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"La démocratisation exigeante" de l'enseignement supérieur suppose un travail sur l'orientation très en amont (T. Mandon)

Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 07 janvier 2017.

"La démocratisation exigeante" de l'enseignement supérieur suppose un travail sur l'orientation très en amont, de façon à éviter une massification qui ne tiendrait pas compte d'une prise en compte des différences, et qui s'apparenterait à du "taylorisme éducatif", déclare Thierry Mandon. Le secrétaire d'Etat en charge de l'enseignement supérieur intervenait, ce 6 janvier, dans le cadre du salon APB (admission post bac), quelques jours avant que les élèves de terminale ne soient invités à y inscrire leurs voeux. Il a défendu ce concept alors que le "baby boom" de l'an 2000 va toucher l'enseignement supérieur, et que déjà les effectifs augmentent "de 2 % par an depuis 6 ans". Il s'agit donc d'éviter une massification sans démocratisation.

Michel Quéré, directeur de l'Onisep, souligne le "rôle critique" qu'a dès lors le chef d'établissement dans le cadre du "-3 +3", qui peut devenir un "-4 +2" ou "-4 +5" car le parcours d'orientation commence dès la classe de 3ème. Agnès Van Zantem mène actuellement un travail de recherche sur l'orientation au lycée. La sociologue fait d'abord le constat de la multiplicité des objectifs assignés à l'orientation qui doit répondre à des nécessités économiques, en termes de compétitivité des entreprises, mais aussi d'insertion professionnelle future des élèves, en termes institutionnels, il faut remplir les filières, ou en termes sociaux, de lutte contre les inégalités sociales, territoriales, de genre..., au risque de la contradiction, puisqu'on demande aux lycées de développer l'autonomie des jeunes, mais aussi de les encourager à demander telle ou telle filière, les STS pour les bac pro par exemple.

Des chefs d'établissement pris entre plusieurs priorités

Dès lors, il n'est pas surprenant que les chefs d'établissement soient perplexes : quel est l'ordre des priorités, quels sont les objectifs du lycée, lutter contre le décrochage, assurer la réussite au baccalauréat, préparer les élèves à l'enseignement supérieur... ? Dans un lycée de centre ville, l'essentiel d'une réunion avec les parents est consacré aux CPGE (classes préparatoires) tandis que dans un autre, plus populaire, on ne parle que de l'université et des STS et dans un troisième, uniquement des complexités de la procédure APB.

Les proviseurs se heurtent aussi à "un obstacle cognitif" lié au paysage de l'enseignement supérieur, tellement "fragmenté" que se le représenter est "une tâche impossible", tandis que se multiplient les partenariats, mais que n'existe pas de "lien organique" entre lycées et universités, que les conseillers d'orientation psychologues sont en trop petit nombre et leur présence dans les établissements "en pointillés" et que de nombreux enseignants "résistent" alors qu'ils devraient jouer un rôle plus important dans l'orientation. Ils n'ont pas été formés et certains font d'ailleurs remarquer qu'ils sont enseignants parce qu'ils n'ont pas su trouver les débouchés autres de leurs études universitaires...

Le marché de l'orientation

La chercheuse s'interroge. Faut-il que les acteurs de l’orientation soient spécialisés ? Quelle doit être leur formation ? Elle s'inquiète également de la régulation du système: comment éviter la segmentation des publics ? soutenir la continuité des actions trop souvent liées à la personnalité de chefs d’établissement ? penser aux élèves qui ne sont pas excellents ? Il faut aussi se méfier des actions de communication, de promotion de tel ou tel dispositif et en mesurer les résultats réels. Stigmatisant le "marché de l’orientation", elle souligne que "les élèves favorisés dans le public comme dans le privé sont particulièrement encadrés par leur établissement, alors que pour les élèves défavorisés, les établissements sont largement absents. Ils sont alors livrés au marché et ne savent notamment pas tirer parti d’Internet ou des salons..."

Marie-Hélène Granier-Fauquert, directrice générale adjointe en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche à la Région Ile-de-France, a annoncé le lancement, en septembre prochain, d’un nouveau portail numérique régional de l’orientation. "La région représente un cinquième de la population française, un cinquième des lycéens et un quart des étudiants, il faut leur offrir toutes les informations nécessaires à leur orientation." Réalisé en partenariat avec l’Onisep, ce portail "s’adressera à tous, de Bac-3 à Bac+5, aux élèves, aux étudiants, sous statut scolaire ou apprentis, aux salariés, aux demandeurs d’emploi… Il comportera une partie consacrée aux formations sanitaires et sociales, si importantes dans cette région."

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