2017. Ce conseil scientifique, qui sera composé de personnalités "très reconnues" et issues de différentes disciplines scientifiques, aura un rôle "consultatif", explique le ministre. Il pourra être "saisi" pour "donner un éclairage" sur différentes questions relevant de l'éducation afin de "faire évoluer les politiques éducatives". Il sera présidé par Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France et "figure emblématique", selon le ministre, parce qu'il est l' "un des grands spécialistes reconnus en sciences cognitives [spécialiste de la psychologie cognitive expérimentale, ndlr]", domaine auquel le ministre a rappelé être très attaché. "C'est l'un des domaines qui a le plus évolué ces dernières années, notamment pour l'éducation" et "fou serait celui qui choisirait d'ignorer cette révolution !", estime-t-il.

Le fonctionnement du conseil, ainsi que la liste des membres qui doivent être choisis avec Stanislas Dehaene, seront "explicités" dans les prochaines semaines. Et une "première réunion officielle" est envisagée début janvier 2018. Il s'agit, précise Jean-Michel Blanquer, de "travailler dans un esprit d'avant-garde" et avec "une vision mondiale sur le sujet", objectif étant que "la France redevienne une référence mondiale sur le sujet de l'éducation".

Faire travailler des scientifiques afin de mettre en œuvre "des politiques fondées"

La comparaison internationale, évoquée d'ailleurs à plusieurs reprises, constitue, précise encore le ministre, l'un des "piliers" sur lesquels s'appuie sa politique. "Il faut faire de la comparaison internationale et aussi de l'accompagnement pédagogique et il est important de le faire à la lumière de ce qu'en pensent les scientifiques, afin que les débats soient plus documentés, autour de ce qui est prouvé, démontré, sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas." Et ce conseil permettra donc de "consulter les meilleurs scientifiques pour pouvoir avoir des politiques fondées".

Celui-ci pourra à la fois travailler sur du long terme, par exemple sur l'impact de l'intelligence artificielle (IA) sur l'éducation, mais aussi sur du court terme, par exemple sur l'opportunité de développer "une nouvelle approche des mathématiques à l'école primaire", ou encore "l'évaluation la plus utile et la plus pertinente".

Sur le premier sujet, Jean-Michel Blanquer estime nécessaire que la France ait "une stratégie en la matière", "pour que les élèves soient formés à ce monde dans lequel ils évoluent", pour "se doter d'acteurs importants" dans ce domaine, et parce que c'est "un sujet sur lequel [il] faut avoir du discernement, car il y a du négatif et du positif". Sur le second sujet, le ministre a évoqué les méthodes d'apprentissage des mathématiques qui ont été développées durant une dizaine d'années à Singapour et grâce auxquelles les élèves ont les meilleurs résultats dans cette discipline. Méthodes dont on pourrait, selon lui, s'inspirer, tout comme de celles développées dans des pays comme la Chine, le Danemark ou au Québec. "On peut regarder et gagner du temps, c'est l'intérêt de la comparaison internationale", poursuit le ministre qui n'appelle pas, néanmoins, nécessairement "à transposer".

Il faut développer "le sens de l'adaptation" mais aussi "une pédagogie simple et explicite"

Le ministre a été d'ailleurs interrogé sur la façon dont il voit les évolutions du système éducatif à l'heure de l'IA. Sur beaucoup de points, il s'est dit partisan de "concilier tradition et modernité" et méfiant à l'égard des affirmations susceptibles de créer des "emballements" aux "effets pervers". "On ira vers ce monde technologique", a-t-il affirmé, acquiesçant à la nécessité de développer "le sens de l'adaptation et les parcours personnalisés". Mais les enfants ont aussi besoin, selon lui, "d'être épanouis", de "savoir calculer, lire et aussi sur du papier, d'avoir l'esprit critique... et cela passe par une pédagogie simple et explicite". Certes, les élèves doivent "apprendre à apprendre", savoir prendre "du recul" par rapport à leurs propres connaissances mais ils doivent aussi "apprendre", acquérir des "savoirs fondamentaux", avoir "une culture générale" qu'il juge pour l'instant "superficielle". Pour lui, "il faut développer la capacité d'adaptation mais sur un socle solide".

Le ministre a aussi rappelé son attachement à l'expérience et à l'expérimentation qui "peuvent permettre de sortir des débats circulaires" et de "progresser à petite et moyenne échelle" puis, après évaluation, d'étendre ce qui fonctionne. Il rappelle à ce titre l'expérimentation de la mallette des parents qu'il avait conduite dans l'académie de Créteil.

Enfin, le ministre a rappelé son souhait d'encourager à l'école l'esprit Montessori, notamment dès l'école maternelle. Celle-ci, aujourd'hui en France "est assez bonne", observe-t-il, "mais elle pourrait être meilleure". Il plaide par exemple pour le développement, comme cela se fait dans ces écoles, du compagnonnage entre les enfants et le mélange des sections, "pour faire en sorte que tous les enfants se tirent vers le haut". Une idée d'autant plus pertinente, estime-t-il, qu'il est important d'apprendre le "travail en équipe" et "l'intelligence collective" et que "tout ceci se joue beaucoup à l'école maternelle et primaire", à un âge où l'individu, "qui dépend totalement dès sa naissance de ce qui va se passer avec les autres" peut être "stimulé" et "faire des progrès fantastiques".

Camille Pons

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