Les algorithmes permettront-ils de différencier la pédagogie ? (Inria)
Paru dans Scolaire le jeudi 09 février 2017.
Peut-on appliquer le principe du "machine learning" à l’éducation ? C'est la question que se posent deux chercheurs de l'Inria, Alessandro Lazaric et Michal Valko, qui travaillent avec des chercheurs de l’université Carnegie Mellon de Pittsburgh (USA) au sein d'une équipe baptisée Eduband. Le "machine learning" permet, par exemple, à Amazon de prédire les futurs achats de ses clients. Mais "un algorithme peut-il mesurer l’intérêt et la progression d’un élève" ?
Peut-on par exemple recueillir un ensemble des données sur les réactions d’un élève en train d'apprendre, les analyser et lui proposer "des exercices permettant d’insister sur ce qu’il n’a pas compris et d’accélérer sur les points qu’il maîtrise" ? Les chercheurs se sont rapprochés d'une entreprise de logiciels de révision en ligne pour voir s'il est possible "d’améliorer ce type de plates-formes web pour qu’elles s’adaptent automatiquement" aux profils des collégiens et lycéens utilisateurs, sachant que "certains élèves préfèrent avoir beaucoup de contenus avant de passer aux exercices" et que "d’autres apprennent mieux en multipliant les exercices".
Les intelligences artificielles ont besoin de traces claires
Mais les chercheurs se sont aperçus "que l’éducation comportait des spécificités". Une mauvaise réponse "n’est pas forcément négative du point de vue du processus d’apprentissage, car elle permet aussi de progresser". Or les intelligences artificielles "ont besoin d’une trace claire pour savoir s’il y a une progression ou non, et cela s’avère très difficile à définir". Autre point délicat à analyser, le niveau d’intérêt de l’étudiant. "L’ennui ou la fatigue peuvent en effet jouer sur les réponses et fausser le système." Face à des "paramètres très subjectifs", les informaticiens auront besoin des expertises de professionnels de l’éducation. Il s'avère finalement "difficile de concevoir des algorithmes capables d’intégrer les aspects humains et psychologiques des processus d’apprentissage".
La présentation du projet par l'Inria (l'Institut national de rechercher dédié au numérique) ici