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Un recteur par région : l'annonce d'une expérimentation en Normandie suscite la crainte des personnels

Paru dans Scolaire le lundi 18 septembre 2017.

"Les autorités ministérielles profitent de la création des 'régions académiques', instituées en décembre 2015, pour hisser le recteur de Caen au-dessus des deux académies, dans les faits en un demi-recteur puisqu'il n'aura plus le temps de s'occuper de son académie initiale. On se demande comment il va pouvoir se dupliquer pour assister à toutes les réunions auxquelles il est actuellement présent (Comité technique, CTSA, CHS-CT, CA du GIP-FCIP…)." C'est l'une des craintes des personnels des deux académies qui constituent l'actuelle région de Normandie, retranscrites dans un courrier envoyé au recteur de Caen le 4 septembre 2017 par les secrétariats académiques de Caen et de Rouen du SNASUB-FSU. Dans cette région, le recteur de Rouen n'a pas été remplacé depuis qu'il a été mis fin aux fonctions de Nicole Ménager le 5 juillet dernier en conseil des ministres, et depuis l'annonce, ce mois de septembre, par le ministre et par voie de presse, d'une expérimentation dans la région avec un seul recteur à la tête des deux académies qui la composent.

"L'éventualité d'une fusion avait été évoquée en 2015 à l'occasion de la réforme territoriale et de la réorganisation des services de l'État mais il avait été admis que, sur les questions de l'Éducation, il y avait une spécificité qui justifiait de conserver les académies", explique Éric Puren, membre du secrétariat général de la FSU et membre du CAEN (Conseil académique de l'éducation nationale) de l'académie de Rouen. "Est-ce la même question posée maintenant ?" Un "vrai souci" selon lui alors que, constate-t-il, se pose la question de "l'anticipation" et d'un "projet" et que "nous n'avons aucune information officielle par ailleurs".

Les personnels veulent d'abord un bilan de l'action du recteur de région académique

Éric Puren estime que devrait d'abord être fait un "bilan" de l'action du recteur de région académique, nouveau statut instauré lors de la fusion des régions et qui faisait de l'un des recteurs l'interlocuteur unique de l'État notamment auprès du conseil régional. Il cite l'exemple des "plans sur le lycée du futur", annoncés par le Conseil régional en janvier 2016 autour de 6 orientations, et pour lesquels, selon le représentant syndical, n'a pas été menée de "concertation avec l'autorité de l'État" et les représentants de l'éducation. Or, "tout ce qui relève de la pédagogie, de l'enseignement et des savoirs relève des compétences du rectorat".

L'annonce de l'expérimentation suscite aujourd'hui plusieurs interrogations : "va-t-il y avoir une diminution des personnels affectés par exemple à la division du service informatique, ou encore à la division financière ?" ; va-t-il y avoir des "mutations" et "quels personnels vont être touchés ?" ; que vont devenir les instances paritaires comme le comité technique paritaire, le CDEN (Conseil départemental de l'éducation nationale) et le CAEN ? Enfin, pour le représentant syndical, se pose également "la question principale" de "la transparence et de l'efficacité du service public". Le syndicat, qui "défend l'idée d'un service public de proximité" estime difficile pour un recteur de région d'assumer l'ensemble des relations qu'il doit avoir avec "les multiples interlocuteurs" de l'éducation du 1er et second degrés, par exemple avec les services de toutes les mairies qui abritent des écoles. "Le recteur de région sera-t-il capable de prendre en charge les questions de l'éducation avec la même finesse ?", interroge Éric Puren qui craint "une déperdition des réalités de terrain", "des décisions bureaucratiques" et "une politique purement gestionnaire", ce qu'avaient souligné les signataires du courrier du 4 septembre. Et le syndicat déclare vouloir rester "vigilant pour le maintien d'écoles de proximité" alors que se pose avec cette nouvelle organisation la question du "maintien de l'équilibre territorial dans l'ex Basse-Normandie" et celui de "la conservation des petites villes et villes moyennes".

"Nous ne savons rien pour l'instant" et "aucun cadrage n'a été fait", ont répondu par ailleurs le ministère de l'Éducation nationale et le rectorat de Caen contactés également par ToutEduc. Les signataires du courrier envoyés par le SNASUB demandaient "à rencontrer le recteur de Caen dans les plus brefs délais afin d'avoir de nouveaux éléments sur la situation", ainsi que "la nomination dans les plus brefs délais d'un recteur à Rouen". Selon le syndicat, aucun retour à ce jour ne leur a été fait et aucun CAEN n'a été convoqué.

Pour sa part la FNEC refuse ce "projet d’expérimentation". Pour la fédération FO de l'enseignement, la fusion d’académies "aurait comme conséquences une remise en cause statutaire pour les agents : périmètre d’affectation, mobilité forcée, suppressions de services et de personnels". Elle y voit la volonté de "renforcer la coopération avec les collectivités territoriales, renforcer la déconcentration et la gestion des personnels, voire, régionaliser le recrutement."

Camille Pons

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