Scolaire » Recherches et publications

Reproduction sociale à l’école : les contextes évaluatifs perturbent la performance des enfants de milieu populaire (thèse)

Paru dans Scolaire le mercredi 30 novembre 2016.

L’école amplifie-t-elle les écarts de performances liés à la classe sociale, en imposant des comparaisons défavorables aux élèves de classe populaire ? C’est la question explorée par Sébastien Goudeau, dans une thèse en psychologie sociale soutenue en septembre à l’université de Poitiers, diffusée ce 30 novembre par l’Ifé (Institut français de l’éducation).

Les situations scolaires mettent en scène les écarts de réussite entre élèves. Dans ce cadre, elles ignorent les différences de familiarité vis-à-vis de l’arbitraire culturel scolaire, "ce qui oblige les élèves à interpréter ces (dés)avantages comme le reflet de différences de capacités intellectuelles, interprétation qui peut interférer avec le fonctionnement cognitif des élèves désavantagés", souligne le chercheur.

Lever la main : un geste aux effets négatifs pour les enfants de classe populaire

Pour cette thèse, il a réalisé une série de quatre études menées auprès de 1340 élèves de CM2 et de 6e. À l’issue de la première enquête, il dresse ce constat étonnant : "Le simple fait de demander aux élèves de lever la main lors d'une tâche est suffisant pour perturber la performance des élèves de classe populaire."

Dans les trois études suivantes, Sébastien Goudeau a utilisé un code d’écriture arbitraire. Certains enfants apprenaient à l’utiliser de manière intensive, d’autres en revanche s’entraînaient plus superficiellement, mais aucun d’entre eux n’avait conscience de ces écarts. Résultat : les situations qui rendent visibles les différences de réussite entre élèves "perturbent la performance des élèves les moins familiers du nouvel arbitraire". Cependant, "lorsque les élèves sont informés de l’existence d’un (dés)avantage, être témoin de la réussite des autres n’altère plus leur performance" Les deux dernières études montrent, elles, que pour une tâche identique, "l’expérience de la difficulté altère la performance uniquement lorsque le contexte est évaluatif".

Une "violence symbolique"

Globalement, les contextes scolaires produiraient donc un impact négatif sur les enfants de milieu populaire. Sébastien Goudeau évoque une forme de "violence symbolique" au sujet des différents phénomènes psychologiques en jeu : sentiment de menace lié à l’appartenance à un groupe réputé incompétent ou à une comparaison défavorable, peur d’échouer, sentiment de décalage et de non-appartenance…

En conclusion, le chercheur estime que ce phénomène de violence symbolique n’est pas limité à l’école, mais qu’il s’étend également à d’autres domaines "tels que la justice, la santé ou encore au monde du travail".

La thèse de Sébastien Goudeau est consultable ici

Diane Galbaud

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →