Recrutement des enseignants : L’accroissement du niveau de recrutement a fait "diminuer le niveau réel" (A. Bouvier).
Paru dans Scolaire le mardi 03 octobre 2017.
L'ancien recteur Alain Bouvier publie sur son blog une analyse paradoxale de la situation du recrutement des enseignants, dont le caractère insatisfaisant est manifeste, si l'on pense que "près de 20% démissionnent durant les 5 premières années d’exercice de leur métier" et que c'est un métier "choisi par défaut par plus de la moitié des étudiants". Il rappelle que les concours ne font pas le plein, notamment dans la voie professionnelle où 22 % des postes mis aux concours ne sont pas pourvus : "des rectorats sont contraints de faire appel à des solutions qui ne contribuent pas à améliorer le niveau du corps enseignant" !
Résultat, "l’accroissement formel du niveau de recrutement depuis 1989 a conduit à placer devant les élèves un nombre croissant d’enseignants insuffisamment formés. Cela fait ainsi diminuer le niveau réel du corps enseignant. Cette douloureuse situation, conséquence d’un attachement quasi-religieux aux concours actuels, a conduit à une impasse."
Parmi les causes qu'identifie Alain Bouvier, la place du concours, "au milieu des deux dernières années de formation universitaire", ce qui interdit une véritable formation au métier d'enseignant et le partage d'une "culture commune", mais aussi "de repérer les compétences professionnelles des candidats" et donc "d’affecter les différents profils des lauréats là où ils seraient utiles".
Pour lui, il serait temps "de laisser l’université faire son travail de formateur" et de recruter "au plus près du terrain", "donc de séparer la formation, la qualification professionnelle (qui pourrait être régionalisée) et le recrutement sur profil par les circonscriptions du premier degré et les établissements secondaires". Il faudrait aussi payer davantage "les enseignants des secteurs en difficulté de recrutement", qu'il s'agisse des territoires pour le 1er degré ou des disciplines pour le 2nd.
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