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Les formations aux métiers du goût face à la "cybermodernité" (Compagnons du devoir)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 05 octobre 2017.

"Sens, partage, fusion, identité et temps". Tels sont, les cinq mots qui résument, selon Lucas Beyries, compagnon pâtissier et pilote du Devenir des métiers, le colloque sur les métiers du goût, organisé par les Compagnons du devoir et du Tour de France, hier 4 octobre à Paris. Il s’agissait pour les acteurs de la filière de la boulangerie et de la pâtisserie de "réfléchir collectivement à l’avenir de ces métiers pour mieux former les professionnels de demain".

Quelles seront les tendances et les modes de consommation demain ? Quel sera l’apport du monde des start-up ? Comment intégrer les nouvelles céréales dans l’agriculture ? Quelle sera la relation au travail de la nouvelle génération et donc, quelles seront les nouvelles modalités de formation ? Autant de questions qui ont alimenté les débats et auxquelles Vincent Cespedes, philosophe et écrivain, répond par un nouveau concept : "la cybermodernité".

Goût et réseaux sociaux

"On a changé de paradigme", explique-t-il. "Après avoir été postmoderne et hypermoderne, notre société est aujourd’hui cybermoderne. C’est l’époque de la fusion du virtuel et du réel, de la co-élaboration, de la co-individualisation, du ‘ je suis avec ceux avec qui je partage’. Notre société a besoin du ‘nous’, du partage et aussi de l’incarnation’. Les métiers du goût s’inscrivent parfaitement dans cette mutation, le goût n’est - pas encore - sur les réseaux sociaux !".

Des évolutions qui invitent même de jeunes cadres à se réorienter vers ces métiers. "On voit de plus en plus de super-diplômés qui ont un super-boulot et qui décident tout à coup de se tourner vers la voie professionnelle" affirme Jean-Laurent Cassely, journaliste et auteur de "La révolte des premiers de la classe". "Les cadres, aujourd’hui, ont l’impression d’être des tacherons", poursuit-il. "Ils se sentent déclassés, ils ne sont plus du tout des modèles, leur travail peut être remplacé par des machines… Aussi, ils cherchent des valeurs refuges, ils veulent entrer dans la matière, dans la proximité, dans l’expression personnelle et se lance dans l’artisanat."

Détention et utilisation du savoir

Pour Emmanuel Tertrais, fondateur de Baguette Academy, "les cours en ligne évoluent constamment, depuis les Moocs jusqu’aux micro-learning, mobile-learning ou adaptative-learning, tout est possible et surtout utilisable par chaque apprenant à son rythme. Ce sont des outils parmi d’autres pour les formateurs, il n’est pas question d’abandonner le contact réel mais de l’enrichir." Une opinion partagée par Etienne Maillard, directeur de la prospective : "Le pouvoir n’est pas la détention d’un savoir mais de savoir comment l’utiliser." Il raconte : "En Chine, on m’a demandé de faire une conférence et je devais donner, quatre mois avant, les principales idées de mon intervention, mon powerpoint et même mes références bibliographiques… Je me suis dit, à quoi va servir mon intervention puisque le public va en savoir autant que moi, si ce n’est plus ? Et finalement, le résultat a été très positif pour moi et mes interlocuteurs."

En conclusion, Sébastien Chiron, compagnon boulanger et délégué des métiers du goût, insiste sur la nécessité de faire évoluer les formations pour répondre à la demande. "Pas question d’abandonner les valeurs et les méthodes pédagogiques du compagnonnage, notamment l’alternance par le voyage, mais, à l’heure du numérique, de répondre aux besoins des jeunes et des employeurs de la filière, en formation initiale et continue."

Colette Pâris

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