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Une demande inédite d’éducation aux médias et à l’information (S. Barbet, Clemi)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 20 novembre 2017.

"La demande d'outils pour décrypter l'information et démêler le vrai du faux est exponentielle, et quantité de structures hors Education nationale s'adressent au CLEMI pour avoir accès à nos ressources", indique à ToutEduc Serge Barbet, à l'occasion du salon Educatic-Educatice. Le directeur du "Centre pour l'éducation aux médias et à l'information" répond à nos questions.

ToutEduc : Le CLEMI est à l'interface entre le monde de l'enseignement et celui de l'information. Comment tenir la balance égale ?

Serge Barbet  : Vous oubliez le monde de la recherche. Nous venons d'ailleurs de passer une convention avec le laboratoire Techné (université de Poitiers) pour étoffer nos analyses et nous appuyer sur leur expertise. C'est un labo qui est en pointe sur la question du numérique, qui consacre ses travaux à la "e-Education" en associant les apports de la science de l'information et de la communication à ceux de l'informatique, des sciences de l'éducation et des sciences cognitives. Le numérique est partout, nous travaillons tous les jours avec ses outils et face aux enjeux de la société numérique, nous avons choisi l'équipe de ce laboratoire pour soutenir notre réflexion sur les pédagogies à déployer pour renforcer le développement de l’esprit critique des élèves. Mais ça n'est évidemment pas une relation exclusive, puisque le CLEMI a toujours eu vocation à travailler avec le monde universitaire, comme d'ailleurs avec la plupart des acteurs de l'éducation.

 ToutEduc: Concrètement à quoi servira ce partenariat avec le laboratoire Techné ?

Serge Barbet : Le Techné devient en quelque sorte "l’arrière base scientifique" du CLEMI dont Isabelle Feroc-Dumez continue de porter la direction scientifique et pédagogique. Nous allons développer nos projets en nous appuyant de manière plus systémique sur les experts de ce laboratoire, que ce soit par exemple pour la création du Mooc sur le thème "citoyens numériques" pour sensibiliser aux enjeux du bac-3 / bac+3, ou que ce soit pour accompagner le projet de création d’un espace numérique au sein du CLEMI. Au fond, le CLEMI se renforce avec cet accord, ses équipes nationale et académique allant désormais bénéficier de l’expertise de tout un laboratoire, avec des compétences de pointe, par exemple sur les cartes mentales qui participent désormais de la littératie numérique globale.

ToutEduc : Les ressources que vous élaborez sont-elles réservées aux publics scolaires ?

Serge Barbet : Nous sommes un service de Réseau Canopé, opérateur de l'éducation nationale, et travaillons en priorité en direction des enseignants et des élèves. Le CLEMI a également un conseil d’orientation et de perfectionnement que préside Didier Mathus et au sein duquel siègent les pouvoirs publics ainsi que les institutions représentant la presse et les médias, garantissant notre indépendance mais aussi nous ouvrant largement à d’autres sphères. De fait, c’est vers le CLEMI que se concentre aujourd’hui une demande très forte de conseils, de ressources et de formation. Cela a toujours été vrai, mais plus encore depuis les attentats de janvier 2015 et la tuerie contre Charlie Hebdo qui ont été suivis d'une période de sidération, puis de production et maintenant d'appropriation des outils pensés et conçus pour développer l'esprit critique des jeunes. En témoigne le succès de notre "Guide de la famille Tout-Ecran", qui donne des conseils pratiques sur la façon de gérer nos rapports aux écrans. De même je vous invite à consulter nos modules "Déclic'Critique" sur notre site (ici) tournés en classe, et qui sont d'excellents outils de formation. Sans oublier la plateforme de Réseau Canopé consacrée aux valeurs de la République (ici) qui recèle de ressources totalement en phase avec les enjeux citoyens de l’école.

ToutEduc : Le CLEMI est notamment connu pour la semaine de la presse et des médias à l'école...

Serge Barbet : ... Et nous préparons l'édition de cette année, mais nous travaillons aussi sur la 30ème édition, en mars 2019. Le ministre de l'éducation nationale nous a fait part de son attachement à cet événement majeur qui touche près de 3,5 millions d'élèves, fédère un nombre considérable d'acteurs impliqués dans l'éducation à la citoyenneté, l'école, le monde associatif et l'éducation populaire, les médias... Au fil des années de plus en plus d’acteurs participent à la semaine de la presse et des médias dans l'école et nous réfléchissons à l’ouvrir à d'autres établissements publics, comme le réseau des bibliothèques et des médiathèques. 

ToutEduc : Ce qui nous ramène à notre première question, quelles relations entre les professionnels de la presse et les enseignants au sein du CLEMI ?

Serge Barbet : Je parle d'une alliance vertueuse entre enseignants et journalistes pour mener ensemble des actions efficaces en EMI. Nous avons au CLEMI les deux cultures, avec des profils mixtes parfois, d'enseignants ayant exercé comme journaliste ou de journalistes engagés dans des missions de formation. Nous travaillons ensemble et nous avons besoin de  l'expertise médiatique comme de celle des pédagogues. D'ailleurs, les deux professions ont une culture commune, celle de la transmission.

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par S. Barbet

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