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Jean-Michel Blanquer apporte son appui à la lutte contre "la constante macabre"

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 13 novembre 2017.

Jean-Michel Blanquer apporte "[s]on appui à la démarche" initiée par André Antibi contre "la constante macabre". Le ministre de l'Education nationale a ouvert, ce 13 novembre le colloque bisannuel du MCLCM dont le fondateur a rappelé l'origine, la prise de conscience d'un dysfonctionnement grave du système scolaire : toute évaluation se solde par un tiers de bonnes notes, un tiers de notes moyennes, un tiers de mauvaises notes, quels que soient le niveau de la classe et les efforts fournis par les élèves. Le "mouvement contre la constante macabre" propose à l'inverse une "évaluation par contrat de confiance" qui récompense le travail, l'élève n'étant jamais pris au dépourvu, piégé lors d'un "contrôle".

Pour le ministre, "l'évaluation est bonne si elle renforce l'estime [qu'a l'élève] de lui-même, lui redonne confiance, lui permet de progresser", ce qui suppose "que l'élève sache avant même d'apprendre comment il va être évalué". Et, insiste-t-il, cette idée de contrat "a vocation à se développer dans tout le système scolaire". Interrogé sur les moyens à mettre en œuvre pour favoriser ce développement, il précise qu'il croit davantage "à la contagion positive" qu'aux circulaires, même si certains textes, comme le "vade-mecum" sur "devoirs faits" permettent déjà de semer "des graines", et si l'administration peut donner des "incitations" et faire "une certaine publicité" à un dispositif où l'évaluation est "le contraire d'un piège" et ne s'inscrit pas dans une logique de "reconduction des schémas qui veulent qu'il y ait des gagnants et des perdants". Elle doit être "adaptée à son public", "préparée, précise, efficace".

Le national et le local

Sa mise en œuvre suppose de "mener un travail d'équipe", et pour Jean-Michel Blanquer, il est parfois "triste" de constater "des divergences au sein d'un établissement", alors qu'il est "normal" que deux établissements différents n'aient pas la même politique. En revanche, une "réflexion commune" entre écoles et collège lui semble souhaitable, c'est même elle qui permet la diversification des parcours. Et le ministre distingue clairement les sujets qui relèvent de l'unité au niveau national et ceux qui "relèvent de la diversité". Dans la première catégorie, il cite la grammaire, il ne saurait y en avoir qu'une dans tout le pays, ou l'évaluation certificative, comme le bac, dans la seconde "l'évaluation courante", pour laquelle il existe de "grandes marges de manœuvre" si "les équipes adhèrent" [à un projet collectif] pour peu que soient respectés de "grands principes nationaux", et notamment que l'évaluation soit "un levier de progrès", peu importe qu'elle se traduise en notes ou tout autre système.

C'est dans ce contexte que se situent les "évaluations - diagnostics", une expression que le ministre n'aime pas mais qu'il utilise pour désigner les évaluations en début de CP et en 6ème, et qui doivent permettre à l'enseignant de situer sa classe et ses élèves avec des références nationales. Conçues de la manière "la plus scientifique possible", et "affinées" pour l'an prochain, elles doivent donner à l'enseignant une "connaissance précise" des acquis de ses élèves pour les aider dans les apprentissages. "Sans diagnostic clair", il lui serait impossible de viser les "100 % de réussite" et surtout d'éviter de "laisser filer les retards". Le ministre annonce l'installation à ses côtés d'un "conseil scientifique" pour "évaluer l'évaluation", y compris dans sa dimension déontologique.

Enchanter le système scolaire par le savoir

A noter que ce discours long, manifestement très travaillé et important pour le ministre, a été très peu médiatisé. Sa présence au colloque du MCLCM n'était pas inscrit à son agenda officiel, et seuls trois journalistes étaient présents. Il a été l'occasion pour Jean-Michel Blanquer d'évoquer d'autres thèmes qui lui tiennent à cœur. Il entend dépasser "les clivages stériles", par exemple entre "l'effort et le plaisir", mais aussi entre "tradition et modernité", ou entre "gauche et droite", mais cela suppose d' "accepter la subtilité de la pensée".

Il ne craint pas de parler d'un système qu'on "doit enchanter par le savoir" et dont l'évaluation fait partie. Elle contribue en effet à façonner "l'image que les élèves se fabriquent d'eux-mêmes", mais aussi à affirmer "l'autorité légitime du professeur" quand elle n'est pas que la mesure d'un niveau, mais qu'elle est le "reflet de la subtilité" et qu'elle témoigne d'une "exigence bienveillante", pour s'occuper "des élèves les plus fragiles", "y compris le très bon élève persécuté par ses camarades". Elle doit aussi constituer un outil de communication avec les familles qui "reçoivent de plus en plus mal" les annotations perçues comme négatives, et donc aider à sortir "de ce grand malentendu de tous contre tous".

 La dimension positive de ce que nous vivons

Car le ministre veut lutter contre "une société de défiance", et l'école doit être "un lieu de confiance fondamental", le but étant que l'élève ait "confiance en lui-même". Il poursuit : "Nous tenons trop souvent devant les élèves des discours fermés" en omettant "la dimension positive de ce que nous vivons", alors qu'il n'y a "jamais eu autant de possibilités". Car "toute éducation prend sens par la liberté qu'elle confère à l'élève".

 

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