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Enseignement du français : 314 enseignants n'enseigneront plus la règle de grammaire qui consiste à faire emporter le masculin sur le féminin

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 10 novembre 2017.

"Nous, enseignantes et enseignants du primaire, du secondaire, du supérieur et du français langue étrangère, déclarons avoir cessé ou nous apprêter à cesser d'enseigner la règle de grammaire résumée par la formule 'Le masculin l'emporte sur le féminin'. C'est en ces termes que 314 enseignants, de tous niveaux, de la maternelle à l'enseignement supérieur, "enseignant la langue française ou ayant à corriger des copies ou autres textes rédigés dans cette langue" introduisent leur tribune publiée sur le site d'information Slate.fr le mardi 7 novembre 2017. Dans ce manifeste, dans lequel ils indiquent qu'ils enseigneront "désormais la règle de proximité, ou l’accord de majorité, ou l’accord au choix ("selon le bon vouloir du rédacteur ou de la rédactrice")", ils invitent notamment "le Ministère de l'Éducation nationale à donner à ses personnels et à ceux des établissements sous sa tutelle des instructions précises allant dans le même sens".

Trois raisons fondent ce "manifeste", expliquent les signataires. La première est historique, puisque, rappellent-ils, cette règle n'a été mise au point qu'au XVIIe siècle et elle n'a été "appliquée massivement" qu'avec la généralisation de l'école primaire obligatoire. Les signataires rappellent ainsi qu'auparavant, bien souvent, "on pratiquait l'accord 'de proximité', venu du latin, qui consiste à accorder le ou les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui leur est le plus proche".

Un "enjeu de lutte contre les stéréotypes de genre"

Selon eux, par ailleurs, "l'objectif des promoteurs de la nouvelle règle n'était pas linguistique, mais politique". "Si l'école de la République a préféré abandonner cette formule au profit de celle qu'on connaît, c'est en reconduisant l'ordre de valeur qui est à son fondement", écrivent-ils en citant notamment le traité de linguistique "Grammaire générale ou Exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage, pour servir de fondement à l'étude de toutes les langues" de Nicolas Beauzée (1767) : "Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle".

Enfin, pour eux, ce positionnement répond aussi à "un enjeu de lutte contre les stéréotypes de genre" : or, estiment-ils, enseigner cette formule aux enfants, dans les lieux qui "symbolisent l'émancipation par la connaissance, induit des représentations mentales qui conduisent femmes et hommes à accepter la domination d'un sexe sur l'autre, de même que toutes les formes de minorisation sociale et politique des femmes".

Enseignants de français, représentants de la presse et de l'édition, écrivains, correcteurs mais aussi l'ensemble des citoyens sont "invités" également "à renouer avec ces usages" et, à ce titre, une pétition de soutien vient d'être également ouverte sur Change.org. Elle a recueilli à ce jour plus de 6000 signatures.

La tribune ici

Camille Pons

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