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Le MEDEF voudrait dépassionner le débat sur l'éducation

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 24 janvier 2017.

"Ce n'est pas politique !" s'exclame à deux reprises Florence Poivey. La présidente de la commission "Education, Formation et Insertion" du MEDEF, également présidente de la fédération de la plasturgie, présentait, ce 24 janvier, aux journalistes spécialisés les propositions pour l'éducation de l'organisation patronale. Celle-ci a une claire volonté de "dépolitiser, dépassionner de débat", quitte à aller à l'encontre de positions très tranchées de certains candidats, sans doute liées à la perspective de la présidentielle et à la logique des primaires, alors que leurs équipes semblent, lorsqu'elles sont loin des micros, beaucoup moins catégoriques. C'est du moins ce que laisse entendre l'entourage de Florence Poivey. 

C'est ainsi qu'interrogée sur le programme de SES (sciences économiques et sociales) et alors que l'Académie des sciences morales et politiques s'apprête à publier son diagnostic sur l'enseignement de l'économie et ses propositions (voir ici), elle souligne que "la sociologie est utile à l'enseignement de l'économie", et qu'il n'est donc pas question de revenir sur le lien qui est établi entre les deux disciplines. De même sur la fusion des lycées professionnels et des CFA que préconisent certains candidats, même si elle estime que la formation sous contrat de travail représente un plus par rapport au statut scolaire, elle met en garde contre "tout système pédagogique unique" et souligne le rôle de l'Education nationale pour la partie "culture générale".

100 % des sortants du système scolaire

Et surtout, elle insiste sur l'importance du dossier éducation pour le mouvement des entreprises qui y voit "un levier de croissance" et pour qui, d'ici 10 ans, 100 % des jeunes qui sortent du système scolaire doivent être des citoyens, ayant reçu "une éducation générale forte" et être "employables tout au long de leur vie professionnelle". Sans surprise, le MEDEF propose de "donner la priorité à l'école primaire", celle-ci ayant "une obligation de résultats" en matière d'acquisition des fondamentaux, dont la liste est élargie au numérique et à une initiation aux langues, de préférence l'anglais. Un ministre pourrait "être missionné à cet objectif exclusif", qui comprend aussi l'acquisition du socle commun au collège.

Elle ajoute qu'il faut donner "aux enseignants et aux chefs d'établissement" une "force de confiance". Leur autonomie, la possibilité de recruter sur profil et "de construire leur budget", doit leur permettre de prendre des initiatives et d'innover. Les élèves peuvent-ils "oser devenir des acteurs" si leurs enseignants sont contraints ? C'est pourquoi l'Ecole doit s'ouvrir au monde de l'entreprise, mais aussi à celui des arts, aux associations, à la solidarité....

 Manque de professionnalisme pour exprimer les besoins de formation

Mais c'est évidemment sur la formation professionnelle que la représentante du MEDEF insiste le plus. Le plan "500 000 formations" du président de la République "a fait apparaître à tous notre manque de professionnalisme pour exprimer les besoins" en termes de formation. Sa critique porte sur tous les acteurs concernés et elle évoque la nécessité d'un "mapping dynamique" qui permette notamment de croiser les offres et les besoins. Interrogée sur la difficulté pour les jeunes de trouver des entreprises qui les prennent en apprentissage, Florence Poivey évoque la réciproque, les entreprises qui ne trouvent pas de jeunes, et donc l'absence de visibilité de l'offre. Sur une plate-forme dédiée, un clic suffirait pour la constitution et l'enregistrement du contrat d'apprentissage. Encore faudrait-il le simplifier, un réel problème pour les PME et les TPE adhérentes au Medef. C'est un sujet sur lequel l'organisation patronale travaille avec le ministère du Travail. Elle s'intéresse aussi à l'expérimentation lancée en Ile-de-France par l'ANAF (l'association des apprentis de France) pour la formation des tuteurs ; elle a permis de réduire sensiblement, de 25 % à 5 % le taux des ruptures de contrat.

En ce qui concerne une éventuelle fusion des lycées professionnels et des CFA, elle est extrêmement prudente, ils n'ont pas la même histoire. Elle souligne les dynamiques qui existent déjà avec les "campus des métiers et des qualifications" et ajoute : "laissons les expériences se faire." Elle l'est également lorsqu'il s'agit de confier aux Régions la totalité de la formation professionnelle. Sans citer la collectivité qu'elle met en cause, elle rapporte qu'alors que la branche de la plasturgie avait identifié un besoin sur un secteur donné, avait les jeunes candidats à la formation, que les entreprises étaient intéressées, un lycée aussi, que le recteur était favorable, que les financements étaient réunis, les élus s'y sont opposés parce qu'ils avaient à 50 km de là un plateau technique "qui avait du mal à vivre". Il faut donc une politique territoriale, mais aussi "renforcer le pouvoir de décision des branches professionnelles".

Plus d'agilité pour les diplômes professionnels

Ce renforcement vaut aussi pour les diplômes professionnels, dont le processus de création ou d'adaptation est trop long : sept ans s'écoulent entre son lancement et l'arrivée sur le marché du travail des premiers diplômés. Elle propose de substituer à une logique "a priori", on vérifie que toutes les conditions sont remplies avant de créer un cursus, une logique "a posteriori" d'évaluation. En revanche, il faudrait "supprimer les inscriptions de droit" au RNCP (répertoire national des certifications professionnelles) et "mettre en avant les qualités intrinsèques de chaque diplôme.

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