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Comment lutter contre l'imprégnation des idées du Front national dans l'Education nationale ?

Paru dans Scolaire le mercredi 01 février 2017.

"Qu'est-ce qu'on dit à la collègue qui, dans la salle des professeurs, parle de 'ces gamins là' pour parler de ceux qui la mettent en difficulté ? 'ces gamins' étant 'issus de l'immigration'." Comment lutter contre l'imprégnation des idées du Front national dans l'Education nationale ? C'était le premier objet d'un "stage intersyndical" (FSU, SUD, CGT) les 30 et 31 janvier dans un lycée de région parisienne. Son proviseur ne souhaite pas que son nom soit cité car son organisation "n'a pas fait l'unanimité dans la communauté éducative". Il ne précise pas s'il s'agit d'enseignants, de parents ou de représentants des élèves, mais cette réticence correspond bien à ce que rapportent les participants. L'une d'elle, enseignante dans une ville FN, évoque des tensions nouvelles dans les relations avec les parents, qu'ils soient engagés contre la municipalité, ou au contraire, qu'ils y soient favorables. Les enseignants doivent aussi répondre aux inquiétudes des enfants, lorsqu'ils demandent "Est-ce qu'ils vont nous renvoyer ?". Et ils ont besoin d'arguments pour "accompagner collectivement" des collègues mal formés, épuisés, "alors que des mouvements comme SOS éducation se nourrissent de leurs souffrances en leur proposant des solutions simplistes".

"C'est pourquoi nous sommes heureux d'avoir eu pour conclure ce stage l'intervention de Nico Hirtt", explique à ToutEduc Grégory Chambat (auteur de "L'Ecole des Réac-publicains", co-organisateur de ces deux journées). "Nous ne nous contentons pas de décrire le fonctionnement de l'extrême-droite, de dénoncer, d'affirmer 'no pasaran', nous devons relier notre protestation à un sens donné à nos métiers, disposer d'arguments pour un discours critique, ce que nos adversaires détestent, ils usent d'affirmations sans étayage..."

Les enfants de l'immigration ne font pas baisser le niveau

Le représentant de l'APED (L’Appel pour une école démocratique, ici) a extrait de la base de données de Pisa, la démonstration que la France avait, avec la Belgique, le système scolaire le plus inégalitaire parmi les pays européens, et que l'immigration n'était pour rien dans leurs résultats médiocres. Il a aussi montré que la Suède et la Finlande, qui ont "libéralisé le marché de l'éducation" et ouvert la possibilité pour les familles de choisir l'établissement de leurs enfants, sont "en train de s'effondrer" en termes d'équité. Il a également présenté l'enquête américaine Star, menée notamment par des chercheurs de Harvard, qui montre l'importance d'avoir des effectifs réduits en grande section de maternelle, CP et CE2, avec des effets durables importants sur toute la scolarité obligatoire au moins (ici).

Le stage s'est achevé avec un appel à créer un comité VISA intersyndical de lutte contre l'extrême droite (ici), et il a aussi été l'occasion d'affirmer que ce qui est ressenti par beaucoup d'enseignants comme une menace, les amène à adopter "une autre manière d'enseigner", de "s'adresser à tous les élèves", d'avoir une conscience renouvelée du sens de leur métier.

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