"La France a entrepris son choc Pisa" (N. Vallaud-Belkacem)
Paru dans Scolaire le mardi 06 décembre 2016.
Commentant ce mardi 6 décembre, les résultats du Pisa 2015 pour la France, Najat Vallaud-Belkacem estime que la publication de cette étude "nous offre une vision claire de l'état de notre système scolaire". Constatant la stabilité globale des performances françaises qui la classe dans la moyenne des pays de l'OCDE, la ministre de l'Education nationale a insisté sur l'incapacité du système scolaire à réduire les inégalités : "la France est le pays du grand écart, avec une école efficace pour une grande majorité de ses élèves mais qui ne parvient pas à faire réussir 20 à 30 % d'entre eux. La France est aussi le pays de la reproduction sociale dans lequel une bonne partie du destin scolaire est liée à l'origine sociale."
Jugeant cette situation "inacceptable", Najat Vallaud-Belkacem a affirmé que "la France a entrepris son choc Pisa". La loi de refondation de l'Ecole, la création de postes, les mesures d'amélioration de la condition enseignante, les réformes pédagogiques sont, selon la ministre, "en parfaite adéquation avec les recommandations de l'OCDE pour aboutir à un système plus performant et plus juste".
Les "méthodes miracles"
Gabriela Ramos, directrice de cabinet du secrétaire général de l'OCDE, qui commentait les résultats français aux côtés de la ministre a déclaré : "la France est forte pour les élèves forts, et faible pour les élèves faibles". Revenant sur les performances françaises, elle a notamment souligné l'absence d'aspiration des filles à exercer une profession dans le domaine des technologies de l'information, le manque de valorisation de l'enseignement professionnel et la place encore importante accordée au redoublement.
Interrogée sur "les méthodes miracles qui placent Singapour et les pays d'Asie largement en tête de l'évaluation Pisa", elle a insisté sur "l'exigence et l'ambition de ces pays" : "C'est un effort de la société toute entière, des élèves qui, grâce à un enseignement proche du réel, prennent du plaisir à apprendre, des parents qui s'impliquent fortement, et des enseignants qui sentent leur rôle valorisé. Dans ces pays, le métier de professeur n'est pas un métier comme les autres et la formation des enseignants est privilégiée."
Un métier valorisé
Elle ajoute : "l'amélioration des performances de l'Estonie par exemple est essentiellement due à une politique intensive de formation des enseignants. De même au Canada, le métier d'enseignant a été très valorisé."
Pour la directrice de cabinet, "les réformes doivent être faites en continu sur un temps très long". Un avis largement partagé par Najat Vallaud-Belkacem : "La réforme des collèges 2016 pourra être évaluée en 2021 et celle de l'école en 2024. C'est pourquoi l'Ecole ne mérite pas les oppositions stériles et court-termistes qui voudraient nous ramener aux années de déclin."