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L'OCDE pointe les paradoxes du système scolaire français

Paru dans Scolaire le mardi 12 septembre 2017.

"Les pouvoirs publics s'intéressent de plus en plus aux analyses comparatives internationales (...) lorsqu'ils doivent élaborer des politiques (...) [et] mettre en oeuvre des systèmes d'éducation plus efficaces et plus équitables", note l'OCDE dans l'avant propos de son édition annuelle des "Regards sur l'éducation", un fort volume de près de 500 pages compilant l'ensemble des indicateurs disponibles. Publié ce 12 septembre, il montre que, dans l'ensemble des pays avancés, "le niveau de formation des adultes a augmenté" mais que "la profession enseignante pâtit du manque d'attractivité des salaires et du vieillissement du corps enseignant".

Dans la présentation qu'elle en a faite pour la France, Corinne Heckmann met en évidence un paradoxe, le niveau des élèves français au CM1, mesuré par PIRLS (lecture) et TIMMS (mathématiques et sciences) est très largement inférieur à la moyenne européenne, bien que la France soit, après le Mexique, le pays qui consacre le plus d'heures aux enseignements fondamentaux, près de 60 % du temps d'enseignement, lequel, avec 864 heures de classe par an, est au-dessus de la moyenne européenne (776 heures). De plus, les élèves français avaient, même avec la semaine de 4,5 jours, le plus faible nombre de jours de classe par an, 162 contre 183 (moynne européenne). Les premières évaluations de la réforme des rythmes scolaires n'ont certes pas donné "des résultats aussi positifs qu'on l'aurait imaginé", mais l'OCDE regrette le retour aux 4 jours, d'autant que certaines communes semblent faire ce choix pour des raisons financières. Les effectifs, 23 élèves en moyenne dans les classes élémentaires (avant la réforme de cette année) est légèrement supérieure à la moyenne de l'OCDE ou des pays européens de l'OCDE (21). Dès lors, sur quels leviers agir ?

La réduction massive des effectifs au cours préparatoire et au CE1 correspond aux données de la littérature internationale, mais elle ne sera efficace que si elle s'accompagne d'une adaptation de la pédagogie, si les enseignants disposent de supports différenciés, s'adaptent aux niveaux de langage très divers des élèves, les mettent en confiance, et travaillent avec leurs intelligences multiples. L'OCDE pointe aussi du doigt la faiblesse de la scolarisation avant 3 ans, les structures d'accueil de la petite enfance de nombreux pays ayant, contrairement à ce qui se passe en France, "un volet pédagogique". Quant au dispositif "plus de maîtres que de classes", il allait "dans le bon sens".

Le vieillissement du corps enseignant

L'OCDE évoque, parmi les caractéristiques de la situation française, une diminution très importante de la part des enseignants du 1er degré de moins de 30 ans, passée en 10 ans de 16 à 8 %, alors qu'elle est passée de 23 à 30 % au Royaume-uni et de 17 à 12 % en moyenne OCDE. Leurs salaires (32 700 équivalents $, 28 525 en début de carrrière) sont inférieurs à la moyenne européenne (35 300, 30 080 en début de carrière, 54 426 en Allemagne), alors qu'ils font 900 h par an devant élèves contre 766 en moyenne européenne, et qu'ils ont des tâches autres que d'enseignement importantes. "On souhaiterait une réflexion sur le métier d'enseignant, sur la question du salaire, même si on ne choisit pas ce métier pour gagner beaucoup d'argent, mais aussi sur la formation et l'accompagnement tout au long de la carrière, avec des supports et des aides pour le travail avec des élèves en difficulté."

Car on sait ce qui marche : la coopération entre enseignants, y compris le partage de "bonnes pratiques" via les réseaux sociaux, le travail avec de petits groupes d'élèves, la différenciation des supports selon les diverses formes d'intelligence. L'analyste de l'organisation internationale a évidemment été interrogée par les journalistes sur les mesures prises depuis cet été. L'évaluation des établissements, dit-elle, suppose la mise en place d'un dispositif d'évaluation. Au collège, les enseignements interdisciplinaires étaient intéressants car ils permettaient d'aborder autrement des connaissances inscrites au programme, sans doute des formations et des supports pédagogiques ont-ils manqué. Quant aux classes bilangues et à l'option latin, elles risquent de renforcer l'élitisme. L'OCDE ajoute que le surcoût du lycée s'explique par la diversité des options.

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