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Mixité sociale dans les écoles et collèges : donner toute leur place aux familles (Choukri Ben Ayed - Poloc)

Paru dans Scolaire le vendredi 05 mai 2017.

"S’il est un domaine où la continuité de l’État doit être affirmée, c’est bien celui de la lutte contre les ségrégations et le projet d’une école plus égalitaire", estime le chercheur Choukri Ben Ayed sur le site du POLOC. Le sociologue tire, dans le dernier numéro de "l'actu" de "l'observatoire des politiques locales d'éducation et de la réussite éducative" les premières leçons de l'expérimentation lancée par Najat Vallaud-Belkacem pour davantage de mixité sociale à l'école et il plaide pour "un acte II", "d'urgence".

Il considère que "l’expérimentation a permis tout d’abord de montrer qu’il n’y a pas de fatalité en matière de ségrégation", mais qu'il n'y a pas non plus "de recette miracle", qu'il faudra fonctionner selon une "méthodologie d’action publique prospective, tâtonnante, ouverte", à laquelle les administrations locales de l’Education nationale et les collectivités "ne sont pas toutes habituées". Il ajoute que l'expérimentation en cours "a été menée avec les moyens du moment, dans un état peu constitué des connaissances en la matière", mais que celles-ci sont à présent "en voie de formalisation", ce qui permet donc de passer à l'acte II, qui suppose de donner à la mixité sociale "un cadre d’action" légal plus contraignant que dans la loi de 2013.

 Contrecarrer les effets de la ségrégation urbaine

Le chercheur examine deux possibilités, essentiellement en fonction des contextes, "la mixité par resectorisation avec fermeture d’établissement, reconstructions, fusion d’établissements, et renforcement de la qualité de l’offre pédagogique" et les "secteurs multicollèges avec affectation critériée sur la base d’un algorithme", ce qui "n’exclut pas non plus d’agir sur l’offre pédagogique". Dans les deux cas, il s’agit toujours "de rompre avec l’idée d’un secteur rattaché à un seul collège et d’élargir l’espace pour contrecarrer les effets de la ségrégation urbaine".

Se pose aussi la question de la cohérence des politiques avec l'école élémentaire alors que la sectorisation du premier degré est laissée à l’appréciation des municipalités. "Cela suppose une remise en cause assez profonde de la répartition des compétences et des relations entre l’État et les collectivités locales." Il faudra également "trouver les modalités d’une intégration de l’enseignement privé dans la sectorisation en trouvant un compromis entre libre choix et mixité sociale".

La place des parents est restée périphérique

S'agissant des parents, comment les "convaincre de renoncer à l’évitement scolaire" ? Ils ont été rarement associés aux expérimentations en cours, et dans certains cas, "les décisions ont été prises selon une logique bureaucratique assez classique dans le cadre d’échanges endogènes entre administrations locales et collectivités locales", à moins que l'une des deux parties soit seule à l’initiative. "La place des parents est donc restée périphérique", qu'il s'agisse des populations "à reconquérir" (celles qui connaissent les moyens d'éviter tel ou tel établissement) ou de celles qui sont victimes de la ségrégation et qui sont considérées "comme l’objet des actions à mener" plutôt que "comme des partenaires à part entière". Elles disposent pourtant "d’une réelle expertise sur l’école".

Et Choukri Ben Ayed ajoute que, "sur le papier le CDEN (conseil départemental de l’éducation nationale) pourrait apparaître comme l’instance idéale" pour prendre en charge ces questions et ce dialogue. Mais c'est une instance consultative, où "les prises de décision sont formelles" et où "les questions de mixité sont marginales, si ce n’est absentes". Il plaide donc pour un CDEN rénové "où toutes les populations concernées par des mesures de mixité sociale seraient représentées, au-delà des associations de parents d’élèves", où pourraient être conduits "des débats contradictoires", "où pourraient être présentées des études, des travaux de recherche", "où la mixité serait traitée dans toutes ses composantes 1er degré, 2nd degré", "où des bilans partiels des mesures prises seraient régulièrement présentés afin de procéder aux réajustements nécessaires".

Le site du POLOC ici

 

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