Les enseignants plus exposés aux risques psychosociaux que les cadres (revue Éducation et formations)
Paru dans Scolaire le mercredi 28 décembre 2016.
Touchant la santé mentale, physique et sociale, les risques psychosociaux sont engendrés par des conditions d’emploi et des facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental. Par comparaison avec d’autres professionnels en contact avec un public, les enseignants des premier et second degrés s’avèrent plus exposés à ces risques que les cadres. En cause : "une forte intensité de leur métier, des exigences émotionnelles plus importantes et un manque de soutien hiérarchique et entre collègues", constate le ministère (bureau des études statistiques sur les personnels) dans une étude (données 2013) publiée dans le dernier numéro de la revue Éducation et formations (n°92, décembre 2016, "Les enseignants : professionnalisation, carrières et conditions de travail").
Néanmoins, les enseignants subissent moins de risques d’agressions verbales ou physiques au travail que les cadres, pour un niveau d’exigences émotionnelles équivalent. "Ceci peut s’expliquer par la différence du public concerné dans les métiers où les enseignants sont surtout confrontés à des enfants et adolescents, alors que les cadres des milieux hospitaliers, sociaux ou commerciaux (pour le privé) côtoient principalement des adultes", suggèrent les auteurs.
Premier degré : plus de pression dans le travail
Parmi les enseignants, ceux du premier degré ressentent plus de tensions psychosociales dans leur métier, "notamment au niveau de l’intensité, de la complexité du travail et du manque de soutien hiérarchique". Leurs collègues du second degré, eux, connaissent moins de pression dans le travail et un peu plus de soutien hiérarchique, "même s’il est loin de celui dont peuvent bénéficier les cadres de la fonction publique et du privé".
Selon les auteurs de l’étude, "ce constat rejoint l’idée qu’enseigner tend vers un métier solitaire où le rapport social est peu sollicité en dehors des élèves, même sur le plan du partage et de la transmission de son expérience". Et il représenterait "une des spécificités des enseignants de collèges français, au regard des expériences étrangères". Comme dans d’autres études, les femmes s’avèrent plus exposées aux risques psychosociaux que les hommes. Mais étonnamment, les enseignants de moins de 30 ans seraient, en revanche, moins touchés que les plus âgés et plus expérimentés. Ces jeunes professeurs semblent donc être mieux protégés dans leur environnement professionnel, "mais ces résultats peuvent cacher le fait qu’ils aient été moins confrontés aux difficultés de leur métier dans sa durée".
L’étude est consultable ici
Diane Galbaud