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Les "pédagogies différentes" modifient-elles le rapport au savoir ? (ouvrage collectif)

Paru dans Scolaire le mardi 29 novembre 2016.

"Même dans un établissement expérimental, la vision verticale et descendante de la réflexion de l’enseignant s’impose aux yeux des élèves, au détriment des apports réflexifs de leurs pairs." C'est l'un des enseignements d'un ouvrage collectif issu d’un symposium organisé par l'AREF (Actualité de la recherche en éducation et formation) et consacré au "rapport aux savoirs dans les pédagogies différentes", c’est-à-dire mises en œuvre dans des classes de tous les niveaux et repérées comme "alternatives", "expérimentales" ou se réclamant des pédagogies dites "nouvelles". Marie-Anne Hugon (Paris-10 Nanterre) et de B. Robbe (Cergy-Pontoise), codirecteurs de l’ouvrage, rassurent le lecteur dans leur introduction : "il ne trouvera pas dans cet ouvrage d’écho des querelles traditionnelles entre 'républicains' et 'pédagogues'. Ces débats sont sans objet, car tous les pédagogues sollicités se soucient des contenus des savoirs et de leurs modalités d’acquisition par les élèves." En effet, "la pédagogie est dès l’origine centrée sur les élèves et les questions auxquelles elle doit répondre concernent les élèves dans leur rapport aux savoirs : comment apprennent-ils ? Comment construisent-ils ou reconstruisent-ils les savoirs pour leur propre compte ?"

L'ouvrage pose notamment la question de "la confrontation aux savoirs dans le cadre d’un processus de raccrochage scolaire". Pour ces élèves, "le retour à un écrit de type formel" est riche d’interrogations et de paradoxes : l’expérience en microlycée nous montre des jeunes qui "ne sont pas demandeurs de pédagogies alternatives". Le retour dans un cursus scolaire est vécu par eux comme un retour nécessaire à une forme de "normalité". C'est ainsi que jamais les élèves "ne mettent en avant les explications données par les camarades dans le cadre d’un travail de type coopératif" et les auteurs y voient un déni des apports de la coopération entre élèves. De plus, la place de l’enseignant paraît centrale: "c’est mieux si le prof explique", dit Cassandra.

Le paradoxe n’est qu’apparent : c’est aussi à la scolarité et à ses normes que ces raccrocheurs reviennent: il faut dire qu'avec le "retour à l’écrit de type formel", c’est la préparation au bac qui est en jeu, un baccalauréat qu’ils auront pour 90% d’entre eux. L'ouvrage fait aussi une part au "braconnage pédagogique" que décrit Ange Ansour qui évoque l'utilisation du numérique pour varier les formes d’interactions dans le cadre d'un projet commun entre enseignants, élèves et chercheurs sur une fourmilière et son milieu environnant.

Les contributions portent sur les diverses conceptions des apprentissages qui se lisent dans l’organisation de la structure ou de la classe, sur les outils pour les apprentissages disciplinaires, sur la nature des savoirs et sur les évolutions dans les postures des enseignants confrontés aux outils numériques. Elles ne posent pas en revanche la question de l’interdisciplinarité, mais l'ensemble constitue une ressource pour la formation au tutorat ou à la coopération.

"Le rapport aux savoirs dans les pédagogies différentes", sous la direction de M.A. Hugon et B. Robbe, collection Questions d’éducation et de formation. PUN (Editions universitaires de Lorraine), 15€

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