Scolaire » Recherches et publications

"La classe inversée n’est pas une doctrine" (Les Cahiers pédagogiques)

Paru dans Scolaire le mercredi 24 mai 2017.

"Mais alors, c’est quoi ton rôle dans la classe inversée, et tu fais cours quand ?" Selon Sami Cherif, enseignant d’histoire-géographie en collège, c’est ainsi que débutent ses échanges avec ses collègues sur la classe inversée. Rédacteur d’un des articles du nouveau dossier des Cahiers pédagogiques consacré à cette pratique, il s’interroge sur la rupture qu’elle peut représenter pour l’enseignant.

Remise en question du modèle transmissif, émergence d’une relation professeur-élève nouvelle fondée sur la coconstruction des apprentissages, lien étroit avec le numérique, la classe inversée inquiète. Et Sami Chérif relativise : "La mise en œuvre de la classe inversée est fortement liée à des ressources et outils numériques en perpétuelle évolution", mais il ne faudrait pas "se laisser emporter par une sorte d’ivresse du tout technologique". Il ne s’agit pas non plus de valoriser de façon excessive "l’emploi d’un terme générique, ‘la classe inversée’, simplificateur à outrance, présenté comme la solution à tous les maux pédagogiques" et qui accentuerait les réactions répulsives.

Emancipation pédagogique

En introduction à ce dossier, Françoise Colsaët, des Cahiers pédagogiques et Héloïse Dufour, présidente de "Inversons la classe !", précisent : "Ce dont parlent les pages qui suivent, ce sont des pratiques inversées, au pluriel, de la diversité des approches de la classe inversée". Doctrine ? Théorie ? "La classe inversée, pour ceux qui la pratiquent et qui témoignent ici, n’est pas une doctrine pédagogique", soulignent les auteures, "c’est une idée de base, à partir de laquelle ils pensent leur pratique". Ce dossier "a voulu privilégier une approche ni pour, ni contre et seulement essayer de comprendre les raisons de l’enthousiasme, de poser des questions d’apporter des éléments de réflexion pour que chacun se fasse son idée".

 

Si l’on peut faire remonter la logique de la classe inversée à Montaigne, Isabelle Nizet, professeur à l’Université de Sherbrooke au Canada, rappelle que "c’est dans les années 1990 qu’Éric Mazur, professeur de physique à Harvard, s’est mis à développer avec ses étudiants un enseignement dit ‘par les pairs’. Cette formule pédagogique impliquant que les étudiants acquièrent hors classe des connaissances qu’ils devaient par la suite partager et valider en classe avec leurs pairs". Une formule qui s’est largement développée grâce aux outils numériques, notamment grâce à des sites web comme la Khan Academy. Même si Isabelle Nizet ne veut pas systématiquement lier classe inversée et médiation numérique mais considère que "l’attrait pour l’inversion représente surtout une émancipation face à un modèle pédagogique plutôt traditionnel".

La classe inversée peut-elle réduire les inégalités sociales et culturelles ? Si l’on en croît certains témoignages "elle permet au travail dans la classe d’être plus efficace". Des enseignants disent y "trouver une clé qui ouvre une réflexion pédagogique nouvelle". Et les élèves, comme Rémi, en 1ère dans un lycée professionnel de Lyon, d’en conclure : "Finie la vieille école des années 80, où le silence est roi et les élèves n’ont pas le droit à la parole. […] La classe renversée (sic), c’est beaucoup plus motivant et encourageant. Même pour les élèves en difficulté comme moi. Je me sentais à la fois très autonome et sûr de moi, car le soutien apporté par les professeurs se fait ressentir comme un filet de sécurité."

Les Cahiers pédagogiques, n°537, mai 2017, 10€.

 

Colette Pâris

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →