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Il faut une logique commune pour tous les "blocs de compétences" (rapport de l'AFDET)

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 12 février 2017.

La notion de "bloc de compétences" est mentionnée pour la première fois dans un texte législatif, la loi du 5 mars 2014, et celle-ci a entraîné "une grande perplexité" chez l’ensemble des certificateurs : quelle définition leur donner ? Quelles conséquences pour l’ingénierie de certification ? Quelle valeur sur le marché du travail ? Ce sont les questions que pose l'AFDET. L'association française pour le développement de l'enseignement technique a sollicité son réseau d'experts, notamment Françoise Amat, ancienne secrétaire générale du Centre national pour la formation tout au long de la vie, Michel Blachère, qui a rédigé le projet de loi sur la VAE, Jean-Michel Hotyat, ancien chef de département au ministère de l'enseignement supérieur. Leur rapport vient d'être publié.

Outre qu'il présente un tableau très complet de l'ensemble du processus de formation, de diplomation et de certification des compétences, par des instances publiques, consulaires ou privées, et notamment une description aussi précise que possible des diplômes, des titres professionnels et des CQP (certificats de qualification professionnelle, délivrés par les branches), le document pose "la question de la consistance de ce nouveau concept" et de son intérêt, sachant que chacune des instances a sa logique pour la définition des "blocs de compétences" dont la somme constituerait un diplôme ou un titre...

La logigue de l'Education nationale

Premier constat, l'Education nationale "se présente souvent comme la gardienne de l’orthodoxie du diplôme assis sur une solide base de domaines généraux" puisqu'elle "entend préparer le jeune à la vie adulte, personnelle, culturelle, sociale" et qu'elle "ne le prépare pas à être seulement un travailleur". Le rapport cite à cet égard le rapport des inspections générales de l’Education nationale sur L’introduction de blocs de compétences dans les diplômes professionnels (voir ToutEduc ici). Mais cette logique est-elle encore de mise ? "Qu’est-ce qui protège le jeune décrocheur une fois qu’il a décroché ? Qu’est-ce qui protège le demandeur d’emploi sans qualification ? Qu’est-ce qui protège le salarié dont les compétences ne correspondent plus aux nouvelles technologies, aux nouveaux marchés ? Pour ceux-là, pour tous les 'mal engagés' dans la vie active, un diplôme ou un titre complet n’est-il pas un Graal inaccessible ? Ne suffirait-il pas de leur reconnaître un ou des blocs de compétences" (comme l'a déjà fait la branche de la métallurgie) ?

Se pose dès lors une autre question. Si une compétence se reconnaît en situation, si l'Ecole "prépare à la professionnalisation mais ne professionnalise pas", faut-il en déduire que l’entreprise serait seule "capable de vérifier, de valider, mais aussi de produire des compétences" ? Et est-elle prête à prendre en charge "les coûts induits par cette répartition des missions et des rôles" ?

Des référentiels individuels

Peut-on aller plus loin et imaginer des blocs de compétences qui seraient indépendants des certifications existantes, déjà enregistrées au RNCP (le répertoire national des certifications professionnelles) ? La majorité des personnes qu'ont interrogées les experts de l'AFDET "ont clairement positionné le bloc comme indissociable de la perspective d’obtention du diplôme, titre ou certificat dont il est une composante", mais certaines "n’excluent pas la possibilité que voie le jour, à terme, un système fondé sur des combinaisons de blocs 'hétérogènes', constituées par chaque individu au fur et à mesure de sa carrière". On courrait alors le risque de compter "autant de constructions de référentiels professionnels que d’individus actifs" et on assisterait "au délitement des références négociées collectivement en matière de qualification".

L'introduction des "blocs de compétences" devrait favoriser la mobilité des personnes en créant des "passerelles" entre des certifications "issues de certificateurs différents". Le Conseil économique, social et environnemental va dans ce sens lorsqu'il considère "que la recherche de passerelles via les blocs de compétences, d’une part entre les CQP au sein d’une même branche ou différentes branches, d’autre part, entre les CQP et les diplômes et titres, constitue une voie prometteuse pour décloisonner ces différents types de certifications". Mais il ajoute "sous réserve de la compatibilité des différentes conceptions des blocs de compétences". Or "les terminologies utilisées et la nature des unités constitutives des certifications restent trop différentes pour qu’un dialogue puisse s’établir en vue d’une reconnaissance mutuelle de ces unités". Le rapport constate certes que les différents acteurs de la formation et de la certification ont une  "communauté d’approche", mais que "règne une grande hétérogénéité de construction des certifications et des blocs de compétence".

Des "blocs" communs à diverses certifications ?

Comment éviter "les risques d’un émiettement des certifications, de la perte de repères pour les individus et pour les employeurs" ? On perdrait alors le bénéfice de ces "blocs de compétences" qui permettent "de sortir de la logique du 'tout ou rien' par l’acquisition progressive d’une qualification, tant en formation initiale que par la formation continue et la validation de l’expérience". C'est qu'il faut à la fois maintenir "la valeur du diplôme ou titre professionnel en tant qu’ensemble structuré de compétences caractérisant un métier et reconnu sur le marché du travail", "sortir d’une logique du tout ou rien" et faciliter l’accès au diplôme ou au titre par "l’identification de blocs de compétences communs à diverses certifications".

"Encore faudrait-il que le paysage des certifications et de leurs composantes soit plus lisible et plus accessible" !

Le rapport de l'AFDET ici

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