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Privé sous-contrat : hausse des effectifs, mais pas de "fuite" du public (P Balmand)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 03 octobre 2017.

Les établissements catholiques de l'enseignement privé sous contrat accueillent cette année près de 2,1 millions d'élèves (2 098 066), soit 12 436 de plus que l'an dernier (93 000 depuis 9 ans), et Pascal Balmand se réjouit de cette "très nette progression", mais il se refuse à l'attribuer à une "fuite" du public vers le privé, qui serait motivée par le refus des réformes, du collège notamment. Tout d'abord, le secrétaire général de l'enseignement catholique récuse l'idée que les familles fassent ainsi un choix négatif, et d'autre part, il fait plutôt l'hypothèse d'un "pic démographique" dans le second degré (+ 13 099 élèves) alors que le premier degré (+ 8 élèves) est très stable en moyenne nationale, mais présente des évolutions contrastées selon les académies, avec des augmentations fortes (Corse, Limoges, Reims, Bordeaux, Rouen) et des baisses (Nantes et Montpellier notamment). La démographie expliquerait aussi, au moins pour partie, la baisse dans l'enseignement agricole (- 671 élèves) qui ne bénéficierait pas des moyens auxquels la parité avec l'enseignement public lui donnerait droit. Le différentiel serait de 39 %.

La traditionnelle conférence de presse de rentrée a aussi été l'occasion pour le secrétaire général de faire l'éloge du dialogue... pour mieux regretter son absence. "Sommes-nous perçus comme des partenaires [de l'Education nationale ?" s'interroge-t-il. Certes, ce n'est pas nouveau, et il évoque "une accumulation de dossiers" depuis plusieurs années, mais il relève particulièrement l'absence de réponse de Frédérique Vidal à sa demande d'être associé à la réflexion sur l'orientation post-bac, APB, les pré-requis... Il dénonce également l'attitude de recteurs qui "ignorent délibérément la notion de besoin éducatif reconnu" et refusent des ouvertures d'établissements, comme "dans le Nord-Est semi-rural de la Moselle" où les élèves doivent faire "quarante-cinq minutes à une heure de trajet pour se rendre à Metz ou à Thionville" et où il n'y a pas de lycée d'enseignement général public.

Sortir d'une pensée jacobine

Il insiste sur le projet de l'école catholique, "nous faisons résolument le choix de la diversité" et de la mixité sociale, mais sans sacrifier en rien "l'ancrage ecclésial" des établissements. Sur 750 postes nouveaux à cette rentrée, 352 sont affectés au "Plan pour les réussites" et 52 aux "établissements à moyens éducatifs renforcés".

Si l'agacement est perceptible sur les faiblesses du dialogue avec le ministère, "à force de ne pas être entendu..." dit-il, une sorte de "douceur" revient quand Pascal Balmand, qui fait l'éloge d'une école "de la lenteur", de "la douceur de celles et ceux qui choisissent d'écouter, et non d'être sûrs d'avoir raison", répond aux questions de la presse sur les choix politiques de Jean-Michel Blanquer. Il ne pense pas qu'il y ait "détricotage", mais une forme d'assouplissement qu'il "salue", et qui place "les équipes devant la responsabilité de leurs choix". Il ne regrette pas, "bien au contraire", que cela aboutisse à des différences entre les collèges : "il faut sortir de cette pensée jacobine qui voudrait que tous les élèves fassent la même chose en même temps", ce qui produit des "cassés de l'école". Toutefois, s'agissant des programmes et de l'idée d'apprendre les 4 opérations dans les premières années d'école élémentaire, il est plus sceptique. "Il faut donner la possibilité aux enseignants de différencier la pédagogie", et ce qui importe, c'est qu'ils parviennent "à des décisions étayées en équipe". Sur les rythmes scolaires, il en appelle à une vraie réflexion sur l'organisation du temps scolaire, y compris en termes d'organisation pédagogique. L'enseignement catholique met d'ailleurs en place "un laboratoire des initiatives".

Les maîtres délégués

Pascal Balmand pointe pourtant un certain nombre de "difficultés", au premier rang desquelles il place la disparité des salaires des enseignants "suppléants" avec leurs homologues du public. Elle peut aller jusqu'à 400, voire 600 €/ mois. Il demande au ministère de prendre "à bras le corps" cette question, même s'il sait qu'une remise à niveau coûterait 90 M€, et qu'il "ne demande pas tout tout de suite". Autre sujet, les contrats aidés. Les quelque 6 000 contrats destinés à l'accompagnement des élèves handicapés sont préservés, mais les 4 000 autres sont supprimés, et le SGEC demande au moins un moratoire sur cette mesure.

Il demande aussi à être associé à la réflexion sur le bac et sur l'accès à l'université. Il rappelle que 72 % des bacheliers de l'an dernier sont allés dans une filière sélective, mais que parmi ceux qui sont dans les filières universitaires non sélectives, seuls 26 % obtiendront leur licence en 3 ans (14 % en 4 ans). Pour lui, la priorité va à l'aide à l'orientation, à la construction de passerelles pour des réorientations, à la mise en place de pré-requis à la condition qu'ils soient indicatifs...

Le recueil de données sur les enseignants

Interrogé par ToutEduc sur la mise en cause, par l'UNSA-enseignement privé, de la base de données Gabriel sur laquelle le SGEC recueille des informations sur les enseignants, Pascal Balmand répond que ces données sont uniquement professionnelles, que leur recueil a reçu l'accord de la CNIL et qu'il permet la gestion de la formation des enseignants par Formiris ainsi que du mouvement, conformément à l'accord sur l'emploi "signé avec les syndicats".

Egalement interrogé sur la demande du SPELC de "dissocier le contrat des enseignants de celui de l'établissement", il répond que, depuis la "loi Censi", il est clair que ceux-ci sont des "contractuels de droit public rémunérés par l'Etat", nommés par le recteur avec l'accord du chef d'établissement sous la responsabilité duquel ils se trouvent placés. La situation est "parfaitement claire".

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