Scolaire

Educatec-Educatice : une formation "enseignant-créatif" à l'ESPE de Nice

Paru dans Scolaire le dimanche 19 novembre 2017.

La section territoriale PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur) du réseau Canopé, l'ESPE (École supérieure du professorat et de l'éducation) de l'académie de Nice et le laboratoire LINE (Laboratoire d'innovation et numérique pour l'éducation) qui lui est rattaché, ont initié, dès la rentrée 2017, une formation à la créativité pour les futurs enseignants. Cette initiative, pour l'instant unique en ESPE, a été présentée le jeudi 16 novembre 2017, à l'occasion du salon Educatec-Educatice qui s'est déroulé du 15 au 17 novembre 2017 à Paris. Objectif de cette formation, qui s'appuie sur les ateliers développés par Canopé autour de la scénarisation, de la conduite de projets, du co-design, de la pratique collaborative, etc., "transformer les formes scolaires à travers des défis créatifs", explique le coordinateur territorial formation de Canopé, Olivier Banus, et faire en sorte que l'enseignant "évolue" pour développer de nouveaux usages avec les outils numériques. Intégrée aux modules TICE communs à tous les parcours des masters MEEF (Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation), cette formation expérimentale "enseignant-créatif" concerne, dès cette année, 600 futurs enseignants du premier degré et 550 du second degré.

"L'intégration des outils numériques est problématique dans l'enseignement", complète Cindy De Smet, maître de conférence spécialisée en sciences de l'éducation. Il s'agit par ce biais, dit-elle, de tenter de sortir d'une "consommation passive" - utiliser la tablette comme l'ancienne ardoise par exemple -, mais également de "l'injonctif" dans le rapport enseignant-élève. "Il ne faut pas oublier que l'intention du plan numérique pour l'école n'était pas de distribuer des machines mais que le numérique puisse aboutir à une autre forme scolaire", poursuit la chercheuse. "Mais si vous achetez 100 tablettes et les jetez dans l'établissement, ça ne marche pas si les enseignants ne savent pas quoi en faire !" De la même manière, il leur "faut des connaissances technologiques".

Analyse critique des outils numériques

L'entrée ne se fait d'ailleurs pas obligatoirement avec un outil ou un service numérique. "On leur demande de travailler sur leurs contenus et sur leurs approches, d'imaginer des scénarios, des situations où les élèves vont collaborer, sans réfléchir immédiatement à l'outil qu'ils peuvent utiliser", précise encore la chercheuse. "On peut demander, par exemple, à un enseignant en langue vivante confronté à des élèves fatigués au bout d'une heure d'imaginer l'approche qu'il pourrait leur proposer. Un étudiant a ainsi imaginé un jeu. Tout au long du module, ils sont mis en situation de créativité, de cheminer vers la création de situations de classes qui se détachent d'usages prescrits par les éditeurs", précise la chercheuse.

Dans la même optique, on leur propose "une approche critique des outils qu'ils vont faire entrer dans leurs classes. On va les critiquer, les analyser, voire même les mettre de côté quand on juge que la consommation est passive", poursuit la chercheuse. Et ils apprendront surtout à "réguler les apprentissages et à maintenir un climat de classe favorable" en utilisant ces derniers.

Une évaluation par les pairs

Une évaluation de ce dispositif sera organisée par le laboratoire LINE mais ce sont les pairs qui seront amenés à juger les approches créatives des autres étudiants, sur la base d'une grille qui sera élaborée par le laboratoire en lien avec l'ESPE. Des grilles qui constitueront plutôt des "bêta-tests", précise Olivier Banus, "la mesure de la créativité" ne faisant "toujours pas consensus dans la recherche". Elles seront donc progressivement affinées en fonction des avancées en la matière. Le laboratoire travaillera également à l'élaboration d'une grille qui recensera les outils qui favorisent cette créativité.

Si les partenaires jugent cette approche de la créativité indispensable dès la formation en ESPE, elle n'est néanmoins pas suffisante selon eux. La chercheuse explique en effet que "l'enseignant-créatif" évolue aussi dans "une zone subjective très instable, qui fluctue tout le temps, soumise en permanence à des variables", variables que sont "ses collègues mais aussi le regard que peuvent poser les élèves sur son cours", "la position de la direction de l'établissement, de la vie scolaire, des CPE" par rapport à ces nouveaux usages. "Tout cela peut jouer sur la posture de l'enseignement créatif", précise encore Cindy De Smet. "Quand on parle de la forme scolaire, on l'aborde surtout par la classe", résume Sophie Fouace, la directrice territoriale de Canopé. "Or, c'est toute la question de l'établissement qui est en jeu."

Camille Pons

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