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Les RASED sont inefficaces, au même titre que tous les autres dispositifs de soutien (IREDU)

Paru dans Scolaire le mardi 28 février 2017.

Un "document de travail" de chercheurs de l'IREDU (université de Bourgogne), daté de février 2017 sur "les effets du passage en Rased (réseau d'aide spécialisé aux élèves en difficulté) sur le parcours scolaire des élèves" va dans le sens d'autres travaux de recherche : les dispositifs de soutien sont inopérants. Les auteurs rappellent que déjà en 1991, Alain Mingat avait évoqué les effets négatifs des GAPP (le dispositif qui a précédé les Rased), et que "des études plus récentes sur différents dispositifs d’aide trouvent également des résultats peu significatifs". Piquée et Suchaut en 2004 ont estimé que le dispositif "un maître supplémentaire dans la classe", alors expérimenté dans la Haute-Marne a "un impact peu significatif sur la progression des élèves en mathématiques et français" (un résultat que semble contredire les premières évaluations du "plus de maîtres que de classes", ndlr). En 2013, une étude de l'Ecole d'économie de Paris sur le dispositif "Coup de Pouce Clé" conclut "que les élèves ayant bénéficié de ce dispositif ne présentent pas des compétences en lecture supérieures aux autres élèves" (mais l'étude concède qu'ils ont davantage de goût pour l'école).

"Des résultats relativement similaires ont été trouvés concernant l’aide individualisée pour d’autres niveaux d’étude", comme "l’aide individualisée en seconde". Marie Duru-Bellat explique l'inefficacité de ces dispositifs par deux raisons : Ils sont mis en place en fonction des ressources locales et donc "des élèves qui se ressemblent peuvent selon le contexte en bénéficier ou pas" ; les effets pédagogiques positifs sont compensés par des effets "d’étiquetage" négatifs et par "un rendement décroissant du temps alloué aux études au-delà du temps habituel" (autrement dit par des journées trop longues, ndlr).

Les limites de leur étude

Claire Bonnard, Jean-François Giret, Céline Sauvageot confirment ces analyses. Se fondant sur un "panel" de 10 000 élèves rentrés en CP en septembre 1997, ils constatent "une certaine incohérence concernant la sélection des élèves" puisque "seulement 40% des élèves présentant de grandes difficultés scolaires et comportementales bénéficient du Rased alors que respectivement 11,4% et 3,9% des élèves présentant peu et aucune difficulté particulière en bénéficient". Ils ajoutent que les élèves qui ne sont pas ou peu en difficulté pâtissent de leur passage en Rased, essentiellement en mathématiques. "A caractéristiques comparables, les élèves ayant bénéficié du Rased en CP ont une probabilité plus importante de redoubler leur CP et obtiennent des résultats aux évaluations de CE2 significativement plus faibles que les élèves n’ayant pas bénéficié de ce dispositif."

Les auteurs soulignent toutefois les limites de leur étude. Elle "met juste en avant un effet moyen du dispositif" sans distinction alors que tous les Rased n'ont pas les mêmes modes de fonctionnement. Elle porte sur la réussite scolaire, pas "sur le changement de comportement et de savoir-être de l’élève" qui constitue pourtant un objectif du dispositif. Elle ne prend surtout pas en compte "les évolutions du Rased de ces dernières années". Ils estiment néanmoins que leurs résultats "ont l’intérêt de questionner l’efficacité globale du dispositif" et "sa difficulté à cibler les élèves les plus faibles". Is préconisent "un recentrage des moyens de ce dispositif sur ces derniers".

"Des données d'il y a 20 ans"

Un collectif réunissant les associations de personnels des Rased (AFPEN, FNAME, FNAREN), plusieurs syndicats (UNSA, FSU, SUD, CGT) et la FCPE ont dénoncé dans un communiqué commun cette étude fondée "sur des données d'il y a 20 ans", alors que le redoublement a pratiquement disparu depuis. Ils estiment que "rien n’est réellement convaincant dans cette étude qui multiplie les corrélations hasardeuses". Ils évoquent une autre étude qui "souligne un impact positif des RASED sur les résultats en mathématiques".

Le collectif met exergue une étude de Florence Liraud et Éric Roditi (Paris Descartes) publiée au mois de décembre par la revue "Recherches en didactiques" (université de Lille) et qui conclut au contraire à l'efficacité du travail d'un maître E avec un petit groupe d'élèves en difficulté en mathématiques et dont les résultats "ont bondi" de 30 points (60 pour les plus faibles) pour la résolution de problèmes (un résumé sur le blog du SE-UNSA ici)

Le site de l'IREDU ici

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