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"On ne parle jamais assez d’école et on n’en fait jamais assez !" (Michel Sapin)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 15 mars 2017.

"Une première !", semblaient s’étonner les participants au colloque organisé mardi 14 mars à Bercy intitulé "L’éducation : un enjeu prioritaire pour la croissance, des bénéfices pour la société". Quelles sont les compétences attendues ? Quels enseignements tirés des expériences étrangères ? Quel est le niveau d’investissement en France ? Autant de questions auxquelles ont répondu ensemble des représentants du monde économique et de l’éducation.

Premier consensus : l’école doit s’adapter en permanence à de nouvelles attentes. Pour Philippe Jamet, directeur général de l’Institut Mines-Télécom, "on assiste à un effacement des catégories de métiers, à une décentralisation de la production, à une confusion entre la production et les services… Il faut s’adapter très vite et tout ne peut pas s’apprendre en formation initiale". Il constate par ailleurs qu’on manque de "compétences intermédiaires à Bac+2, Bac+3" et qu’on assiste à "une évaporation vers le haut qui ne correspond pas aux attentes des entreprises".

Développer les "soft skills"

Philippe Jamet et Elise Huillery, professeure d’économie à Paris-Dauphine, sont immédiatement tombés d’accord sur la nécessité de développer les "soft skills", ces compétences "sociales et émotionnelles" qui, faute d’être valorisées en France, expliqueraient son mauvais classement PISA. La coopération, l’empathie, l’optimisme, la discipline, la ponctualité… "Autant de compétences auxquelles l’école française ne prépare pas", souligne la professeure. "Nos élèves sont les plus anxieux, ceux qui ont le moins confiance en eux et qui sont donc les moins performants." Même constat pour Xavier Broseta, DRH du groupe Bolloré : "Contrairement aux américains, nos managers ont très peu de compétences sociales. Ils ont des compétences techniques mais on est obligés de les remettre en formation pour qu’ils apprennent à travailler ensemble dans un environnement international". 

"Si PISA juge de la capacité d’adaptation des élèves, on n’a pas encore de réelles mesures des compétences socio-émotionnelles", intervient Yuri Belfali, chef de division à l’OCDE. "L’objectif de PISA n’est pas de standardiser mais d’aider à la collecte d’informations, de travailler ensemble pour améliorer les systèmes éducatifs". Une remarque à laquelle adhère Fabienne Rosenwald, la directrice de la DEPP, qui reconnaît que "jusque-là on avait peu investi dans les enquêtes PISA. Si on veut les utiliser, il faut s’investir".

Importance de la recherche

Autre point de comparaison internationale, François Taddei, le directeur du CRI (Centre de recherche interdisciplinaire) a stigmatisé "le faible budget de la recherche en éducation en France". Or, "à cause de l’évolution de la société de la connaissance, on ne peut pas en faire l’économie. Elle doit faire partie de la formation des enseignants, individuellement, localement, nationalement. On manque de plateforme d’échanges. A Singapour, deux enseignants sur trois font de la recherche."

"Le budget de l’éducation en France, c’est 65 milliards d’euros", a rappelé Florence Robine, la directrice de la DGESCO. Listant notamment les actions sur la formation des enseignants, sur le parcours des élèves, sur les programmes, sur le primaire, sur la lutte contre le décrochage… elle a regretté "les incompréhensions auxquelles se sont souvent heurtées ces mesures". Clôturant le colloque, Michel Sapin, ministre de l’économie et des finances, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, ont tous deux souligné l’action du gouvernement en matière d’éducation. "On ne parle jamais assez d’école et on n’en fait jamais assez !", s’est exclamé Michel Sapin. "Ce colloque à Bercy prouve combien l’économie et l’éducation se complètent." Najat Vallaud-Belkacem a insisté sur la nécessaire continuité des réformes : "Elles doivent s’inscrire dans la durée. Ce qui mérite qu’on investisse et qu’on continue."

Colette Pâris

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