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Un réquisitoire contre "la déséducation nationale" soutenu par les mésaventures personnelles d'une enseignante (A-S Nogaret)

Paru dans Scolaire le mercredi 23 août 2017.

"Le bon prof (...) admet que les jeunes gens devant lui sont protéiformes et en devenir. Il admet aussi que certains sont irrécupérables (...) Il serait bon je crois de cesser de penser que sauver le monde, c'est à dire en l'occurrence sauver tout le monde, est de l'ordre du possible et du souhaitable." Anne-Sophie Nogaret est professeur de philosophie, et elle défend une position, le système scolaire ne peut pas faire réussir tous les élèves, sauf à renoncer à ses exigences académiques, même limitées à un minimum, et à toute forme d'autorité. Cette thèse est fréquemment soutenue dans les conversations de nombre de "salles des profs" durant l'année, et, très logiquement, elle se retrouve dans la production éditoriale de chaque rentrée.

Mais l'auteure de cet essai-pamphlet va plus loin. Pour elle, "l'institution" est prise dans un modèle maternel, celui de "la maman toute dévouée à son petit", ce qui l'amène à réserver son "infinie mansuétude aux élèves tandis qu'elle malmène ses professeurs" et les infantilise. Derrière la bienveillance affichée se cache, estime-t-elle, une volonté de toute puissance. Et elle en est, elle-même, la première victime. La moyenne des copies qu'elle corrige au baccalauréat attire l'attention de l'inspection, la "rigidité" de son attitude en classe lui vaut des conflits avec les élèves, avec les parents (mais elle "hurle plus fort qu'eux jusqu'à ce qu'ils baissent d'un ton"), avec l'administration, et avec ses collègues pour lesquels elle ne cache pas son mépris : elle dénonce leur "lâcheté" tandis que "la syntaxe, l'orthographe et la grammaire ne sont désormais maîtrisés que par une minorités de profs" [elle-même laisse d'ailleurs passer des fautes dans son texte, ndlr].

Son propos est souvent d'une grande violence. Pour elle, "le niveau s'est littéralement effondré", avec la complicité du "ministère du plan quinquennal éducatif" qui s'est "donné la possibilité de commettre une telle aberration et une telle félonie envers les correcteurs [du baccalauréat]". Elle se fonde davantage sur des épisodes de son expérience personnelle, tels qu'elle les rapporte, que sur une analyse proprement philosophique ou sur des données incontestables, la généralisation valant souvent démonstration. Elle s'inscrit surtout dans une vision de la société française, "en phase accélérée d'américanisation" et qui s'est "communautarisée". Elle oppose "la notion de chose publique, d'intérêt général" au souci de "l'épanouissement du moi". Elle condamne "le psychologisme", "le catéchisme anti-homophobe" et "la rhétorique de la culpabilité" et se défend à peine d'appartenir "à la fachosphère" : "La situation de l'école est catastrophique (...) Si ce simple constat suffit à transformer son auteur en facho, il ne reste plus alors qu'à revoir le sens du mot facho."

"Du mammouth au Titanic : la déséducation nationale", Anne-Sophie Nogaret, L'Artilleur éditeur, 333 p., 18€

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