L'avenir du lycée général tel que le voient les enseignants (SNCL-FAEN)
Paru dans Scolaire le vendredi 24 mars 2017.
Le SNCL publie les résultats de l'enquête qu'il a lancée auprès des enseignants des lycées d'enseignement général et technologique. Un peu plus de 1 700 d'entre eux ont répondu à l'invitation du syndicat FAEN des collèges et lycées. Ils sont très majoritairement (près de 60 %) convaincus que le lycée "n'est pas adapté au 21ème siècle", mais la moitié d'entre eux voudrait conserver le bac tel qu'il est, tandis que l'autre moitié voudrait le voir réformé : "Les possibilités d’évolution proposées par les collègues sont alors très diverses", constate l'organisation syndicale qui ajoute que 3 enseignants sur 4 sont opposés au CCF (contrôle en cours de formation). Ils estiment aussi, à 85%, que le lien avec l'enseignement supérieur n'est pas satisfaisant, "les rencontres avec les enseignants du supérieur sont épisodiques et les informations ont du mal à passer".
Numérique : "Dépassés et préoccupés"
Ils sont majoritairement (66 %) attachés aux séries, mais une forte minorité est "favorable à la disparition des séries, ce qui "permettrait de quitter l’élitisme des filières générales, de moins cloisonner et de développer les passerelles entre les 3 voies, générale, technologique et professionnelle". Ils sont également majoritairement (60 %) attachés aux options, "valorisantes et source de richesse intellectuelle à leurs yeux", mais ils sont près de 30 % à admettre qu'elles sont coûteuses et 12 % envisagent leur suppression "comme un choix pertinent" dans le cadre d' "un recentrage" sur les disciplines.
Le syndicat a aussi posé des questions ouvertes, et propose une synthèse des réponses. "De nombreux collègues soulignent que le numérique n’est pas la panacée et que la façon maladroite et peu efficiente dont on l’impose dans l’enseignement est davantage source de problèmes que de solutions", ils "se sentent dépassés et préoccupés par ce sujet auquel on n’accorde pas la valeur qu’il mérite à leurs yeux, dans un monde de plus en plus gagné par l’influence de l’informatique et des réseaux."
Un délitement des filières
Leurs réponses témoignent aussi "d’un sentiment général de perte de confiance dans la définition actuelle des filières, permettant à des élèves d’une série donnée de revendiquer leur bac en l’ayant obtenu pour l’essentiel grâce aux matières non constituantes du corps de cette série. Ce délitement des filières est accentué par l’importance grandissante don-née aux enseignements dits 'annexes'."
Elles témoignent également de "leur besoin d’être formés". La formation doit être "plus disciplinaire" et assurée "par des professionnels approuvés par les enseignants eux-mêmes", mais en même temps, "une réelle attente transparait à l’égard des innovations pédagogiques" telles que "classes inversées, e.learning, travaux de groupes…" ainsi que sur la psychologie de l’adolescent : "Comment accompagner un jeune individu dans un monde de consommation de l’information (et de la désinformation), comment faire entendre et respecter la voix professorale face à des jeunes ultra-connectés ?" Les compétences acquises en formation devraient être validées et inscrites "sur le CV".
Restaurer "respect et autorité"
Autres demandes : "augmenter le lien école-entreprises en lycée général et technologique à l’instar des lycées professionnels", "trouver des solutions pour ces élèves qui passent de classe en classe sans avoir de projet et qui se retrouvent en échec critique au baccalauréat", supprimer "des dispositifs jugés peu efficaces(tels que les TPE en classe de 1ère et les aides personnalisées)", "réduire les effectifs", "réduire la journée de classe des élèves", restaurer "respect et autorité"...
Même si elle ne prétend pas se fonder sur un échantillon représentatif, cette enquête donne une image sans doute assez précise de ce que pensent bon nombre d'enseignants.