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Plus de maîtres que de classes : en Haute-Garonne, la décision de fermer les postes en REP+ suscite la colère du SNUIPP

Paru dans Scolaire le mardi 13 juin 2017.

"Dans notre département, les 'Maîtres supplémentaires' existent depuis 35 ans et pourtant le DASEN de la Haute-Garonne est le premier en France à avoir décidé de les supprimer !" Cette décision, annoncée le 1er juin lors du CDEN (Conseil départemental de l'Education nationale) d’ajustement de la carte scolaire, concerne quasiment tous les postes de "Plus de maîtres que de classes" (PDMQDC) des 18 écoles REP+ du département, soit 22,5 des 29 postes affectés à ces réseaux. "Une décision extrêmement forte", dénonce le SNUIPP dans un courrier adressé le 6 juin à Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, alors que la mise en place des CP à 12 dans les écoles de REP + serait, selon le syndicat, "compatible avec des décisions plus nuancées", "d’autres choix" qui seraient "respectueux de l’engagement des équipes et du travail mené avec les élèves". Le syndicat appelle à un rassemblement ce jeudi 15 juin devant le rectorat de Toulouse et à la grève le 20 juin prochain.

Principaux motifs de la colère, au-delà du fait que le syndicat est favorable à la pérennité du dispositif pour lequel une soixantaine de postes ont été créés dans ce département (dans les REP mais aussi des établissements de la politique de la ville) : la suppression des postes, donc la mise des enseignants concernés sur les phases complémentaires du mouvement, et une "décision précipitée et sans aucune concertation". Selon Jean-Philippe Gadier, le co-secrétaire départemental du SNUIPP 31, la mesure a en effet été annoncée aux organisations représentatives du comité technique le 30 mai, la veille de la première réunion d'ajustement de la carte scolaire. Le 31 mai au CT et le 1er juin au CDEN, l'ensemble des syndicats ont voté contre cette mesure, à l'exception du SE-UNSA qui s'est abstenu.

Un scénario chiffré proposé au DASEN pour maintenir les postes

Le SNUIPP, qui condamne "un acte violent et méprisant envers les équipes investies sur le terrain qui œuvrent pour réduire les inégalités scolaires", a proposé un autre "scénario chiffré" pour pouvoir mettre en œuvre les "CP à 12" sans pour autant supprimer le label PDMQDC. Pour permettre la mise en place de cette nouvelle mesure, il suffirait, selon le syndicat, de créer 8 postes en plus des actuels PDMQDC.

Jean-Philippe Gadier rappelle que le département disposait jusque là d'un dispositif bien étendu : la mesure, existante ici depuis 1982 sous diverses appellations, avait notamment été développée grâce à la volonté de l'administration de l'éducation nationale et d'un moratoire acté au lendemain de l'explosion de l'usine AZF, en septembre 2001, explosion qui avait causé beaucoup de dégâts au Sud de Toulouse, là où se trouve concentrée la majeure partie de l'éducation prioritaire. Selon le co-secrétaire du SNUIPP, le différentiel élèves école prioritaire / école "ordinaire" à l'élémentaire s'élevait sur ce territoire à 6 élèves, soit 21 élèves élèves par classe en éducation prioritaire contre 27 en école "ordinaire", alors que l'écart est de l'ordre de 1,5 élèves au niveau national.

Le SNUIPP 31, qui attend la mise en place des modalités dans les autres académies avant de définir une stratégie pour la défense du dispositif lui-même, indique que si ses actions ne trouvent pas d'écho en juin, d'autres seront mises en œuvre à la rentrée. "Pour l'instant on conteste plutôt la manière que le fond, la désorganisation des équipes, la perte des postes par ces personnels", poursuit Jean-Philippe Gadier. "On demande un peu de respect." Quant au maintien du "label", il est d'autant plus important, poursuit le co-secrétaire, qu'il est "plébiscité par les enseignants", notamment parce qu'il "offre plasticité et souplesse et implique le travail en équipe".

85 % des PE satisfaits du dispositif PDMQDC

Outre le courrier adressé à Jean-Michel Blanquer, auquel le SNUIPP n'a pas obtenu de réponse non plus, le syndicat a édité un quatre pages dans lequel il reprend des témoignages d'enseignants et de chercheurs sur ce sujet. On peut y lire que "85 % des PE jugent le dispositif PDMQDC satisfaisant ou plutôt satisfaisant" (sondage SNUIPP-FSU rendu public au colloque Éducation prioritaire de juin 2016), que le dispositif contribue à améliorer le climat de la classe ("la présence de deux adultes permet par exemple une gestion plus rapide des petites perturbations du quotidien"), "de libérer les échanges sur les pratiques de chacun, les difficultés rencontrées", "de 'croiser les regards' sur les enfants et mieux cerner les besoins de chacun" et "de ne pas focaliser son attention exclusivement sur les élèves en difficulté".

Le document reprend également un extrait de de la pétition nationale, soutenue entre autres par les chercheurs Roland Goigoux, Dominique Bucheton et Sylvie Cèbe. Les pétitionnaires y soutiennent que "le dispositif plus de maîtres que de classes a montré l'efficacité du coenseignement sur la dynamique entre maître de classe et maître supplémentaire, mais plus largement sur l'équipe d'école". Selon eux, envisager des CP à 12 au détriment du PDMQDC constitue "une recentration vers l'éternel '1 maître = une classe' sans plus d'échanges pour confronter ses pratiques. C'est remiser la dimension 'travail collectif', tout comme le travail conjoint".

Camille Pons

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