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Pourquoi faut-il des enseignants spécialisés pour un enseignement général ? (société des agrégés)

Paru dans Scolaire le vendredi 17 février 2017.

"Y a-t-il une culture générale scolaire ?" s'interroge Blanche Lochmann. La présidente de la "Société des agrégés" ouvre ainsi le dernier numéro de la revue L'Agrégation qui s'inscrit dans le prolongement d'une journée d'étude organisée en 2015. Yves Verneuil (Université de Reims Champagne-Ardenne) y souligne l'existence d'une "sorte de paradoxe à vouloir faire de l’enseignement secondaire, contrairement à l’enseignement supérieur, un enseignement de portée générale, tout en recrutant des professeurs spécialisés". Reprenant a grands traits, mais assez précisément, l'histoire des polémiques qui ont accompagné, dès l'origine, le développement des lycées, puis des collèges, il montre que "ce paradoxe est ancien" et qu'il est à la base de critiques récurrentes "qui tendent toutes à suggérer que, loin d’être pour l’enseignement secondaire une force, la spécialisation disciplinaire de ses professeurs constituerait au contraire son principal défaut". L’agrégation, "qui s’est progressivement spécialisée à partir de la monarchie de Juillet", est régulièrement "dans le collimateur".

Dès 1845, "le ministre de l’Instruction publique Achille Narcisse de Salvandy déplore le trop haut degré de spécialisation qu’aurait atteint le concours de l’agrégation : 'Toutes nos institutions pédagogiques ont été calculées pour ajouter de plus en plus l’instruction à l’instruction ; mais la science même de l’enseignement, la science surtout de l’éducation, ne sont professées nulle part." A l'inverse, la critique du professeur "trop savant" a, suscité une argumentation contraire. "Jamais un professeur ignorant ne rendra un élève savant", se plaisait à répéter Guy Bayet, le président de la société des agrégés dans les années 1980.

Pour l'auteur, la contradiction "entre le recrutement de professeurs spécialisés et un enseignement secondaire qui prétend former des honnêtes hommes généralistes se résorbe facilement si sont bien définies portée et finalité de l’enseignement secondaire. Tel était certainement le cas au XIXe siècle." Il serait vain de vouloir ressusciter un tel enseignement qui "n’est évidemment plus approprié aux besoins de la société actuelle (...) Ce sont désormais les TPE et EPI qui sont censés redonner du sens aux apprentissages." Ces dispositifs sont-ils de nature à favoriser la réussite des élèves, ou faut-il redouter, "à travers un coup porté aux enseignements disciplinaires de base, un affaiblissement du niveau des études" ? Yves Verneuil ne tranche pas mais il s'inquiète de voir "l’idée actuelle de continuum bac-3/bac+3, continuum qui ferait suite à l’ 'école du socle' (primaire+collège)" mettre fin "à la conception traditionnelle de l’enseignement secondaire".

A noter également un article de Bruno Benoît, président de l’APHG, qui répond à la question "À quoi sert l’Histoire ?" et une évocation très émouvante de Simone Weil. La philosophe, explique Alexandre Massipe, se demandait comment faire accéder des ouvrières à la beauté bouleversante des textes de Sophocle...

"Culture générale et spécialisation", 112 p., 6,50 €, le site ici

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