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Baccalauréat, APB, bac-3/bac+3 : les propositions du SNPDEN

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 23 juin 2017.

Ce sont “plus de 2 milliards d’euros de cours qui sont perdus, volés aux élèves” pour organiser le baccalauréat, calcule le SNPDEN. Le syndicat UNSA des personnels de direction de l'Education nationale a présenté hier 22 juin à la presse un premier bilan du baccalauréat 2017, une analyse du psychodrame “des pastilles vertes” d'APB et ses pistes de réflexion.

Plutôt que de se simplifier comme François Fillon l’avait imaginé en 2004, le baccalauréat a vu s’ajouter de nouvelles épreuves, comme ces épreuves de compréhension et d’expression orale de langue vivante qui sont passées dans l'établissement, ce qui amène à supprimer des cours dans de nombreuses classes. Cette complexité est source d'erreurs: cette année, 7 "alertes sujets" ont été notifiées aux chefs de centre par SMS, et la plupart du temps constatées par les candidats eux-mêmes, ce qui interroge sur le sérieux de la confection de sujets, d’autant plus qu’avec des sujets qui sont nationaux, la moindre erreur devient une vraie catastrophe. C'est ainsi que 17 889 candidats doivent repasser l'épreuve d’espagnol car le sujet qui leur a été distribué lundi avait déjà été donné au baccalauréat l’an dernier.

Un concours Lépine des sujets

Mais ce qui préoccupe particulièrement le SNPDEN, c’est l’accroissement des polémiques et des pétitions contestant les sujets. Il prend l’exemple du sujet d’histoire des séries L et ES portant sur "socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne des lendemains de la seconde guerre mondiale à nos jours", et s'étonne du caractère exagérément pointu de cette question qui durant l'année aura au mieux été évoquée "durant une heure de cours". Pour certains sujets, "les auteurs semblent se faire plaisir en posant des questions qui pourraient relever de l'oral de Sciences Po ou de l’ENA. Il faut proposer aux élèves des sujets classiques et arrêter ce concours Lépine des sujets les plus inventifs." Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que la concertation pour la correction “amène à donner des notes correctes à des copies qui ne les valent pas."

Et d'ailleurs, "qu'évalue-t-on vraiment au baccalauréat ?” Les enseignants le constatent, APB a modifié le comportement des élèves : les deux premiers trimestres leur permettent d'obtenir le dossier le plus bienveillant possible pour une affectation post baccalauréat et dès le 2 avril, ils “bachotent”. Ils adaptent leur comportement à ce nouveau tempo avec une montée en flèche de l’absentéisme, d’autant que l'accès à des sites de “révision” se multiplient. La mention au bac qui n’a plus aucune influence sur l’affectation devient moins cruciale. Le caractère national des épreuves visant à traiter équitablement tous les candidats devient illusoire dans la mesure où c’est “le dossier personnel de l'élève, dans son établissement, non anonyme, non régulé, professeur par professeur” qui sert pour l’affectation".

Des compétences qui ne sont pas enseignées

La question n'est donc pas celle de l'organisation du bac, mais de la place de cet examen dans le cadre du "bac -3 / bac +3”. Comment lui redonner sa fonction historique de régulation secondaire-supérieur ? "Pour vérifier que les élèves ont bien les compétences nécessaires pour entrer dans l’enseignement supérieur, les épreuves devront être d’une autre nature. Savoir écrire, savoir s’exprimer, savoir exploiter un document, savoir aller chercher des informations sur internet et les synthétiser … sont des qualités qui ne sont pas vérifiés par le baccalauréat." Ni enseignées. Les professeurs forment les élèves aux épreuves d’aujourd’hui et un certain nombre de compétences leur manquent tragiquement. Même des élèves qui dans le secondaire étaient sérieux et faisaient leur travail d'élève échouent à l'université.

Il faut donc qu'un certificat de fin d'études secondaires atteste que le lycéen a bien acquis les compétences correspondant à l’ensemble de ses études au lycée, "et ça on sait le faire", affirme Philippe Tournier. Il faut ensuite "un véritable examen d'entrée à l'université avec des épreuves qui portent sur ce dont on a besoin pour réussir dans le supérieur", avec quatre grands domaines, Lettres et langues, Sciences de l’Homme, Droit et économie, Sciences et techniques. Cela suppose évidemment une évolution des programmes des lycées, c'est un "chantier à ouvrir" et il "n’aboutira pas d’ici la prochaine édition de 2018 du baccalauréat".

Des pastilles jaunes et des pastilles vertes

Par ailleurs, cette conférence de presse a été l'occasion de revenir sur le fonctionnement d'APB et les difficultés d'un certain nombre de formations. Certaines sont "sous tension", les candidats lorsqu'ils s'inscrivent sur APB le savent puisqu'elles sont notées avec une pastille jaune. C'est notamment le cas des STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) et de PACES (Première année commune aux études de santé). Reste à savoir si le tirage au sort est une bonne solution.

Les autres formations sont signalées avec une pastille verte, et les bacheliers généraux étaient obligés de placer parmi leurs voeux une "pastille verte", ils étaient assurés d'obtenir au moins cette formation. Or cette année, certains candidats ont été "mis en attente" sur ce voeu "pastille verte". "Nous avons diffusé des informations qui se sont avérées fausses et on a oublié de nous prévenir", s'indigne Philippe Tournier qui a appris cela par Twitter … “Cela induit qu’il y a des règles secrètes que l’on découvrira plus tard."

La gouvernance d'APB en question

Certes le problème devrait se régler, affirme le SNPDEN qui a posé la question au cabinet : 120 licences “pastilles vertes" seraient débloquées à l’heure actuelle sur les 169 pour lesquelles les candidats étaient mis en attente. "Il pourrait rester à la fin quelque 1 500 cas".

Cet incident, estime Philippe Tournier, pose la question de la gouvernance d'APB, un dispositif initialement conçu pour gérer l'affectation des élèves en classes préparatoires aux grandes écoles. C'est un produit partenarial qui fonctionne sans bug mais qui s’est dilaté à la quasi totalité de l’enseignement supérieur à partir de 2009.

 

Philippe TOURNIER , les bugs du baccalauréat et d'APB ( ici)

Philippe TOURNIER, les proposions du SNPDEN ( ici )

Claude Tran

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