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Savoirs académiques : l'Internationale de l'Éducation suggère de développer les plates-formes à but non lucratif pour contourner l'accès payant imposé par les éditeurs scientifiques

Paru dans Scolaire le vendredi 21 juillet 2017.

Dans sa dernière lettre en date du 19 juillet 2017, l'Internationale de l'Éducation (IE) publie une analyse critique de la progressive privatisation des savoirs académiques produits par la recherche au sein des universités. S'appuyant sur des articles de la presse internationale et sur les échanges qui s'étaient tenus à ce sujet à l'occasion de la 10e Conférence internationale de l'IE sur l'enseignement post-secondaire, supérieur et sur la recherche, conférence qui s'était déroulée à Accra, au Ghana, du 14 au 16 novembre 2016, l'IE défend l'idée de "la promotion du libre accès" à ces savoirs. Pourtant, ce savoir, constate l'organisation, "est de plus en plus limité par les règles de droit d'auteur sur les articles universitaires, le plus souvent appliquées par les sociétés d'édition".

Ces pratiques, précise l'IE, "ont récemment été mises en évidence dans les médias internationaux" (Times Higher Education Supplement et The Guardian), au travers notamment de l'exemple de la société néerlandaise Elsevier, "qui possède une grande partie du marché de la publication des articles universitaires" et qui "s'apparente davantage à une 'industrie de service de la connaissance' qu'à un simple éditeur scientifique", écrit encore l'IE.

Développer des plates-formes à but non lucratif pour partager ces savoirs

Pour contourner cette "restriction de l'accès aux connaissances" et "les obstacles à l'accès collectif et libre au savoir académique publié sous la forme d'articles scientifiques", grandissants "au fur et à mesure des jugements des tribunaux en faveur des géants de l'édition tels qu'Elsevier", les participants à la Conférence internationale avaient notamment avancé l'idée de développer des "plates-formes à but non lucratif". Parce que "le savoir constitue un investissement collectif dont les fruits devraient bénéficier à la société et à des médiateurs privés sans but lucratif", estime l'IE.

Dans une tribune publiée le même jour sur le blog de Médiapart, la députée européenne Europe Écologie Les Verts, Michèle Rivasi, suggère aussi "de systématiser le deuxième dépôt des articles scientifiques [en plus de la publication dans les revues scientifiques, NDLR] sur des plates-formes publiques, telle que la multidisciplinaire HAL, en faisant en sorte qu'elles soient interopérables avec le reste de la littérature scientifique européenne". Car "le savoir n'est jamais mieux évalué et protégé que lorsqu'il est partagé" et parce qu' "il faut permettre à chacun de le vérifier, le développer et l'amplifier".

En parallèle, elle estime également nécessaire d' "accompagner l'émergence des nouvelles méthodes d'évaluation (les Alternative metrics)" afin que la valeur des membres de la communauté scientifique ne soit plus évaluée seulement "à l'aune des revues dans lesquelles ils publient et de leurs taux de citation". En 2014, l'État français aurait déboursé, selon elle, 172 millions d'euros pour que les universités françaises et les établissements de recherche puissent accéder aux quelque 2000 revues d'Elsevier pendant cinq ans, alors que l'éditeur aurait dégagé, la même année, près de 850 millions d'euros de bénéfices d'exploitation.

Camille Pons

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