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Voie professionnelle : quels élèves, quels enseignants ? (Education & Formations)

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 14 mai 2017.

"Longtemps en charge de la formation de l’élite ouvrière, les lycées professionnels accueillent aujourd’hui, massivement, dans des contextes fortement ségrégués, les élèves qui ont été les plus en difficulté dans l’enseignement secondaire." Cette formule illustre bien l'ambition du dernier numéro de la revue Education & formations, consacré à la voie professionnelle si on y ajoute cette autre formule : "Le public des LP partage des caractéristiques qui le distinguent autant des élèves de l’enseignement général que des apprenties et des apprentis du secondaire."

"Ils ont plus souvent des parents ouvriers et employés que ceux de l’enseignement général et ont des parents moins stabilisés dans l’emploi que les apprenties et les apprentis. En matière de mixité, les filles sont moins représentées en LP qu’au sein de l’enseignement général, mais le sont davantage qu’en apprentissage. Les élèves de nationalité étrangère ou issus de l’immigration sont, quant à eux, largement plus représentés en LP qu’au sein de l’enseignement général et de l’apprentissage." Les élèves des lycées professionnels sont pourtant très loin de représenter un ensemble homogène. Une minorité d'élèves est issue des "catégories intermédiaires, voire favorisées", tandis que "33 % des mères et 30 % des pères sont au chômage, au foyer, retraités ou décédés", et les auteurs ont "découvert des établissements entiers dont l’origine des élèves (imputée ou supposée) semblait indiquer une origine étrangère".

La revue permet de distinguer les modes de recrutement différenciés des lycées professionnels et de l'apprentissage pour lequel les recruteurs sont "susceptibles de privilégier les candidats qui leur ressemblent au même âge", ce qui ne va pas sans "préjugés sociaux" voire "discrimination raciste". Mais "le recrutement d’apprentis répond d’abord à des besoins de l’entreprise tels que le renforcement d’une équipe à moindre coût". Dans les métiers attractifs, où le nombre des prétendants est important, les employeurs fondent leur sélection "sur la combinaison de différents critères", sur leur appréciation "des savoir-être et savoir-faire" évalués "à l’occasion d’une mise en situation professionnelle à laquelle se prêtent mieux les élèves ayant effectué plusieurs stages" alors que "le lycée professionnel recrute sur la base de critères scolaires (résultats, évaluations professorales et filière antérieure)" qui varient "d’une spécialité à l’autre (...) Si la coiffure retient les candidats au niveau scolaire le plus élevé, les métiers de l’automobile réservent plutôt l’accès en CAP aux élèves en difficulté scolaire".

Une proximité des enseignants avec leurs élèves

"Très majoritairement, les lycéennes et les lycéens décrivent des enseignantes et des enseignants impliqués auxquels elles et ils vouent une importante reconnaissance". Ils estiment que, contrairement à leurs collègues qu'ils ont connus au collège, "ils font attention à chaque élève, ils font participer tout le monde, ils ne laissent personne tout seul dans son coin". Ce qui ne signifie pas qu'ils soient des élèves faciles, les transgressions sont fréquentes. Certaines filles se maquillent ou dorment en cours tandis que "les garçons pratiquent des transgressions qui impliquent bien souvent un face-à-face avec l’enseignante ou enseignant tout en adoptant une posture défensive, de retrait, qui explicite un refus de se plier aux règles de l’ordre scolaire".

"Un élément d’explication est peut-être à trouver du côté de l’homologie des enseignants de LP pour leurs élèves, une homologie qui ne se confond pas stricto sensu avec une ressemblance de type scolaire ou sociale [mais qui] renvoie à l’existence d’épreuves socialement proches". Ils ont souvent connu "un parcours scolaire puis professionnel non linéaire, exercent face à des jeunes en difficultés pour la plupart, mais avec lesquels ils peuvent établir une proximité et à qui ils vont offrir une seconde chance", ils "chercheraient à valoriser l’enseignement professionnel en tant que voie de rupture de la spirale d’échec des élèves".

Les auteurs de ces articles sont Prisca Kergoat, Valérie Capdevielle-Mougnibas, Amélie Courtinat-Camps,
Julie Jarty, Benjamin Saccomanno, Philippe Lemistre, Marie-Noël Vercambre-Jacquot, Nathalie Billaudeau

"Voie professionnelle : choix d’affectation, conditions de vie, conditions de travail"

Education & Formations, revue publiée par la DEPP (ministère de l'Education nationale) 13 € ou téléchargeable ici

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