"Il est temps d’arrêter d’opposer les principes de Maria Montessori avec ceux de L’Education nationale" (Ouvrage)
Paru dans Scolaire le mardi 20 juin 2017.
Comment mettre en place la pédagogie Montessori dans l’école publique ? La question est récurrente pour Marguerite Morin, enseignante en maternelle, qui vient d’y répondre dans un livre. "Certains pensent que la pédagogie de Maria Montessori se résume à une accumulation d’outils magiques, d’autres que l’enfant est libre de faire ce qu’il veut et peut devenir un tyran, d’autres encore que l’individualisation des apprentissages va à l’encontre de la socialisation..." Marguerite Morin qui s’est elle-même formée à la pédagogie Montessori en 2011 veut remettre en cause ces "préjugés".
Pour l’auteure, "il est temps d’arrêter d’opposer les principes de Maria Montessori avec ceux de l’Education nationale, car une grande partie des demandes institutionnelles peuvent être atteintes en mettant en place cette pédagogie, tout en permettant le développement harmonieux de l’enfant". Reprenant la phrase de Maria Montessori adaptée de Montaigne, "L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais une source qu’on laisse jaillir", Marguerite Morin affirme qu’il s’agit avant tout pour l’enseignant de "changer d’attitude".
Pour permettre à l’enseignant d’entrer dans "la personnalisation des apprentissages", l’auteure revient sur les fondements de la pédagogie Montessori, explicite le fonctionnement d’une classe Montessori (emploi du temps, budget, relations avec les collègues, nombre d’élèves...) mais surtout fait le lien entre cette pédagogie et les programmes officiels. Des fiches pratiques présentent plus de 60 activités illustrées de photos d’élèves en situation. Les outils, téléchargeables en ligne, complètent la démarche par des plans de séquences thématiques détaillés, séance par séance, des fiches de suivi, des documents d’évaluation et des vidéos de vie de classe…
En accord avec les neurosciences
Marguerite Morin s’appuie aussi sur la recherche en neurosciences, soulignant que "l’image cérébrale tend à valider des intuitions que Maria Montessori a eues en son temps". Le fait d’être acteur de ses apprentissages permet de les consolider mais, citant les travaux de Giacomo Rizzolatti, le spécialiste italien des neurosciences, l’auteure rappelle qu’ "être actif" ne signifie pas forcément "faire l’action" : "la capacité de reproduire une action observée est celle d’apprendre une nouvelle action par l’observation".
"Dans la pédagogie Montessori", constate Marguerite Morin, "l’enfant observe l’enseignant faire les présentations, mais aussi les autres enfants réaliser leurs activités. Il a la possibilité d’analyser une même action plusieurs fois. Tout cela est déterminant. Mais au-delà de l’observation, l’enfant a également la possibilité de répéter l’activité une multitude de fois." Une répétition qui permet, selon l’auteure de "renforcer les liaisons neuronales qui favorisent l’apprentissage".
"La pédagogie Montessori en maternelle, pour une pratique à l’école publique", ESF Sciences humaines, 24€.