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Quel est le statut de la parole ministérielle ? Le SNPDEN s'interroge

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 14 septembre 2017.

Seul un collège sur quatre et un lycée sur 10 a effectivement organisé une rentrée en musique. C'est ce qui ressort de l'enquête de rentrée du SNPDEN. Le syndicat UNSA des personnels de direction de l'Education nationale s'interroge : s'agissait-il, de la part du ministre, d'une injonction, comme les personnels l'avaient d'abord compris, ou d'un souhait, comme Jean-Michel Blanquer a semblé le dire ensuite ? Dès lors, quel est le statut de la parole ministérielle ? Ce thème est revenu plusieurs fois, ce 14 septembre, lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée.

Dans l'ensemble, et comme chaque année, la rentrée s'est plutôt bien passée, puisque seuls 7 % des 2 513 répondants, représentant 1/3 des collèges et lycées, estiment le contraire. Mais le syndicat souligne l'importance des différences entre les académies. A ne considérer que la métropole, dans une académie, seules un peu plus de 1% des réponses sont négatives contre 17 % dans une autre ! "En réalité, le ministère n'a plus prise sur l'organisation de la rentrée, hormis sur la création de postes", souligne Philippe Tournier, le secrétaire général du syndicat.

Le second degré est moins touché que le 1er degré par la question des emplois aidés, et d'ailleurs, un certain nombre d'établissements, les lycées surtout, avaient refusé d'en recruter quand on le leur demandait, étant déjà échaudés et refusant "les effets de yoyo", des campagnes de recrutement alternant avec des campagnes inverses. Mais les personnels ont été choqués de "la brutalité de la décision", à la veille de la rentrée, ce qui les a amenés, indépendamment des difficultés d'organisation, à gérer des situations humaines très difficiles.

En ce qui concerne la réforme du collège, la moité des établissements n'a pas utilisé les nouvelles marges de souplesse qui venaient de leur être laissées, un quart y songe pour l'an prochain, et un quart les a effectivement mises en œuvre. Le syndicat y voit la confirmation de sa position constante, "on ne change pas les pratiques par des modifications de structures".

Mais c'est surtout la question posée par la gestion d'APB qui suscite l'inquiétude de l'organisation syndicale. "On est très mécontents de cette affaire !", commente le secrétaire général pour qui "c'est le seul produit informatique qui fonctionne", peut-être parce que son élaboration et sa gestion sont partenariales. Il est parfaitement ergonomique, et il "a assaini et moralisé les pratiques de recrutement dans l'enseignement supérieur". Est-ce pour cela qu' "il n'a jamais plu aux autorités"? Il n'est en rien responsable de la difficulté qu'il y a à faire rentrer plus d'étudiants dans les universités qu'il n'y a de places. Il y a d'ailleurs au total 3 000 élèves sans affectation, moins que les autres années. En revanche, depuis 2011, le politique est intervenu chaque année pour en modifier le fonctionnement au dernier moment, ce qui a d'ailleurs mis en difficulté les lycées chargés d'accompagner les élèves dans leurs choix : "nous leur avons distribué des brochures fausses", puisqu'elles avaient été conçues avant les changements. De plus, cette année, c'est par les élèves que les chefs d'établissement ont appris que les filières qui étaient assorties d'une "pastille verte" signalant que les candidats n'avaient aucun souci à se faire et que leur voeux serait accepté, ne l'étaient plus et leurs élèves recalés. Philippe Tournier parle de "désinvolture", "la crédibilité de la parole [des personnels de direction]" était mise à mal et "on a vu réapparaître tous les comportements d'avant APB".

Des groupes de travail sont mis en place au ministère. Ils rendront leurs conclusions fin octobre. Aucune décision ne sera prise avant décembre, ni sur l'outil, ni sur une modification des procédures pour prendre en compte des "pré-requis". En aucun cas, ne pourra être mise en place une alternative fiable à APB, alors que les élèves de terminale commencent à réfléchir à la présentation de leurs voeux qu'ils rentreront au second trimestre. "La crise est amplifiée par la communication officielle" et "les élèves et leurs parents ne croient plus à ce qu'on leur raconte, les établissements non plus".

Le responsable syndical a d'ailleurs évoqué d'autres sujets pour lesquels la communication fait problème, qu'il s'agisse de l'ouverture des STS aux bacheliers professionnels alors qu' "on a réformé les programmes des BTS pour les rendre inaccessibles aux bacs pro", ou de l'interdiction des téléphones portables au collège alors qu'elle est juridiquement impossible, comme le sont d'ailleurs leur stockage ou la répression des usages. Le SNPDEN n'est pas opposé à une évaluation des établissements, mais la mise en place d'une structure indépendante nécessiterait des moyens considérables. De même, le dispositif "devoirs faits" suppose des moyens spécifiques [non compris dans la DHG, les moyens dont l'établissement est doté et qui sont répartis par le conseil d'administration, ndlr]. Le syndicat prend acte de ce que, pour le Premier ministre, les élèves qui sortent du lycée pour fumer et qui stationnent devant les grilles "sont en sécurité". Et il s'étonne du caractère "irréel" de certains sujets du brevet...

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