Évaluation : des badges numériques pour "valoriser" les compétences des élèves (Educatec-Educatice)
Paru dans Scolaire le jeudi 16 novembre 2017.
Au collège Albert Roussel de Tourcoing, est expérimentée depuis l'an passé l'évaluation des compétences par badges numériques. Le système, un badge attribué pour une compétence, à la demande de l'élève qui doit "justifier" à l'écrit en quoi il pense avoir rempli les critères de la compétence "demandée", a un double effet : valoriser davantage l'élève qui "gagne" progressivement ses compétences et permettre, grâce aux retours parfois non visibles en salle de classe que celui-ci fait sur son travail, un meilleur feedback de l'enseignant. Ce projet et les observations qui ont été faites depuis la mise en œuvre du dispositif, ont été présentés, ce mercredi 15 novembre 2015, à l'occasion du salon Educatec-Educatice qui se déroule du 15 au 17 novembre 2017 à Paris.
Initié dans le cadre d'un EPI en 2016-2017, le projet concerne aujourd'hui les classes de 4e et de 3e en physique-chimie. Les élèves sont invités à s'auto-évaluer par le biais d'un formulaire unique partagé en ligne, et à "demander" les compétences "chaque fois qu'ils pensent les avoir atteintes", précise l'enseignant porteur du projet, Éric Duchateau. Outre répondre à des critères de "réussite", dont les définitions ont été retravaillées avec les élèves pour être "moins générales", et avec leurs "mots" pour être plus "parlantes", les élèves doivent justifier, en quelques lignes, en quoi ils pensent avoir obtenu cette compétence. Cette partie, "la plus importante", explique l'enseignant, oblige d'abord les élèves à réfléchir sur leurs réalisations et leur progression. "Et à partir de là, débute un dialogue", poursuit l'enseignant. "Je peux faire un feedback pour qu'ils s'améliorent : soit en ligne, soit ensuite en cours."
Une validation "granulaire" vue comme une récompense par l'élève mais aussi sa famille
Et c'est, selon lui, le deuxième aspect "original" du dispositif : celui-ci offre à l'enseignant un retour plus précis de l'activité de l'élève, facilitant ensuite une différenciation pédagogique, de meilleurs feedback et remédiations. "Cet outil permet d'observer ce qu'ils pensent avoir compris du cours et la façon dont ils pensent se situer, mais surtout les élèves remontent des choses que l'on ne voit pas, même en posture d'observation d'enseignant. Et je peux revenir dessus", précise l'enseignant.
Enfin, autre intérêt observé du système, l'attribution de badges (déclinés sur 4 niveaux de maîtrise : badges de bronze, argent, or et diamant), qui valident l'acquisition de chaque compétence (cette année uniquement les compétences "expérimentales"), "granulaire" donc progressive, consultables en ligne à tout moment, contribue à valoriser davantage les élèves mais aussi les familles. "Ces preuves de maîtrise, qui sont avant tout des jalons, sont vues par les élèves comme des récompenses. Ce sont des sortes de 'certifications' granulaires ou de 'micro-diplômes' qui les situent dans leur apprentissage", rapporte encore Éric Duchateau. Ces élèves ont, en outre, une lecture plus facile des résultats, remédiations, progrès possibles, automatiquement visibles dans le tableau de suivi. L'enseignant signale aussi des retours agréablement surpris de parents dont les élèves sont en difficulté, et pour qui le badge représente aussi une récompense. Alors qu' "il est beaucoup utilisé à l'université, et dans les MOOC (massive open online course), le système", dit-il, "n'est pas ou peu utilisé dans le secondaire".
Camille Pons