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Médecine scolaire : le SNAMSPEN demande davantage de communication sur la profession, des temps de formation dédiés et des stages dans les facs de médecine, ainsi qu'une revalorisation du corps via le PPCR

Paru dans Scolaire le mercredi 19 juillet 2017.

Développer l'information auprès des étudiants de médecine, inscrire et généraliser des modules spécifiques concernant la médecine scolaire et développer les stages dans ce secteur au sein de ces cursus pour rendre le métier plus attractif, et veiller en même temps à ce que, ni ces derniers, ni le recours aux médecins libéraux envisagé par les ministères des Solidarités et de la Santé et de l'Éducation nationale ne conduisent à une externalisation de cette médecine, telles sont quelques-unes des demandes faites par deux délégations de la fédération SGEN-CFDT, dont une représentant le SNAMSPEN (Syndicat national autonome des médecins de santé publique de l'Éducation nationale, affilié au SGEN) aux deux ministères concernés. Ces délégations ont été reçues, en parallèle, le 5 juillet 2017.

Dans un éditorial publié à l'attention des adhérents du SNAMSPEN sur le site du SGEN, ce mardi 18 juillet 2017, le syndicat fait un état des lieux des demandes qui ont été faites à cette occasion et qui visaient deux grands objectifs : "mieux structurer et organiser la médecine scolaire, y compris en termes de moyens" mais aussi "mieux structurer, en temps de travail et en personnels, la politique inclusive", résume à ToutEduc Catherine Nave-Bekhti, la secrétaire générale de la fédération.

Mettre en œuvre le PPCR pour les médecins scolaires, seul corps pour lequel le texte n'a pas été publié

La fédération, qui dit avoir reçu "une écoute attentive" mais pas de réponses à ce stade - les arbitrages devant se faire dans un cadre interministériel -, a fait une première grande demande : que ne soit pas externalisée la médecine scolaire alors que le gouvernement envisage la possibilité de recourir à des médecins libéraux pour effectuer le bilan des 6 ans. "Confier ces bilans à des médecins libéraux qui n'ont pas les connaissances et la vocation, par exemple, à détecter des troubles de l'apprentissage, qui n'ont pas la capacité à déterminer des plans de compensation ou d'adaptation et à faire le lien avec les acteurs de l'Éducation nationale, à l'inverse des médecins scolaires qui, eux, font partie de la communauté éducative, expose ce service à une perte de qualité", argumente la secrétaire générale.

"Certes, la médecine scolaire est confrontée à une pénurie de médecins : on n'arrive pas à pourvoir tous les postes, ni en titulaires, ni en contractuels, et la réalisation de ces bilans est de l'ordre d'à peine 10 % chaque année", poursuit la syndicaliste. "Nous sommes pris en tenaille face à ce manque mais cette mesure ne peut être que transitoire et en aucun cas une solution." Pour le syndicat, la résolution du problème passe avant tout par "un travail sur l'attractivité du métier et la revalorisation du corps".

À ce titre, le syndicat a réitéré sa demande de publication du décret de revalorisation de carrière du corps des médecins scolaires à travers le PPCR (protocole de négociations engagé sous l'ancien gouvernement pour la modernisation des "Parcours professionnels, carrières et rémunérations"), texte "qui est le seul, à ce jour, au regard des autres personnels de l'institution, à ne pas avoir été publié et mis en œuvre", regrette la secrétaire générale. Si les cabinets successifs ont assuré au syndicat qu'il le serait, aucune date ne lui a été donné pour l'instant.

Influer sur les procédures de recrutements académiques

Dans la même lignée, le syndicat plaide pour une refonte de la grille indiciaire des médecins conseillers techniques. "À ce jour, leur grille indiciaire est très peu attractive au regard des responsabilités supplémentaires qu'ils endossent", observe encore Catherine Nave-Bekhti. "Et il y a peu d'écart entre cet emploi fonctionnel et les médecins de secteur, c'est pourquoi nous souhaitons que la grille de ce corps permette d'accéder à des échelons plus élevés."

Concernant les recrutements, le syndicat souhaite que le ministère intervienne pour sensibiliser les rectorats à conserver des délégations d'emplois sur ces postes et à engager des procédures de recrutement même si elles sont longues, alors que le syndicat "constate chaque année, en janvier au moment du comité technique ministériel, que les dotations fléchées pour des emplois de médecins sont utilisées pour d'autres postes". Sur ce plan, la secrétaire générale admet que les politiques sont très disparates, certaines académies affichant 50 % de postes pourvus, d'autres à peine un tiers, les pénuries les plus importantes touchant "souvent les territoires qui comptent, hélas, le plus de zones d'éducation prioritaire". La syndicaliste cite en revanche l'exemple de l'académie d'Aix-Marseille qui "s'est à la fois donnée le temps de faire de l'information, mais a aussi mené une réflexion sur les rémunérations" : le rectorat a ainsi choisi d'ouvrir des postes à l'échelon 9 et recruté 7 médecins contractuels sur deux ans.

Inscrire des temps dédiés à la médecine scolaire dans les études de santé

Autre piste évoquée, et qui faisait partie du programme de campagne du président, développer les stages d'étudiants en médecine scolaire. Disposition qui reçoit un accueil favorable du syndicat car "elle présente un intérêt : faire découvrir la médecine scolaire, ses enjeux", observe Catherine Nave-Bekhti. En revanche, cette mesure "ne doit pas se substituer à la médecine scolaire et les étudiants doivent absolument être encadrés par des maîtres de stage pour que cela soit réellement formateur".

Le syndicat plaide enfin pour "une meilleure information concernant l'existence de la médecine scolaire, très tôt dans les cursus de médecine, mais aussi dans les revues professionnelles médicales". Il faudrait également, poursuit la secrétaire générale, aller plus loin en développant et en généralisant, dans toutes les études de santé, "des temps de formation dédiés".

Le syndicat indique que le gouvernement a annoncé l'ouverture d'une concertation sur la santé scolaire à l'automne, qui pourrait porter tout autant sur la médecine, que les infirmiers, l'organisation des services... et fait état néanmoins de perspectives positives ("volonté de travailler enfin en interministériel et en priorité pour assurer la visite médicale des 6 ans", priorité du gouvernement donnée à "la prévention"). Le SNAMSPEN signale aussi un rassemblement, auquel il ne fait néanmoins pas appel (et la Fédération du SGEN non plus), programmé le 31 août en Seine-Saint-Denis (93) à l'appel des sections départementales de la FSU, Solidaires, Sud Éducation, FCPE et ainsi que de la Ligue des Droits de l'Homme pour protester contre la "la disparition de la médecine scolaire" dans ce département. Ces organisations ont prévu de déposer une requête en responsabilité au Tribunal administratif de Montreuil ce même jour.

Camille Pons

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