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Mineurs non accompagnés et non scolarisés auparavant : l'urgence d'une réflexion collective (Paroles d'hommes et de femmes)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le jeudi 12 octobre 2017.

"Face à un jeune qui arrive à 17 ans et demi, qui n’est jamais allé à l’école, l’institution scolaire est clairement en difficulté", constate l'association "Paroles d'hommes et de femmes" qui a recensé les "pratiques d'accueil des jeunes nouvellement arrivés" et les divers dispositifs de scolarisation vers lesquels ils peuvent, ou ne peuvent pas, être orientés. Ils passent en effet par des CASNAV, des "centres pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage" qui ont pour mission "l’aide à l’intégration à et par l’école" de ces jeunes.

Mais la scolarisation des EANA-NSA, ces élèves allophones nouvellement arrivés et non scolarisés auparavant, les met en difficulté : les CASNAV "ne peuvent apporter, seuls, une réponse adéquate et globale aux mineurs non accompagnés de plus de 16 ans". L'association plaide donc pour "une réflexion collective regroupant différents acteurs, avec chacun leurs compétences, afin de mettre en place un accompagnement global, harmonisé sur l’ensemble du territoire, à ces jeunes mineurs et éviter qu’ils risquent d'être récupérés par divers trafics".

Des situations de détresse

Cette réflexion collective est d'autant plus nécessaire qu' "un nombre de plus en plus important de mineurs non accompagnés, auxquels il n’est pas possible de proposer de solution de scolarisation, compte tenu de leur niveau scolaire, pose une problématique d’urgence", que "les Casnav et les établissements scolaires se retrouvent face à des situations de détresse". Ainsi, le Casnav d'Amiens reçoit de nombreux mineurs non accompagnés arrivés à Roissy-Charles De Gaulle et ils "ne sont pas forcément pris en charge dans le cadre de l’ASE [aide sociale à l'enfance, qui dépend du département, ndlr], et qu'il "ne peut scolariser". Quand "le jeune est pris en charge, la solution scolaire arrive assez rapidement", mais "la situation devient difficile après 18 ans" quand ces jeunes "se retrouvent sans logement, sans ressources, mais toujours dans le cadre scolaire".

Il apparaît de plus que "toutes les académies ne mènent pas la même politique" et qu'on trouve même "des disparités de traitement à l’intérieur d’une même académie, par département". Ainsi, en Vendée, "il existe un seul dispositif UPE2A [Unité pédagogique pour élèves allophones nouvellement arrivés] au collège Renoir de La Roche-sur-Yon" et le Casnav ne suit pas les élèves de plus de 16 ans, à qui la MLDS (mission de lutte contre le décrochage scolaire) "propose une prise en charge". A Rouen, le Casnav reçoit tout le monde jusqu’à 18 ans, mais il n’y a pas d’UPE2A en lycée. A Aix-Marseille, les UPE2A pour + de 16 ans sont en lycée général ou professionnel et l'académie a mis en place 6 "modules d’accueil et d’accompagnement" pour ceux dont le niveau scolaire est insuffisant pour aller en UPE2A. Mais "face aux flux supplémentaires de jeunes primo-arrivants", ils passent la main à des associations, le CIERES, et les PEP 13 dont ce n’est pas la mission première" et qui courent le risque "de ne pas atteindre leurs objectifs de réussite aux tests d’évaluation et de remettre en question leurs financements".

Des co-financements fragiles

En règle générale, "les solutions de scolarisation et de formation relèvent de co-financements" qui impliquent le FSE (fonds social européen), les DRJSCS et DDJSCS (directions régionales et départementales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale), les départements via les dispositifs de Réussite éducative, des fondations, les rectorats..., "charge à chaque porteur de projet de les trouver (...) Selon les bonnes volontés des proviseurs, des lycées professionnels peuvent héberger ces classes apportant ainsi un statut d’élèves aux jeunes."

Le dossier constitué par l'association souligne le rôle que peuvent jouer certains centres Epide (établissement pour l’insertion dans l’emploi) et les MFR (maisons familiales rurales). Il donne l'exemple de celle de Gençay dans la Vienne qui accueillait l'an dernier deux élèves primo-arrivants de 16 ans, "francophones avec un petit niveau de français à l’écrit". "Les MFR ne disposent pas de capacités d’accueil spécifiques pour des élèves primo-arrivants" qui sont "entièrement intégrés dans les classes", mais l’important pour l’équipe est leur motivation. "Par sa pédagogie de l’alternance et la force de son réseau de maîtres de stages, l’objectif de la MFR est la valorisation des compétences manuelles et techniques des jeunes, l’orientation vers des formations professionnelles qui les intéressent."

"Paroles d'hommes et de femmes" organise le 16 novembre une "journée d'étude" au Palais du Luxembourg sur le thème "L’Education interculturelle et le modèle français d’accueil et de scolarisation des jeunes primo-arrivants. Inscriptions obligatoires ici

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