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La question des heures supplémentaires des enseignants pose celle de l'autonomie des établissements (G. Longuet)

Paru dans Scolaire le jeudi 08 décembre 2016.

Près de 10 millions d'heures supplémentaires (9,847 728) ont été effectuées par des enseignants du second degré lors de la dernière année scolaire, indique dans son rapport Gérard Longuet. Le sénateur (LR) avait proposé à la Commission des finances un rapport d'information sur une dépense qui dépasse le milliard d'euros, et qui ne fait "l'objet d'aucun pilotage". Elles représentent un complément de revenu "significatif," en moyenne plus de 2 000 €/an pour un professeur certifié, près de 5 500 pour un professeur agrégé de classe normale et 23 000 pour un professeur de chaire supérieure. C'est un système qui avantage "les enseignants les plus anciens et les plus gradés, alors que les rémunérations les plus faibles sont en début de carrière", ajoute l'élu. 

Il constate également que leur coût a augmenté de 26,4 % depuis 2007-2008, puisqu'elles représentaient alors 868 millions contre près 1,1 MD€ l'an dernier, à peine moins qu'en 2011-2012 quand elles compensaient la diminution du nombre des enseignants. "Malgré l'augmentation des postes depuis 2012, le volume et le montant des HSA (heures supplémentaires à l'année, ndlr) ont continué de progresser, contrairement à ce qui avait été prévu." Mais il constate aussi que ces "heures sup" sont indispensables au fonctionnement des établissements. Il propose donc de "mettre à leur disposition un potentiel d'heures supplémentaires dues par chaque enseignant et correspondant à 50 % de son obligation annuelle d'heures de cours", soit pour un professeur certifié, 324 heures. Celles qu'il ferait devant élèves compteraient double. Le chef d'établissement pourrait le solliciter pour remplacer un collègue absent ou pour effectuer des missions de suivi des élèves, de relations avec les parents, etc. (À noter que cette proposition, présentées oralement à la presse ce 8 décembre, ne correspond pas exactement à ce qui figure sur le rapport adopté par la commission des finances, "fixer un plafond annuel (...) à hauteur de 300 heures pour les certifiés et de 500 heures pour les agrégés (...) Prévoir expressément la possibilité pour les chefs d'établissement de 'puiser' dans ce réservoir d'heures").

La présidence du Conseil d'administration 

Interrogé par ToutEduc sur le caractère discrétionnaire de la distribution de ces heures (et des compléments de revenus correspondant), Gérard Longuet reconnaît qu'une telle proposition pose la question de l'autonomie de l'établissement, et donc de son contrôle. Faisant référence à l'enseignement agricole, il estime que ce rôle pourrait être confié au président du Conseil d'administration qui ne serait donc pas le proviseur ou le principal. Et il ajoute que ce rôle pourrait être confié à un élu local. Plus que le représentant du conseil départemental ou régional, qui a une vision d'ensemble, le maire (ou le président d'agglomération) est celui qui a le plus intérêt à ce que le collège ou le lycée constitue un facteur d'attractivité pour la ville ou le quartier. "Un lycée qui a une bonne image constitue un facteur de développement, au même titre que l'hôpital"; il facilite notamment le recrutement de personnels qualifiés et de cadres pour les entreprises du secteur. 

L'élu propose également d'augmenter de deux heures le temps de travail devant élèves des enseignants, mais reconnaît oralement qu'il ouvre "la boîte de Pandore", et s'interroge sur la possibilité de lier le nombre des heures dues au niveau d'enseignement plutôt qu'au concours de recrutement. Il pense aussi à une augmentation de la rémunération des enseignants en première partie de carrière, et considère que le protocole PPCR "consolide de vieillissement de la fonction publique". Il estime de plus qu'on peut augmenter les effectifs moyens, notamment dans l'enseignement professionnel où la taille des groupes est parfois très réduite, mais il ajoute que c'est parfois justifié par des contraintes techniques, et que, d'autre part, les familles hésitent à envoyer leurs enfants loin de chez eux, en internat, quand les spécialités sont regroupées et la carte des formations rationalisée. Il pose aussi la question de la diversité des langues dans l'enseignement général, voire de certains enseignements, il cite la musique, qui pourraient être assurés dans les conservatoires, portés par le volontariat des familles et des collectivités. 

Elitisme ?

Interrogé sur le caractère "élitiste" de certaines options, comme le grec, il reconnaît que, "même si c'est agaçant", il faut "préserver ce qui marche". Dans "un monde ouvert qui ne reconnaît que les meilleurs", il n'est pas hostile à l'élitisme, à la condition qu'on offre ensuite à cette élite un climat favorable pour s'installer et pour créer, en supprimant l'ISF par exemple. Il porte par ailleurs un jugement sévère sur les parents, notamment de l'enseignement public, qui se contentent d'être "des consommateurs d'école", tandis que les parents de l'enseignement privé sous contrat "acceptent le moule" et que les parents de l'enseignement hors contrat sont "impliqués".  

 

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