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Insertion des jeunes : tous les indicateurs "au rouge" pour les non-diplômés (Céreq)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 10 novembre 2017.

"Tous les indicateurs d'insertion des non-diplômés sont au rouge". C'est l'un des constats de l'enquête 2016 du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications), "Quand l'école est finie", publiée le 30 octobre 2017 et qui analyse les données des jeunes de la génération 2013 trois ans après leur sortie du système éducatif. Ainsi, égrène le centre d'études, alors que plus de 9 jeunes sur 10 accèdent au moins à un emploi entre leur sortie du système éducatif et le printemps 2016, 3 jeunes non-diplômés sur 10 n'y parviennent pas du tout en trois ans, 77 % d'entre eux ont connu au moins un épisode de chômage au cours de la période, 78 % y ont été confrontés avant toute expérience d'emploi (contre 66 % des jeunes en général), 1 non-diplômé sur 2 s'inscrit dans une trajectoire marquée principalement par le chômage ou l'inactivité et seuls 37 % ont accédé durablement ou progressivement à l'emploi. Si l'enquête observe que globalement 71 % des jeunes, tous niveaux confondus sont en emploi 3 ans après et que les trois-quarts de ces derniers se disent satisfaits de leur situation, elle fait néanmoins un double constat inquiétant : une "marginalisation sur le marché du travail des groupes les plus vulnérables", et ce même si la part des sorties du système éducatif sans diplôme a baissé depuis 2010 (14 %), mais aussi des conditions d'emplois "fragiles" pour tous.

L'analyse du Céreq porte sur des données recueillies entre avril et juillet 2016, auprès d'un échantillon national de 23 000 jeunes représentatifs des 693 000 qui ont quitté en 2013, pour la première fois, le système éducatif français, à tous les niveaux de formation.

43 points d'écarts entre le taux de chômage des plus diplômés et les non diplômés

Concernant les plus "vulnérables", l'enquête confirme d'ailleurs toujours l'effet diplôme sur l'insertion, à tous les niveaux. Ainsi, alors que le taux de chômage, tous jeunes confondus, s'élève à 20 % en 2016 pour ces jeunes, il "diminue quand le niveau de diplôme augmente". Et il est surtout marqué par des écarts considérables entre les niveaux : les titulaires d'un doctorat affichent un taux de chômage de 6 % contre 49 % pour les non diplômés, taux qui descend à 28 % pour les diplômés de CAP et BEP. Seule "exception notable", souligne l'étude, les titulaires d'un diplôme de niveau bac+2/3 en santé-social "qui connaissent traditionnellement un très bon accès à l'emploi" et affichent d'ailleurs le plus faible taux de chômage (3 %).

Les différences de diplômes s'observent aussi dans les délais d'accès et le maintien dans un emploi durable. Ainsi les ¾ des jeunes titulaires d’un diplôme de niveau bac+5 "accèdent rapidement et durablement à l'emploi", contre "un peu moins de la moitié des diplômés de CAP et BEP ", observe l'étude.

Accès à l'emploi rapide mais une grande instabilité pour une majorité

Des écarts mais les conditions d'emploi sont néanmoins "fragiles" globalement pour tous les jeunes, constate aussi le Céreq. Si 8 jeunes sur 10 accèdent à leur premier emploi en moins de 6 mois, ces premiers emplois sont pour 70 % d’entre eux à durée limitée. Même si, là aussi, "la part des emplois à durée indéterminée au premier emploi augmente avec le niveau de diplôme".

Le chômage survient aussi de façon précoce. Près de 60 % des jeunes de cette génération y ont été au moins une fois au cours de ces trois premières années de vie active et 37 % y sont confrontés avant même d’avoir occupé un emploi. Or, observe le Céreq, "accéder à un premier emploi après un passage par le chômage plutôt que directement après la sortie de formation initiale altère également le type d'emploi obtenu" (plus souvent des CDD ou de l'intérim).

Toujours des inégalités de genre et selon les origines

Enfin, ce n'est pas nouveau, l'étude montre que la trajectoire scolaire comme celle de l'insertion professionnelle reste très marquée par l'origine socioculturelle : les trois quarts des enfants de cadres sont diplômés de l’enseignement supérieur contre un quart des enfants d'ouvriers, et 73 % de ceux dont les deux parents sont cadres accèdent durablement à l’emploi, contre 56 % des jeunes dont les deux parents sont ouvriers ou employés. Et les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville sont toujours plus pénalisés face au chômage, même à niveau de diplôme équivalent et même si l'écart se réduit avec le niveau de diplôme.

Mêmes tendances persistantes concernant les trajectoires des filles au regard de celles des garçons. Elles sont toujours en moyenne plus diplômées que les hommes (49 % de l’enseignement supérieur contre 39 % des hommes), mais ne deviennent pas plus souvent cadres que les hommes et connaissent toujours des écarts de salaires à emploi équivalent, écarts qui atteignent 350 euros pour les diplômés de bac+5.

En revanche, la voie de l'apprentissage confirme, pour une première insertion, qu'elle est plus porteuse à niveau de diplôme équivalent (59 % des diplômés de CAP ou BEP par apprentissage sont dans une trajectoire d'accès durable à l'emploi contre 39 % de leurs homologues ayant suivi la voie scolaire). Notons aussi que si les bacheliers ont un taux de chômage sensiblement équivalent qu'ils soient issus des filières générales, technologiques et professionnelles et sans prendre en compte leurs spécialités (autour de 19 %), les bacheliers professionnels des spécialités industrielles affichent un taux inférieur au bacheliers généraux (16 contre 19 %).

L'enquête "Quand l'école est finie. Premiers pas dans la vie active de la Génération 2013", Valentine Henrard et Valérie Ilardi, Céreq Enquêtes n°1 octobre 2017 76 pages, ici

Camille Pons

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