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"Des enseignants entre lassitude et colère" (FO)

Paru dans Scolaire le mardi 05 septembre 2017.

Pour la FNEC, la fédération FO de l'enseignement, les annonces de Jean-Michel Blanquer s'inscrivent dans un contexte "de régression sociale inacceptable" et de "remise en cause des cadres collectifs et des statuts des personnels". Sur le terrain, "ça grogne de partout", quand ce n'est pas "de la colère". Le décalage entre les discours ministériels, "lénifiants", "tournés vers l'opinion publique" et le vécu des personnels provoque leur lassitude, voire leur démoralisation, "mais ils sont très attachés à leurs statuts car ils considèrent qu'au-delà d'eux-mêmes, ils protègent l'Ecole. Ils ne se laisseront pas faire", commente Hubert Raguin, le secrétaire général.

Celui-ci évoque des "dossiers brûlants", au premier rang desquels il cite les contrats aidés, dont la diminution, au-delà des situations humaines qu'elle génère, crée des "situations très difficiles dans les écoles, les collèges, les lycées, dans les cantines, dans les transports scolaires...". Il ajoute "on n'a jamais été demandeurs de contrats aidés, mais l'urgence, c'est le renouvellement de tous, ils remplissent de vraies missions." Plusieurs établissements seraient déjà en grève à ce sujet, en Essonne, en Indre-et-Loire, en Gironde. Toutefois, au sujet de la scolarisation des enfants en situation de handicap, la FNEC a le sentiment d'avoir été entendue quand elle a évoqué en audience au ministère "les situations épouvantables" que générerait leur "inclusion systématique".

Les "CP à 12" provoqueraient aussi de premières grèves dans la banlieue lyonnaise, du fait de l'augmentation des effectifs aux autres niveaux. Le SNUDI (le syndicat FO du 1er degré), est certes favorable à une diminution des effectifs, mais il ajoute qu'aucun texte réglementaire n'encadre ainsi l'organisation des classes, qui est normalement de la responsabilité du conseil d'école. Quant à la co-intervention de deux enseignants pour 24 élèvees, elle peut être "difficile à gérer". Au-delà, ce dispositif renvoie à une formule, "100 % de réussite en CP", qui définit une obligation de résultat. "Comment seront évalués les collègues qui n'auront pas 100 % de réussite ? Quelles incidences sur leur carrière, sur leur possibilité de choisir leur classe l'année suivante ?" Par ailleurs, les résultats des élèves aux tests resteront dans la circonscription. N'est-ce pas pour donner les moyens à l'inspection de définir une politique locale ?

Le retour à la semaine de 4 jours répond à l'attente des enseignants, mais le ministère "garde la matrice", une "école des territoires", qui pourrait là encore mettre à mal les cadres nationaux, ne serait-ce que le calendrier des vacances. La remise en cause des contrats aidés amènerait certaines municipalités à revoir leur décision d'attendre la rentrée 2018 pour faire leur choix, et elles demanderaient des dérogations pour un retour immédiat aux 4 jours.

La possibilité pour les collèges de revenir sur certains aspects de la réforme ne touche pas au point qui fait le plus problème pour la FNEC et le SNLC (le syndicat FO des lycées et collèges), l'autonomie des établissements.

Moins brûlants, mais non moins préoccupants pour la FNEC, les projets de réforme du bac, de la voie professionnelle et de l'organisation territoriale des académies. Sur le premier, la fédération note que les mots "diplôme" et "disciplines" n'apparaissent pas, ce qui est cohérent avec la réforme du code de travail, et la volonté de faire sauter dans les conventions collectives la référence au diplôme. Celui-ci doit rester un diplôme national, donc sans contrôle continu, et le premier grade universitaire. Il ne faudrait pas que chaque université définisse ses pré-requis.

S'agissant de la voie professionnelle, le SNETAA s'inquiète de la convergence des desiderata du MEDEF et des Régions, qui aboutirait à un renforcement de l'implication des entreprises, des collectivités et des branches dans la définition de la carte des formations, donc des ouvertures et fermetures de classes. Le syndicat FO de l'enseignement professionnel dénonce également la logique des "campus des métiers", qui est fondée sur la compétence plutôt que sur le diplôme.

Par ailleurs, l'absence de nomination d'un recteur à Rouen et l'expérimentation d'un rectorat unique correspondant à la Région Normandie constituent un autre sujet d'inquiétude. S'y ajoute le projet de fusion des instances représentatives des personnels, qui pourrait à terme concerner la fonction publique.

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