Scolaire » Recherches et publications

Eric Debarbieux : l'Ecole, ses élèves et ses personnels méritent mieux que des invectives ou des circulaires

Paru dans Scolaire le dimanche 20 août 2017.

Eric Debarbieux est un homme en colère. Son dernier livre est un cri, et l'universitaire n'hésite pas à évoquer les médiocres coups bas dont il a été victime, les insultes imbéciles sur les réseaux sociaux, et toutes choses qui ne vaudraient pas d'être mentionnées si elles n'étaient révélatrices du grand désarroi qui frappe l'Ecole. Et pourtant, retrouvant la hauteur de vue du chercheur en éducation, spécialiste des violences scolaires, tout ne va pas si mal, loin de là, et la réalité est très différente de ce qu'en disent "les chantres de la décadence" : "la mauvaise foi, l'idéologie et l'incompétence fonctionnent très bien chez les contempteurs de l'école" et de la pédagogie, rebaptisée "pédagogisme".

Mais plus encore, l'auteur est désolé. Il a commencé sa carrière comme éducateur avec des enfants en très grande difficulté, il a été "petit instituteur" et a enseigné dans les classes de relégation, mais ce sont les trois années passées au ministère de l'Education nationale comme délégué en charge des questions de violence qui ont été "les plus difficiles", parmi des hauts fonctionnaires qui, lorsqu'ils ne rédigent pas de circulaires font... "des pots de départs". La "loi de Refondation" était "une belle loi, humaniste, puissante", "avec de vrais moyens financiers", mais elle a fait l'impasse sur la question, essentielle, du pouvoir. On ne change pas les comportements par circulaires, et, faute de l'avoir anticipé, elle a provoqué "de la rancoeur et du désavoeu". E. Debarbieux y revient à plusieurs reprises, "le malaise des professionnels est immense". Il est urgent de reconnaître "que dans l'humanité des classes et des établissements, nul n'est un automate". Car, avec "les meilleures intentions du monde", les réformes oublient de considérer "le point de vue des acteurs de terrain".

A côté de la souffrance des personnels, des enseignants notamment, il pense aussi à la souffrance des élèves. Pas tous. Pour la plupart, ils se portent bien, aiment l'école, et y sont heureux. Mais que fait-on pour ceux qui n'y trouvent pas leur place ? Quand comprendra-t-on que la prévention coûte moins cher que la répression ou la remédiation ? Première priorité donc, se donner les moyens d'une école réellement inclusive. Vient ensuite, comme son corollaire, "l'aide aux personnels" et "les solidarités entre adultes", alors que "la question des conflits d'équipe (...) pourrit la vie de milliers d'établissements". Troisième priorité, faire en sorte que tous se sentent concernés par les questions de discipline, de maintien de l'ordre, d'éducation. Quatrième priorité, "l'éducation prioritaire doit être réellement prioritaire", et pour l'auteur, c'est un problème d'ensemble, qui inclut notamment la question de la pédopsychiatrie dans les quartiers de la politique de la ville. Cinquième priorité, "changer la manière de changer", et donc une réflexion "sur le pouvoir et sa co-construction dans les établissements et les écoles". Enfin, un "investissement massif" dans la formation professionnelle des enseignants.

"Ne tirez pas sur l'école ! ... réformez-la vraiment", E. Debarbieux, Armand Colin, 238 p., 15,90€, en librairie le 23 août.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →