Korczak a-t-il des solutions pour notre temps, pour l'éducation et la lutte contre l'exclusion ?
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 01 décembre 2016.
"Il ne s'agit évidemment pas d'appliquer telles que ses méthodes, mais sa façon de penser et d'agir." Wojciech Lasota, président de la Fondation Korczak à Varsovie est à Paris, après Londres et Berlin, pour porter la bonne parole de ce médecin, pédagogue, écrivain et journaliste, qui avait fondé un foyer, un orphelinat et un journal pour ceux qui étaient triplement exclus, comme enfants, pauvres et juifs. Il a refusé de fuir le ghetto et il est mort avec les enfants à Treblinka.
Avec le soutien d'Erasmus +, la Fondation a entrepris une forme de "pèlerinage laïc" sur les traces de Henryk Goldszmit (son vrai nom) dans les capitales européennes où il s'est rendu, au point d'utiliser un de ses textes pour suivre exactement le parcours qu'il a effectué, du centre de Londres jusqu'à Forest Hill. Mais il s'agit aussi pour Wojciech Lasota de convaincre, à l'aide de conférences (en anglais) et d'ateliers, de la pertinence de la pensée de Korczak sur "le droit de l'enfant à exprimer ses idées et à participer activement à l'évaluation de sa conduite et de ses punitions", lesquelles sont, le plus souvent, remplacées par le pardon. Car l'important est d'organiser la résolution des conflits, de l'inscrire dans une règle et une temporalité. Il considère que les Etats peuvent avoir de bonnes lois et que les individus peuvent être bien formés, mais que ce sont souvent les institutions qui sont mal pensées, le niveau intermédiaire qui fait défaut.
Seules 4 personnes assistaient, ce 1er décembre, à ce séminaire. Une participante se désolait d'ailleurs que le nom même de Korczak n'ait jamais été cité alors que nous fêtions le 20 novembre les droits de l'enfant dont il est à l'origine. Mais Colette Charlet, une militante venue d'Annecy, explique qu'elle va former un petit groupe de cinq lycéens pour qu'ils puissent intervenir auprès des enfants Roms... La pensée émancipatrice de celui qui avait inventé les causeries radiophoniques sur l'éducation est donc encore active, et elle ne s'applique pas qu'aux enfants, mais à tous les exclus, estime Wojciech Lasota.