"Le Mur", un journal scolaire qui illustre "la pédagogie du chef-d’œuvre" (Ouvrage)
Paru dans Scolaire le vendredi 27 octobre 2017.
"Monsieur… On va faire un journal pour dire ce qui ne va pas à l’école…". On est le 17 février 1986 et Jean-Pierre Marcadier, enseignant en lettres-histoire au lycée professionnel de Saint-Amand-Montrond va créer avec ses élèves un journal scolaire "Le Mur" qui perdure encore aujourd’hui. L’initiateur du projet revisite son aventure dans un livre intitulé "Un journal scolaire pour réussir (à) l’école, Vers une pédagogie du chef-d’œuvre".
Trois heures de concertation avec la première équipe de rédaction et puis un titre qui fait l’unanimité : "Le Mur, parce que, comme dans tout lycée du pays, il évoque avant tout l’expression ‘faire le mur’, sortir illicitement de l’établissement et accéder à la ‘vraie vie ‘ et à liberté". Un "Mur" qui correspondra par la suite à d’autres formes d’évasion comme le mur de Berlin ou The Wall des Pink Floyd.
Le plus bel "ours" du monde
L’équipe s’organise et définit une ligne éditoriale. "C’est un compromis entre les désirs des lycéens et les enjeux d’éducation revendiqués par les enseignants", souligne Jean-Pierre Mercadier. "Mais la frontière n’est pas si hermétique. L’objet est bien de produire un journal de création et d’informations intra-muros, locales, régionales et nationales".
Le Mur, dit-on, possède "le plus bel ours du monde !", puisqu’il cite les noms des 200 élèves de ce lycée professionnel spécialisé dans la bijouterie. Une rédaction qui se posera toutes les bonnes questions comme : "Ecrire, oui mais pour quel lecteur ?" ou "Ecrire, oui mais pour quoi faire ?", qui traitera de tous les sujets, du génocide rwandais, des bidonvilles de Bombay mais aussi des états d’âmes des élèves dans une rubrique intitulée "La vie des stars"…
Un objet d’artisanat
Pas toujours facile de créer un journal scolaire ? L’auteur propose des idées "pour résister et monter tout de même un projet pédagogique". Il faut notamment "maintenir les élèves aux premières loges du projet, ne rien lâcher sur la liberté pédagogique de l’enseignant, inscrire le projet dans la politique de l’établissement, conserver sa liberté en diversifiant les financements, diffuser pour démultiplier les effets attendus du projet et associer les élus du territoire".
Pierre Mercadier choisit l’allégorie du "chef-d’œuvre" et la pédagogie afférente : "La force de l’exigence dans le cadre scolaire, c’est la valorisation de l’écrit une fois le produit imprimé et diffusé. L’enjeu se mesure bien, comme pour l’objet d’artisanat, à satisfaire celui qui reçoit et parfois achète le produit". Pour l’auteur, "un autre monde est possible à l’école. Le projet pédagogique en est la plus belle des parades. Le journal scolaire comme l’un des chemins pour mieux réussir ses apprentissages. Un chemin qui s’oriente vers une pédagogie du chef d’œuvre !".
"Un journal scolaire pour réussir (à) l’école", ESF Sciences humaines, 23€.